Stage à Montpellier puis match samedi à Marseille, il n’y aura pas de problème de repères pour l’attaquante française, Viviane Asseyi. Même si ce sera pour elle comme toutes ces coéquipières de l'équipe de France, une grande première sur la pelouse du stade Vélodrome. La joueuse de 24 ans évoque pour Coeurs de Foot de sa personnalité toujours enjouée, de son parcours avec les Bleues et surtout de sa passion (depuis toujours) pour l’OM. 

 

Coeurs de Foot – Tu as joué ici [à Montpellier] ce week-end avec l’OM (défaite 3-2). Quel est l’état d’esprit pour ce début d’année après une première partie de saison en club ? On peut dire que c'est compliquée pour vous ?

Viviane Asseyi – Dans un bon état d’esprit, on avait enchaîné [deux victoires]. Avant la trêve on avait gagné [face au] Paris FC, après la trêve on a gagné en Coupe de France. Après on savait que Montpellier, ça allait être difficile. Mais on y allait avec l’idée de ne pas être ridicules.

Oui c’était Montpellier, mais on est dans une situation où quelque soit l’équipe du championnat, que ce soit Montpellier ou une autre, on doit réagir et faire quelque chose. 

C’est vrai, on a eu un début de saison très compliqué même. Après, mentalement on est là, on ne va rien lâcher. Il reste encore quelques matches, même si ça va passer vite et [il] va falloir se relever, dès le week-end prochain. 

 

« Ce serait choquant si on n’était pas énervées »

 

CDF – Ça t’énerve vraiment de perdre ?

V. A – Bah oui, c’est toujours énervant de perdre. On est frustrées. Au contraire, ce serait choquant si on n’était pas énervées. 

 

CDF – Dans une interview pour la Provence, Christophe Parra (coach de l’OM) disait de toi : « elle a clairement le rôle de boute-en-train ». Tu aimes apporter la bonne humeur dans l’équipe ?

V. A – Oui c’est vrai ! (grand sourire). C’est vrai que je suis comme ça, après je suis moi-même, je suis naturelle. J’aime bien qu’il y ait la bonne humeur et j’aime bien travailler dans cette ambiance. 

 

CDF – C’est important de relativiser et toujours garder cet état d'esprit ?

V. A – Oui parce que, quand on est à fond dans le foot, on en oublie qu’il y a pleins d’autres choses qui se passent en dehors... Nous, on a de la chance de jouer au foot, de se lever le matin pour jouer au foot, alors qu’à côté, il y en a qui sont à l’hôpital, ou autre. C’est pour ça que je garde ma bonne humeur, car je sais tout ce qu’il se passe à côté et la chance qu’on a. Je profite. 

 

CDF – Et en équipe de France, c’est un autre contexte, mais tu restes pareille ? Toujours à répandre ta bonne humeur autour de tes coéquipières ? 

V. A – Demandez-leur (rires). Non, je suis pareille, je suis naturelle. Mais il y en a beaucoup qui sont comme ça aussi ici, et qu’ils ne le disent pas, il y en a beaucoup (sourire).

 

« Ça te fait te remettre en question deux fois plus »

 

CDF – Pourtant, dès lors que tu rentres sur le terrain, tu es une vraie guerrière…

V. A – Oui, après ça aussi, il faut savoir faire la part des choses. C’est bien d’être "boute-en-train", c’est bien d’être toujours joyeuse, mais le terrain c’est le terrain. Faut être concentrée et se donner à fond. Faut rigoler un peu, mais pas trop ! 

 

CDF – Avant l’arrivée de Corinne Diacre à la tête des Bleues, ton parcours en équipe de France a été un peu en dents de scies. Tu faisais quelques apparitions par-ci par-là. Comment tu as vécu ces moments de navette entre la A et la B ?

V. A – Je pense que ça m’a fait du bien, pour maintenant. Parce que, être un coup en A, en B, ne pas être appelée, ça forge le mental. Ça te fait te remettre en question deux fois plus. Je me disais « peut être qu’il me manque ça, peut être qu’il me manque ci… », donc tu travailles deux fois plus que d’habitude. 

 

« Rentrer, marquer et donner la victoire à ton équipe,
c’est magique. »

 

Je pense que là, être appelée [à chaque fois] depuis septembre, ça a été une bonne récompense de tous les efforts que j’ai fourni, surtout depuis l’année dernière. Après, c’est bien de les avoir fait les efforts, mais il faut continuer à les faire. Pour continuer d’être appelée au fur et à mesure. 

