Au centre d’entraînement du PSG, à Bougival, Patrice Lair a répondu aux questions des journalistes concernant la coupe de France, le championnat mais aussi son point de vue sur les jeunes joueuses françaises et surtout ses attentes sur le mercato de janvier.

 

Journaliste - Un petit retour sur le match de Lille, le week-end dernier en 1/32e de finale de coupe de France.

Qualifié ! 

 

Journaliste - Oui, c’était le principal ?

Non non, j’étais déçu de notre première mi-temps. On n’a pas attaqué le match comme il fallait et cette équipe nous a bien bousculé. Elle a fait un match de coupe. Nous, il a fallu attendre la mi-temps pour faire quelques réglages et trouver l’ouverture. Elles [les Lilloises] ont eu des possibilités, et ont vraiment fait un bon match, en jouant offensif. Elles sont venues avec beaucoup d’intentions dans le jeu en jouant en 4-4-2. C’était pas mal. Après on a réussi à s’en sortir mais il va falloir être un peu plus costaud ce week-end si on ne veut pas connaître une désillusion en championnat.

 

Journaliste - Et Emma Berglund, sortie sur blessure, a priori c’est les croisés ?
Oui oui c’est les croisés. 2018 ne démarre pas très bien. Après je ne me plains jamais de mon effectif. On avance dans le recrutement et j’espère avoir de bonnes nouvelles dans les prochains jours. 

 

Journaliste - Justement côté recrutement, vous en êtes où ?
Là-dessus, c’est Bruno [Cheyrou] qui voit. Moi j’attends les joueuses. Je lui ai demandé des joueuses avec des profils bien particulier, maintenant j’espère que ça va arriver pour étoffer un petit peu l’effectif parce qu’actuellement, c’est vrai que je veux m’appuyer sur les joueuses du centre de formation, mais je veux aussi des joueuses pour apporter un petit plus. Puis surtout continuer sur nos objectifs qui sont d’aller le plus loin possible en Coupe de France et de finir second en championnat. 

 

Journaliste - Vous aimeriez combien de joueuses et à quels postes ?

Pour moi l’idéal ça serait deux joueuses. J’aimerais bien dans le compartiment offensif. Avoir de la percussion, de l’efficacité devant. Défensivement, non, j’ai Erika, j’ai Grace [Geyoro], j’ai la petite [Léa] Kergal aussi qui travaille très très bien, j’ai même hésité à la mettre le week-end dernier, donc non côté défensif je ne m’inquiète pas. Défensivement c’est toujours assez facile, mais c’est surtout de marquer des buts qu’il nous faut. 

 

Journaliste - Et la blessure d’Emma ne vous a pas fait changer d’avis ?

Par rapport au départ de Laura Georges ? Non, Laura Georges n’était plus dans mes plans. C’est toujours gênant de perdre une bonne joueuse comme ça, car c’était une bonne joueuse, en plus au niveau de l’état d’esprit, elle était super agréable. C’est dommage, Erika a vécu la même chose la saison dernière, c'est comme ça. Puis maintenant il faut penser à l’avenir, et d’un autre côté, ça peut être une opportunité intéressante pour des jeunes. 

 

Coeurs de Foot - On voit que Lyon fait monter les enchères, avec Morgan Brian par exemple ou Amandine Henry que vous aussi vous espériez. Est-ce que Paris ne doit pas suivre la même course ?

J’ai des dirigeants au-dessus de moi. C’est eux qui peuvent ouvrir les robinets, faire les choix sur certaines joueuses. Aujourd’hui ce n’est pas le cas. Je pense que ça viendra un peu plus dans les années futures. J’espère pour le club. Aujourd’hui on structure, on essaie d’avancer, de ce côté-là c’est positif. Maintenant je sais que si on veut vraiment inquiéter Lyon, à un moment donné il faudra ouvrir un petit peu la tirelire, car on est encore très très loin de ce côté-là.

 

«  Il ne faut peut-être pas s’attendre à des arrivées de renom comme à Lyon. » 

 

C’est un petit peu dommage car ça laisse forcément des regrets. Quand on voit le match de championnat, avec un petit peu plus d’efficacité, avec une tueuse devant, on aurait peut être pu ramener un match nul. Parce qu’on n'a pas été ridicule, on a été certainement la seule équipe en France qui n'était pas ridicule contre Lyon cette année. Mais c’est vrai que pour un entraîneur, c’est un petit peu frustrant. Mais c’est comme ça. Et puis, je suis dans la politique du club, on a discuté avec Bruno sur les choix, les départs. Par exemple le cas de Laura Georges, ça a été discuté aussi, je ne suis pas seul à prendre la décision. Aujourd’hui j’espère qu’il y aura des arrivées, mais il ne faut peut-être pas s’attendre à des arrivées de renom comme à Lyon.

 

Coeurs de Foot - Ah oui ? Puisqu’on entend le nom d’une Américaine aussi à Paris ? 

Ouais ouais ouais (sourire). J’aimerais bien moi, ça me ferait un petit cadeau en 2018, puisque pour l’instant les cadeaux il n’y en a pas trop. Avec la blessure d’Emma, le tirage de la Coupe de France qui a été un petit peu embêtant avec une deuxième équipe de D1 de suite. Bon ce serait bien de la gagner en battant que des équipes de D1, mais j’aurais préféré un club, on ne va pas dire plus facile, mais... PFC c’est un derby, ça va être un match difficile.

 

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Coeurs de Foot - Est-ce que l’enjeu ce n’est pas aussi de cibler de jeunes joueuses dès 20-23ans, pour que peut être dans les années qui suivent  elles deviennent les meilleures joueuses du monde ?

