La D1 va reprendre ce vendredi, avec un match entre l'Olympique Lyonnais et le Stade de Reims en ouverture de cette première journée. La saison est donc prête à être lancée, après plusieurs semaines de préparation pour les différentes équipes. Avant de se plonger dans la nouvelle saison, focus sur quelques-uns des enjeux, de la saison, sur le terrain, mais aussi en tribunes avec le retour du public, après de longs mois à huis clos.

 

PSG : un nouveau rôle à assumer ?

En mai dernier, le Paris Saint-Germain s’adjugeait son premier titre de champion de France. La lutte avec l’Olympique Lyonnais avait pour la première fois basculé en faveur des Parisiennes, alors que Lyon avait remporté 14 titres d’affilée depuis 2007. Au cours de cette période, le PSG s’est longtemps contenté des places d’honneur. Avant son titre cette année, le club de la capitale avait terminé 10 fois sur le podium lors des 11 dernières saisons, dont 8 fois à la deuxième place derrière l’OL.

Si l’Olympique Lyonnais reste le club de référence en France et en Europe, le Paris Saint-Germain s’est désormais sorti de ce rôle d’éternel challenger qui lui collait à la peau. La fin de saison passée a pourtant été paradoxale, entre ce titre historique et une transition plus difficile au moment d’aborder le mercato estival.

Le titre n’a pas empêché les départs

Des cadres sur le départ (Paredes, Formiga, Endler…), avec certaines joueuses qui ont rejoint les rivales lyonnaises (Endler, Morroni, Bruun). Du changement dans l’effectif, mais aussi sur le banc avec Olivier Echouafni remplacé par Didier Ollé-Nicolle, qui va vivre sa première expérience dans le football féminin. Autre évolution dans l’encadrement, l’arrivée d’Ulrich Ramé au poste de directeur sportif, un poste laissé vacant depuis le départ de Bruno Cheyrou à l’été 2020.

Le Paris Saint-Germain va donc aborder cette nouvelle saison avec un visage différent, entre des départs mais aussi des arrivées notamment dans le secteur défensif. Sakina Karchaoui, Elisa De Almeida et Estelle Cascarino vont porter le maillot parisien, de même que Kheira Hamraoui au milieu de terrain, de retour à Paris, après ses passages à Lyon et au Barça. On peut ajouter celui d’Aminata Diallo, de retour de prêts aux États-Unis et en Espagne.

Le poste de gardienne est l’un des enjeux avec la difficile succession de Christiane Endler. Auréolée d’une médaille d’or olympique avec le Canada, Stephanie Labbé devrait lui succéder, avec également le renfort de la gardienne tchèque, Barbora Votíková dont l’arrivée semble aussi liée à la blessure de l’ex-Havraise Constance Picaud pendant la préparation.

Meilleure défense de D1 la saison passée (4 buts encaissés en 22 matches), les performances du PSG seront notamment scrutées sur cet aspect, alors que dans le domaine offensif, on retrouve le trio Baltimore-Diani-Katoto, particulièrement efficace (42 buts) la saison dernière en D1.

 

Les Lyonnaises en reconquête ?

La saison passée faisait figure d’année de disette pour l’Olympique Lyonnais, la première sans titre depuis 2006. Après avoir réalisé deux triplés consécutifs (D1-Coupe de France-Champions League), Lyon concluait la saison 2020/2021 sans trophée, stoppé par le PSG en D1 et en coupe d’Europe, alors que la Coupe de France n’a pu aller à son terme.

Jean-Michel Aulas, le président de l’OL, promettait un mercato spectaculaire, officialisant rapidement l’arrivée de plusieurs recrues dont trois joueuses du Paris Saint-Germain (Endler, Morroni, Bruun) et la virevoltante milieu de terrain néerlandaise Daniëlle van de Donk.