 

CDF - Maintenant tu sembles bien installée dans ce groupe…

V. A – Il n’y a aucune place qui est acquise, il faut toujours travailler et ne pas se relâcher. 

 

CDF – Tu marques aussi des buts depuis ton retour en A. Notamment celui contre l'Angleterre. Ça a dû te faire du bien ?

V. A – C’était magnifique (grand sourire). Non, franchement c’est un bonne sensation. Rentrer, il y a 0-0, le match est compliqué. Rentrer, marquer et donner la victoire à ton équipe, c’est magique. 

Sur le coup c’est énorme, t’as tout le public qui criait « ouaaaaaais » (elle mime les supporters en joie). Moi je suis habituée à être chez moi, derrière ma play [console de jeux], à crier toute seule. Là c’est moi qui marque et c’est tout le public qui se lève, qui crie, mes coéquipières aussi. C’est énorme ! 

 

CDF – Tu approches de la vingtaine de sélections, mais on dirait que la prochaine étape pour toi c’est de pouvoir participer enfin à une grande compétition avec les A…

V. A – Oui, de toute façon je pense que c’est l’objectif à plein de monde. Faire une Coupe du Monde en France c’est énorme. Ça reste un objectif mais je sais que j’ai encore beaucoup beaucoup à travailler pour y être. 

 

« Il ne faut pas se contenter de ce qu’on a fait la veille,
parce qu’il y a toujours le lendemain » 

 

CDF – Est-ce que ça explique ton calme après les matches quand on te parle de tes performances, de tes buts en Bleues, parce que finalement tu es déjà passée par là, et qu'il faut donc éviter de s’enflammer ?

V. A – Oui après ça de toute façon c’est mon éducation. Ma mère m’a toujours éduquée comme ça. C’est bien beau d’avoir fait un truc, mais il faut confirmer à chaque fois, jusqu’à la fin de ta carrière. Il ne faut pas se contenter de ce qu’on a fait la veille, parce qu’il y a toujours le lendemain et pleins d’autres jours derrière. Donc on profite sur le coup, mais après on se remet au travail. Faut profiter sur le coup, après derrière, la vie elle repart.

 

CDF – En équipe de France vous restez sur deux matches sans buts marqués. Est-ce quelque chose qui va être davantage travaillé à l’entraînement cette semaine, en vue du match contre l’Italie ?

V. A – Il faut demander à la coach (sourire). Mais oui je pense que de nous-même, nous toutes, on se doit d’être plus efficaces. N’importe qui, tout le monde, parce que tout le monde peut arriver devant le but [en position de tir]. Après oui, on manque d’efficacité devant le but.

 

« Honnêtement le groupe n’a pas si changé que ça. »

 

CDF – Comment tu l’expliques ce manque d’efficacité justement ?

V. A – L’expliquer je ne sais pas. Surtout avec toutes les passeuses de cette équipe et les buteuses. Normalement on devrait mettre pleins de buts. Après je pense que ça va venir. 

 

CDF – C’est le turnover aussi qui peut expliquer un manque de repères et une plus grande difficulté de transformer vos actions ?

V. A – Oui, peut être, mais après honnêtement le groupe n’a pas si changé que ça. Quand on prend toutes les listes, il y a toujours un même groupe qui était là depuis des années. Les automatismes certes avec les « nouvelles joueuses » (elle mime les guillemets), faut les trouver. Mais ne vous inquiétez pas, il y aura des buts ! (sourire). 

 

CDF – Pour parler de toi, en attaque, tu peux évoluer en pointe ou sur un côté. Qu’est-ce qui te plaît dans ces deux rôles sur le terrain ? 

V. A – Le fait d’aller vers l’avant. De prendre le ballon et d’aller vers l’avant. Provoquer, dribbler, centrer, tirer… C’est ça qui me plait vraiment. Tout ce qui est offensif. 

 

CDF Avec Marseille tu as progressé dans la finition ?

V. A – Oui c’est vrai. Il fallait que j’évolue beaucoup sur ça [la finition]. Parce qu’au final, on me reprochait de beaucoup centrer, mais de ne jamais prendre ma chance. Je pense qu’en ce moment je tente plus ma chance. Peut être que c’est pour ça que je marque plus. Mais oui, un rôle offensif j’aime bien. 

 

CDF – Tu as une pointe de vitesse qui te rend redoutable dans le couloir, mais on sent aussi, par rapport à d’autres joueuses « de couloir » que tu n’hésites pas à aller dans la surface, apporter le surnombre, et bien sûr vouloir marquer.

