Coup d'arrêt pour les Bleues avec cette petite désillusion face à l'Allemagne en match de préparation, perdu sur la plus petite marge (0-1) ce jeudi à Laval. Une défaite, qui doit servir de leçon selon la coach de l'équipe de France, Corinne Diacre.

 

Vous attendiez à voir votre équipe dans la difficulté. Qu'avez-vous pensé de la "réaction" de votre équipe lorsqu'elle a pris ce but ?

La réaction elle a eu lieu surtout en seconde mi-temps. Il nous a manqué beaucoup trop de choses ce soir, pour être au niveau international, j'avais pas mal de joueuses en-dessous de leur niveau. Maintenant oui c'est bien, c'est bien, on a été [mis] en difficulté, on a quand même essayé fait des efforts en deuxième période, pour essayer de revenir au score, ce qui n'a pas fonctionné ce soir. Mais c'est bien, ça va nous faire redescendre sur terre et puis ça casse cette série de bons résultats, donc c'est bien. C'est le bon moment, ça va maintenir tout le monde en éveille. On ne peut pas se satisfaire de cette défaite bien évidemment, je ne suis pas satisfaite mais en même temps, je ne pense pas qu'on est été battu par beaucoup beaucoup plus fort ce soir, donc je ne suis vraiment pas inquiète, il y a beaucoup de choses positives. On était en-dessous de notre valeur ce soir, on est passé à côté, et c'est comme ça.

 

Comment vous expliquez le fait d'être passé à côté dans ce match, surtout en début de rencontre ?

Oui, je ne sais pas, est-ce qu'on s'est mis la pression, est-ce qu'on redoutait "cette faible équipe d'Allemagne", c'est vous je crois (elle parle du journaliste qui a posé la question) qui m'avait dit que cette équipe était en phase descendante (sourire). Donc c'est bien, ça vous montre que l'Allemagne, ça reste l'Allemagne (sourire), je n'avais pas tort. Après nous concernant, je ne sais pas, il faudra qu'on analyse les choses. On est toutes passées à côté, même si certaines ont sorti un petit peu plus leur épingle du jeu, mais on n'était pas un collectif ce soir, à partir de là, on ne pouvait pas le gagner.

 

Sur la prestation de l'équipe

Oui ce soir tout était difficile, mais bon c'est comme ça, vous savez qu'on vous démarrez mal, ça s’enchaîne mal et on avait pas les contres parce qu'il nous manquait toujours un petit temps [d'avance], on était toujours un petit peu en retard dans les duels. On a essayé de redresser la barre, quand même, on a fait légèrement meilleure figure en deuxième période, mais ça n'a pas suffit ce soir. Mais je vous dis, pour moi il n'y a rien d'alarmant, mais c'est bien, c'est une très bonne piqûre de rappel.

 

Comment vous expliquez qu'à trois mois de la Coupe du Monde, les Bleues n'aient pas répondu collectivement justement face à une nation forte ?

Oui je pense que [c'est] la pression, le J-100, tous ces journalistes, depuis quelque temps, il faut [gérer ça aussi]... Ça se gère, ça se gère, et peut être qu'on ne l'a pas géré de la bonne manière, donc il faut que ça nous serve de leçon. Vous savez on est à trois mois, on a encore du temps, je vous le dis il n'y a rien d'alarmant. On n'a pas été dans le jeu, vraiment décontenancé par cette équipe d'Allemagne. Si on avait joué à notre niveau, en ayant perdu ce soir, j'aurai peut être quelques raisons de m'inquiéter.

 

Offensivement ce n'est pas trop ça ce soir. Est-ce que certaines joueuses ont perdu des points ?

Non, non, aujourd'hui on ne peut plus parler de perdre des points pour perdre des points. Je travaille avec un groupe depuis quelque temps, aujourd'hui l'idée c'est plutôt créer des automatismes, mais le niveau internationale requiert d'autres choses, d'autres ingrédients, une autre motivation donc effectivement ce soir sur le plan offensif, au moment où on marque pas de buts, on a été défaillants dans ce domaine.

 

Il y a eu pas mal de permutation offensive devant en première période notamment. C'est une consigne que vous avez donné à vos joueuses, ou c'est les joueuses qui ont pris cette initiative ? Katoto, Diani, Cascarino.

Non Cascarino s'est retrouvée une fois sur le côté gauche, mais c'était suite à une stratégie je crois, sur coups de pieds arrêtés. Après Diani et Katoto effectivement, un peu trop à mon gout [interverti], d'ailleurs j'ai redemandé à la pause à ce que Katoto reste plus en pointe. Mais ce sont des automatismes à avoir tout simplement, elles ont essayé de fonctionner comme elles fonctionnent en club, mais ce n'est pas ce que je leur demande effectivement.

 

Du temps de jeu à d'autres joueuses face à l'Uruguay ?

Ecoutez pour le moment j'ai encore la tête à l'Allemagne, j'ai quelques images à analyser. Je vais aussi faire le point sur l'aspect physique, avec les joueuses et le staff médical. On va voir s'il y a des petits bobos ou pas et puis on va voir comment on récupère et on digère de cette défaite, donc pour le moment c'est un petit peu tôt pour parler de l'Uruguay.

 

Un match assez engagé, vous avez trouvé vos joueuses présentes sur ce plan-là ?

Absolument pas, non, il nous a manqué cela justement ce soir. On n'était pas dans l'impact, on était pas dans le duel, on était un temps en retard sur tout donc fasse à l'Allemagne, ça ne pardonne pas.

 

En deuxième mi-temps c'était mieux, vous avez eu des mots justement, vous avez essayé de les bouger ?

Non on ne va pas crier à chaque fois. Il faut plutôt donner des solutions, donc c'est ce que j'ai fait. On a modifié notre organisation défensive lorsque l'Allemagne repartait de derrière, parce qu'on a pas su s'adapter en première période à cela. On était mieux, on a récupéré beaucoup plus de ballons, en tout cas dans le camp adverse. Après il nous a manqué la finition bien évidemment, le dernier geste et puis encore cette qualité technique qui nous a vraiment fait défaut ce soir.

 

La pression ou l’excès de confiance ?

Non ce n'est pas un excès de confiance, parce qu'on leur martèle tous les jours quasiment, donc très sincèrement, on les avait prévenu. Maintenant vous savez on a beau prévenir, en l'état ça ne suffit pas, donc... Mais faut que ça nous sert de leçon tout simplement. Ce soir, on ne pourra pas nous taxer d'être championnes du monde des matches amicaux, et c'est très très bien (léger sourire) comme ça, ça va s'arrêter-ça, donc c'est top. Et puis nous ça va nous permettre de continuer à travailler, parce que tout n'et pas à jeter non plus ce soir.

 

On a l'impression que les Bleues n'ont pas su mettre en place ce que vous leur demandez de faire depuis des mois [sur ce match en particulier, à l'inverse des derniers matches], qu'elles étaient assez dispersées face à une Allemagne regroupée. Est-ce que c'est ce qui explique ce résultat ce soir ?

Non je pense surtout qu'on a manqué d'impact, on les a laissé s'installer - en tout cas le premier quart d'heure - elles ont pris l'ascendant psychologique, l'ascendant physique. A partir de là, on était en retard, donc on l'a été tout le match.

 

 
Dounia MESLI