L'année dernière l'équipe de France U19 a été sacrée sur le toit de l'Europe. Les Bleuettes ont repris leur saison dans leur club respectif quelques semaines après cela, le temps des vacances. Chacune a vécu cette expérience de la D1 différemment. Tout du long de la saison, on les a suivi et au bout de cet exercice, les Bleuettes ont tiré le bilan de leur année dans l'élite et on a voulu avoir leur ressenti. Entretien avec Héloise Mansuy, Anna Clérac et Cathy Couturier.

 

Héloise Mansuy, capitaine du FC Metz face à l'ESAP Metz (3-1) en Coupe de Lorraine, le 5 juin 2017.

 

Héloise Mansuy​ (FC Metz)

Ça a été une saison compliquée parce que collectivement déjà on a eu du mal à se mettre dans le championnat de D1. On a eu que des défaites et deux nuls contre Soyaux et Guingamp [en première partie de saison] donc c'était dur. J'ai joué tous les matchs il me semble, ensuite je suis partie à la Coupe du Monde. Ça m'a fait du bien parce que c'était une super belle expérience et je pense que grâce à ça, j'ai progressé et j'ai gagné en maturité. 

Après la Coupe du Monde, quand je suis revenue [à Metz] j'ai eu quelques blessures parce que j'étais déjà blessée en Papouasie, aux adducteurs. J'ai enchaîné une blessure au genou et de nouveau à l'adducteur, donc c'était un peu difficile. Juste après ça on a commencé à gagner des matchs, Rodez, Bordeaux, Saint-Etienne donc ça faisait du bien et pour moi ça allait mieux aussi. Je sentais que je progressais.

On a conclu [la saison de D1] contre Lyon, on a perdu 3-0, on a fait un bon match défensivement et tactiquement. On devait enchaîner avec la finale de la Coupe de Lorraine (lundi 5 juin) pour finir sur une bonne note (victoire 3-1 contre l'ESAP de Metz)...

Ça vous a fait du bien tout de même de terminer sur cette bonne note, de ton côté particulièrement ?
On m'a donné le brassard à la fin pour soulever la Coupe, parce que je n'avais jamais gagné la Coupe de Lorraine (souvent je la perdais en finale) et je soûlais tout le monde avec ça. Il fallait absolument que je la gagne cette année (rires).
Maintenant, oui ça fait du bien de terminer sur une bonne note ! Ça fait du bien mentalement surtout. 

Sur quel aspect tu penses avoir appris ou progressé ? 
Je pense avoir progressé sur le plan physique, je m'impose plus dans les duels, je me sens plus puissante.

Quel match ou quel moment en particulier tu vas retenir de cette saison ?
Le match que je retiens c'est notre première victoire en championnat contre Bordeaux. Ca a ete un déclic pour nous pour la suite du championnat, malgré le dénouement final.

Sinon ma saison individuellement, y'a eu des hauts et des bas mais dans l'ensemble ça a été je pense.

 

 

Anna Clerac (ASJ Soyaux)

En début de saison, j'étais bien et c'est quand je suis revenue de la Coupe du Monde, que ça a été un peu compliqué. Ca m'a un peu perturbé dans mon jeu et dans ma confiance surtout. J'ai pas réussi à me remettre dedans et toute la saison j'ai un peu galéré. C'est le fait de ne pas avoir joué qui a été décevant. J'ai dû faire trois matchs bien après la Papouasie. En Coupe de France contre Nantes, le match retour contre le PSG et celui contre Albi, qui a clôturé notre saison (elle a marqué un but pour la victoire 3-1).

Je sais que je suis capable de beaucoup mieux à chaque fois et quand j'y arrive pas, je me bloque dans mes matchs. Alors que la semaine mes entraînements sont corrects et je me sens bien. Je suis très exigeante avec moi-même, mais à l'entraînement on travaille pas vraiment nos points faibles à chacune, donc c'est difficile d'améliorer son jeu individuellement.

J'ai remarqué de mon côté qu'au fil de la saison, tu été plus en mouvement dans ton jeu. Est-ce que tu l'a ressenti aussi de ton côté ?

Oui contre Paris, j'étais plus en mouvement, mais c'est vrai que tous les autres matchs, j'étais plus "statique" comme face à Juvisy en début de saison. Je suis milieu gauche, mais j'aime mieux jouer milieu axe, en 10. A Soyaux je joue à gauche parce que je suis la seule gauchère de l'équipe (rires).