V. A – Je pense que je ne l’utilises pas autant que je doit l’utiliser. Il faut que je fasse aussi des efforts sur ça. Je sais que je suis rapide, mais je pourrais l’utiliser davantage. 

 

CDF – Pour revenir à l’actualité, la rencontre de samedi, face à l’Italie, aura lieu à Marseille… 

V. A – A la maison ! (rire).

 

CDF – D’ailleurs, tu es née en 1993, l’année où Marseille a remporté la Ligue des Champions…

V. A – Ah oui oui, à jamais les premiers ! 

 

CDF – Est-ce que tu es devenue une Marseillaise de coeur avant même de jouer à l’OM ?

V. A – Je supporte l’OM depuis que je suis petite. Du coup quand on m’a appelée et que j’ai su que je pouvais aller jouer à Marseille, dans ma tête ça a fait tilt. Je me suis dit, c’est un rêve. Depuis que je suis petite je supporte le club tout le temps à la télé, là je porte le maillot. Voilà, je suis vraiment très contente d’être là-bas. 

 

CDF – Là vous allez jouer dans l’immense Stade Vélodrome, ça t’évoques quoi ?

V. A – C’est un rêve. On n’aura pas souvent l’opportunité d’aller là-bas, surtout nous, dans le club je sais qu’on a pas forcément l’opportunité de jouer dans ce stade. Donc y être, sachant que je joue à Marseille, et que là je porte le maillot de l’équipe de France. C’est un rêve. Vraiment. 

 

« Si c’était moi tout le championnat se jouerait au Vélodrome »

 

Rien que de savoir que je suis dans la liste pour samedi, je suis trop contente. En plus, il y aura ma mère, des amis proches, il y aura tout le monde, c’est un vrai événement.

 

CDF – Est-ce que tu as un souvenir particulier, toi qui supporte l’OM comme tu l’as dit, du Vélodrome ? 

V. A – De ce stade ? J'en ai un, mais c'est un mauvais souvenir (sourire). Quand le PSG est venu [pour le Clasico] et a gagné [2-1]… C’était la première fois que j’allais au Vélodrome. Il y avait Zlatan [Ibrahimovic] encore, je crois que c’était sa dernière année. C’était la première fois que je venais, j’étais trop contente. Et là, je vois qu’ils perdent.. Je me disais « naaaaaan » c’est pas possible. 

 

CDF – Tu aimerais y jouer avec l’OM, pour une affiche de D1 ? Est-ce que c’est quelque chose qui est envisagée par le club ?

V. A – Bah bien sûr. N’importe quel match, D1 etc.. [Je prends] tout. Non, mais ça serait beau aussi [d’y jouer] avec Marseille, mon équipe de tous les jours, ce serait vraiment beau. Parce que pour mes coéquipières, je sais que la majorité, c’est leur rêve aussi. Donc oui, ça serait vraiment énorme.

Après c’est compliqué. Il y a plein de contraintes au niveau administratif aussi. C’est compliqué, mais je pense que s’ils peuvent, si un jour c’est possible, ils le feront. Comme tu dis, ce serait bien de jouer avant les garçons où un truc comme ça.

 

CDF – Bordeaux l’a fait cette saison..

V. A – C’est vrai. Mais après ça, c’est pas moi qui gère. Si c’était moi, tout le championnat se jouerait au Vélodrome (rires). 

 

CDF – Pour revenir à la rencontre qui arrive, votre adversaire plus précisément. Est-ce que tu connais certaines joueuses italiennes ? Sara Gama par exemple (l'ex-Parisienne est forfait pour ce match) ?

V. A – C’est celle qui a joué au PSG ? Oui, bah honnêtement je sais qu'elle a joué au PSG, mais après pas plus que ça. Je vois plus ce qu’il se passe dans l’actualité, la Fiorentina, la Juventus... Les résultats d’équipe, ce qu’il se passe dans le championnat, mais je connais pas tant les joueuses.

Pour dire la vérité, je regarde plus le foot masculin, je suis à fond dedans. Le foot féminin, je ne connais pas trop trop. Surtout au niveau de l’Italie, les autres championnats je connais un peu plus. 

 

CDF – L’italie a battu la Suède [3-2] à l’Euro quand même. 

V. A – C’est vrai ! Mais on ne s’attend pas à une partie facile. Loin de là. Les écarts entre les équipes se resserrent, ça évolue. Tous les matches sont compliqués. Mais ne vous inquiétez pas, on est là !

. La rédaction