Les pièces maîtresses du puzzle lyonnais

Le recrutement lyonnais n’a pour le moment pas consisté à multiplier les arrivées, d’autant que l’effectif lyonnais pourrait se densifier au fil de la saison. D’abord avec le retour des blessées. Damaris Egurrola a réintégré le groupe de Sonia Bompastor en attendant de revoir sur les terrains Ada Hegerberg et Griedge Mbock, après une saison blanche pour les deux cadres de l’OL. Selon un communiqué du club, on pourrait revoir les deux joueuses dans les prochaines semaines, avec Griedge Mbock qui semblerait la plus proche de la reprise, alors que l'incertitude est encore de mise pour Ada Hegerberg.

Il faut également ajouter les retours potentiels de Dzsenifer Marozsan, Sarah Bouhaddi et Eugénie Le Sommer, actuellement en prêt aux États-Unis avec l’OL Reign. La saison américaine s’achève à l’automne (au plus tard le 20 novembre pour les équipes qui disputent les play-offs). Les trois joueuses pourraient donc être de retour pour la reprise de janvier, avec la possible arrivée de Lindsey Horan, elle aussi en provenance de NWSL.

Une montée en puissance possible au cours de la saison pour une équipe lyonnaise qui doit retrouver son potentiel offensif, après une saison 2020/2021 décevante dans ce domaine. « Seulement » 78 buts ont été inscrits en D1, soit la moins bonne moyenne de buts par match en championnat de ces 15 dernières saisons.

Le départ de Nikita Parris cet été, traduit en partie cette difficulté à trouver la bonne formule, notamment en l’absence d’Ada Hegerberg. Un potentiel offensif (et une moindre dépendance aux coups de pied arrêtés) qui pourrait à nouveau déterminer la capacité de l’Olympique Lyonnais à retrouver les sommets en D1, mais aussi sur la scène européenne.

 

Bordeaux encore plus haut ?

L’Europe, Bordeaux l’a découverte cet été en participant au premier tour de la Ligue des Championnes. Une première épreuve passée avec succès, en attendant de retrouver Wolfsburg début septembre pour la suite de la compétition.

Les Girondines sont ainsi récompensées de leur troisième place la saison passée, obtenue pour la deuxième année consécutive et désormais gratifiée d’un billet pour la Champions League. Si la progression se confirme pour Bordeaux, la saison écoulée a également acté l’écart qu’il restait à franchir pour se rapprocher de Lyon et du PSG dans la course au titre.

Quels adversaires directs pour les Girondines ?

Malgré un premier nul (0-0) face au PSG en début de saison, Bordeaux avait été ensuite rapidement décroché, et n’avait pas non plus été en mesure de jouer les arbitres dans le sprint final. L’isolement des Girondines « entre deux eaux », tient aussi à la dégringolade de Montpellier, qui a connu sa moins bonne saison depuis l’intégration de la section féminine au sein du MHSC en 2001. Parvenu à battre Bordeaux sur un match, le Paris FC est aussi resté à bonne distance au classement.

Bordeaux solide troisième, peut-il viser plus haut cette saison ? Les signaux sont, comme souvent, contradictoires alors que le club girondin a connu une intersaison agitée avec la vente du club, en raison du défaut du précédent actionnaire. Si le nouveau propriétaire, Gérard Lopez, a donné des garanties concernant la suite pour la section féminine, la situation reste à suivre au fil de la saison.

Bordeaux a enregistré également de nombreux changements avec notamment le départ de sa meilleure buteuse, l’attaquante jamaïcaine Khadija Shaw (22 buts la saison passée), partie vers Manchester City. Destination britannique également pour Pedro Martinez Losa, l’ancien entraîneur bordelais, désormais sélectionneur de l’Écosse.

Avec l’arrivée de Patrice Lair sur le banc, Bordeaux va aussi pouvoir compter sur un habitué de la D1, passé notamment par l’OL et le PSG, et avec probablement quelques idées sur la manière d’aller gêner ces équipes, d’abord sur un match, et pourquoi pas sur l’ensemble de la saison.

 

ASSE : Un retour durable dans l’élite pour les Vertes ?