Tu termines ta saison sur deux bonnes notes de ton côté, avec la victoire et un but, le troisième de ta saison ?
Oui en plus j'ai marqué du pied droit, donc c'est un peu un exploit. Je me suis sentie bien et j'ai joué à mon poste de prédilection, numéro 10. J'aime bien être 10, parce que je suis en mouvement, et j'aime bien distribuer le jeu à mes coéquipières.

Pour la saison prochaine ça va te booster dans ton état d'esprit ?
Oui je pense que ça m'a fait du bien et les vacances vont me faire du bien aussi, pour être prête pour la saison prochaine j'espère.

Je pense que quand on est passionnée, le mental il est toujours là. Moi je sais que même si j'ai eu des moments un peu plus durs, si j'ai tenu c'est grâce au mental, parce que sinon j'aurai complètement lâché. Mentalement je sais que je tiendrais toujours, sauf si je n'aime plus le foot.

 

 

Cathy Couturier (Rodez AF)

C'est toujours difficile de quitter le club où on a été formée et là où on a grandi, à Paris, mais je me suis super bien adaptée [à Rodez]. L'équipe a été au top. Avant la Coupe du Monde en Papouasie, j'arrivais à faire quelques entrées [avec le RAF] malgré mon arrivée tardive en septembre. Quand on loupe une préparation c'est pas toujours facile de s'imposer (titulaire). Mais, c'est vrai qu'en revenant de la Coupe du Monde, j'ai eu la chance d’être alignée, et de faire un bon match (Bordeaux 0 – 2 Rodez). J'ai joué les 90 minutes dans l'axe. Depuis, entre guillemets, "j'ai fait mes matchs". J'ai joué match après match, 90 minutes, et je trouve que je m'en sors bien pour une première année en D1. Je suis contente de mes dernières prestations. Surtout en fin d'année, parce qu'on a eu des gros clubs, des gros déplacements, ça a engendré beaucoup de fatigue. Voilà, c'est le foot et je suis super contente de cette saison passée à Rodez.

Certaines U19, nous ont dit que ça les avaient cassé la Coupe du Monde dans leur dynamisme au sein de leur club, mais toi on a l'impression que ça a été l'inverse, même si tu n'as joué aucun match en Papouasie (entrée à la 92e face à la Nouvelle-Zélande) ?

Oui c'est vrai. Après ça dépend comment on a été préparée, combien de temps on a eu de repos, comment on a repris, le temps de jeu... Y'a beaucoup de facteurs, et si on s'est bien reposée aussi. Parce qu'une semaine après, dix jours après, y'a eu les vacances de noël et la trêve hivernale quand même. Il restait un seul match avant notre retour en France, donc normalement tous les club ont coupé, en principe. Moi j'ai pu bien me reposer, continuer à m'entretenir physiquement toute seule. Après je suis repartie sur le terrain (sourire).

J'ai l'impression que de ton côté tu as appris mentalement aussi ?

Oui franchement, parce que quitter ses parents, sa famille, ses amis, s'en refaire d'autres, s'intégrer, devenir beaucoup plus autonome, même si je l'étais déjà. Là, il faut quand même gérer les papiers et tout ce qu'une grande personne fait quand elle quitte le domicile...

Au final, tout ce qui se passe en dehors du terrain, "ça te grandit" pour le foot, et par rapport aux études de mon côté aussi.

Avec le recul, tu as bien fait de relever ce challenge ? Tu comptes retourner à Paris si l'occasion se présente ?

Disons que c'est un choix que j'ai fait, et au final je ne regrette pas. Ca m'a apporté du plus [dans ma carrière], donc je suis plutôt contente. Oui j'espère, pourquoi pas un jour, bien sûr. Après, je pense qu'il me faut encore de l'expérience, continuer à jouer et j'espère de tout coeur un jour jouer pour cette équipe à nouveau.

Tu m'as aussi révélé que tu as joué avec l'équipe Universitaire le 7 juin dernier, c'était une bonne satisfaction pour toi d'être appelée ?

Être prise en équipe de France, que ça soit en U19, en U20 et là en Universitaire, porter le coq français c'est une chance !!! Donc, j'ai tout de suite répondu présente pour cette convocation. Oui franchement, le circuit continue et c'est toujours une chance et j'adore partir en équipe de France.

 

Photo : Ligue de Lorraine, Maelle Fonteneau et Mica GB M & UEFA

Dounia MESLI