Non, aujourd’hui on veut surtout travailler avec notre formation. Être plus performants, dans le sens où que lorsqu’elles sortent des moins de 19 ans, elles puissent jouer avec nous, qu’elles en soient capables. Pour l’instant ce n’est pas encore le cas. On est obligé de les faire s’entraîner six mois, un an avec l’équipe une. Certaines commencent [à y arriver], comme Sandy Baltimore qui a joué ce week-end, Lina [Boussaha] c’était pas loin non plus, ou Léa Kergal dont j’ai parlé tout à l’heure. Il faut laisser cette porte ouverte à ces joueuses. Et je pense aussi que c’est ce que veut le club. 

 

Coeurs de Foot - On parle souvent des joueuses étrangères qui investissent la D1, et je sais que vous êtes attaché à ce que l’équipe de France brille, alors est-ce qu’il ne faut pas laisser du temps de jeu à des jeunes joueuses françaises comme Lina Boussaha ?

Oui, mais le souci c’est qu’il faut qu’elle passe un cap dans l’impact par exemple. Certains matches peut être, mais ça va venir, Lina n’était pas loin de jouer le week-end dernier je vous l’ai dit, elle était dans le groupe. C’est quelqu’un qui progresse, après c’est compliqué. C’est compliqué car il y a tellement une grosse différence entre les moins de 19 ans et le championnat en sénior. Les moins de 19 ans, je ne veux pas être méchant, mais le championnat est faible, très faible. Ce n’est pas comme chez les garçons, où tout de suite ils peuvent jouer à un certain niveau. Non, [la transition de l’un à l’autre], c’est compliqué.

 

« J’aimerais bien que l’équipe de France gagne quelque chose
donc forcément je suis tenté de travailler, un peu plus, avec des Françaises. »

 

Journaliste - Offensivement une joueuse comme Samantha Kerr c’est intéressant non ?

Ah oui, mais bon le problème c’est que quand j’annonce des noms je les ai jamais (rires). Ça sera compliqué avec les dates, mais c’est sûr que ça me plairait. Donnez-moi Samantha Kerr à Lyon, on aurait fait au moins le nul. C’est sûr que du top mondial j’aimerais bien, mais ça va venir. Ça va venir. Moi je serai peut être plus là, mais ça viendra à un moment donné. On construit et faut être patient. Il y a des choses bénéfiques, les arrivées de Bruno [Cheyrou] et Bernard [Mendy], il y a de l’intéressement. Nasser me le dit tout le temps : « Patience coach ». 

 

Journaliste - La patience ce n’est pas votre plus grosse qualité ?

Non, ce n’est pas ma spécialité, parce que quand on est compétiteur on a envie de gagner les matches, de marquer des buts. Mais d’un autre côté, je suis quand même dans un bon club, on travaille bien et on n’est pas si loin que ça de certaines équipes. Maintenant, c’est le football féminin et d’un autre côté j’aimerai bien que l’équipe de France gagne quelque chose donc forcément je suis tenté de travailler, un peu plus, avec des Françaises. Notamment au niveau des jeunes pour pouvoir peut être les aider à gagner quelque chose, que ce soit cet été avec Marie-Antoinette Katoto [lors de la Coupe du Monde U20] et surtout dans un an et demi qu’on fasse une belle Coupe du Monde. 

 

Coeurs de Foot - La FFF incite les clubs de D1 à faire jouer les Françaises…

 (Il coupe) Oui mais bon, la FFF ce n’est pas eux qui me font mon contrat à Paris. Si je fais jouer que des jeunes et que je suis cinquième, je ne vais pas rester longtemps. Mais ça c’est normal, c’est l’entraîneur. C’est le rôle d’entraîneur, on a un devoir de résultat. C’est bien de faire plaisir, je l’ai fait l’an dernier sur certains matches, rappelez vous Guingamp. 3-0 à la mi-temps, j’ai fait plaisir et on finit à 3-3. Sans vouloir tout leur mettre sur le dos, non non, faut les préparer. Mais j’y pense d’avoir une équipe qui ressemble plus à une équipe française. Comme la première Ligue des Champions avec Lyon, où il y avait neuf Françaises sur le terrain. Mais c’est une autre époque. 

 

Coeurs de Foot - Il faut trouver le bon compromis en fait, entre les jeunes, les étrangères ?

Oui trouver le bon compromis. Mais toujours pareil, il faut des leaders, des filles qui amènent vraiment un plus. Regardez à Lyon, elles ont des leaders sur chaque ligne. C’est ça aussi qui fait la différence. Et puis quand on a ça, après c’est plus facile de mettre des jeunes autour. Mais on va y arriver. J’ai été rassuré de ce côté-là, le club est ambitieux au niveau féminin et ça se met davantage en place. 

 

Coeurs de Foot - Ce week-end vous vous déplacez à Lille, vous ne vous attendez pas à un match piège ?

On va jouer au Stadium, bon il y a une piste [d’athlétisme autour du terrain] c’est pas ce que je préfère. Ça va être un match difficile. C’est une bonne équipe, qui progresse bien, qui travaille bien et qui nous a posé des problèmes ce week-end. A nous d’être plus sérieux dans l’entame du match et ne pas attendre le fil du match pour faire la différence car il peut nous arriver quelque chose, on n’est pas à l’abri. Puis c’est une équipe qui a besoin de points. A nous d’être sérieux et d’aller gagner là-bas pour rester dans le bon tempo puisqu’on a pas le droit à l’erreur, Montpellier arrive au galop derrière. 

 

Dounia Mesli et Morgane Huguen

. La rédaction