Le retour de Saint-Étienne en D1 se faisait attendre. Descendues en 2017, après une deuxième partie de saison catastrophique, les Vertes sont depuis systématiquement passées proches de la remontée. C’est finalement sur le terrain administratif que l’ASSE a obtenu son retour, dans le contexte pandémique que connaît la planète depuis 18 mois.

Privées de D1 pour quelques centièmes de points la saison passée, les joueuses de Jérôme Bonnet ont obtenu leur montée sur décision de la FFF, alors que la D2 avait été stoppée depuis le mois d’octobre 2020. Invaincues en D2 depuis plus de deux ans, les Vertes retrouvent l’élite avec peu de repères. Lors de la réception de Bordeaux, samedi pour le compte de la première journée de D1, Saint-Étienne va disputer son premier match officiel depuis dix mois.

Un derby en début de programme

Malgré un effectif construit ces dernières années pour remonter en D1 (et quelques renforts cet été), le début de saison va constituer une épreuve du feu pour les Vertes, avec notamment un derby face à l’OL qui se profile dès le 4 septembre, lors de la deuxième journée. Éviter un retour par la case D2, c’est aussi l’objectif du GPSO 92 Issy, qui a été préservé de la descente au printemps dernier, une seule équipe (au lieu de deux théoriquement) ayant été reléguée en fin de saison.

Un sursis favorable aux joueuses des Hauts-de-Seine, qui risquent de compter parmi les équipes à la lutte pour le maintien. Ce sera également le cas de Soyaux, les deux clubs ayant en commun d’être suivi de près par la DNCG, avec un encadrement de leur masse salariale par les instances de contrôle du foot français.

Passée proche de la relégation administrative, l’ASJ Soyaux est l’équipe qui a connu le plus grand nombre de changements à l’intersaison, avec plus d’une dizaine de départs, comme d’arrivées, même si les cadres (Romane Munich, Siga Tandia ou Laura Bourgouin) restent bien présentes au sein de l’effectif charentais. Fier de sa longévité au plus haut niveau (avec seulement deux saisons en deuxième division depuis la création de la D1 en 2000), Soyaux devra à nouveau batailler pour préserver sa place dans l’élite.

 

COVID-19 : Retour à la normale dès cette saison ?

L’actualité de la D1 se joue sur les terrains, mais également en tribunes. La pandémie de COVID-19 a notamment eu comme conséquence l’imposition du huis clos dans les stades, qui rouvrent désormais leurs tribunes avec masques et passes sanitaires. Un retour qui reste pour le moment conditionnel.

La question de l’affluence est l’un des enjeux pour la D1, mais aussi chez nos voisins, avec notamment la FA WSL anglaise qui semble avoir pris un temps d’avance ces dernières années. Pour poursuivre le développement de la D1, favoriser le retour du public fait évidemment figure d’enjeu immédiat. C’est aussi le cas de la reprise des pratiques au-delà de la D1, qui peut jouer son rôle de « vitrine », à la condition que les pratiquantes aient véritablement un accès régulier aux terrains, quelles que soient les adaptations nécessaires pour faire face à un contexte sanitaire toujours dégradé.

Ce risque d’une D1 « hors-sol » avait notamment été illustré suite à l’impossibilité de reprendre le championnat en D2 (et dans les divisions inférieures), alors que l’Espagne, l’Angleterre ou l’Italie était parvenue à maintenir les compétitions, tandis que l’Allemagne ou la Suisse avaient repris au printemps.

Alors que la Coupe du Monde 2019 semble déjà loin, la force de la D1 peut résider à la fois dans les performances des équipes sur le terrain, mais aussi dans sa capacité à rester visible et accessible pour le plus grand nombre et notamment les personnes curieuses ou intéressées par le football féminin. Un enjeu à prendre en compte par l’ensemble des actrices et acteurs, particulièrement dans cette période prolongée de crise sanitaire.

 

Photo : Alexandre Jeannin / PSG (Melissa Herrera [Girondines de Bordeaux] et Sakina Karchaoui [Paris Saint-Germain], lors du match amical entre les deux équipes le 30 juillet dernier)

Hichem Djemai