À l'écran, dans le film Une Belle Équipe, c'est Kad Merad qui joue le rôle de Marco l'entraîneur du club de Clourrières. Un coach soudain chargé de diriger une équipe féminine (dans un championnat masculin) pour tenter de sauver le SPAC de la disparition. Pour bien figurer sur le terrain, les comédiennes ont travaillé avec d'anciennes footballeuses : Corine Petit que l'on voit également à l'écran, et Aurélie Meynard.

 

En l'espace de quelques mois, Aurélie Meynard a participé aux deux films français consacrés au football féminin. Au printemps 2018, elle est chargée de préparer les comédiennes d'Une Belle Équipe pour la partie footballistique du film. Se déplacer sur un terrain, faire des passes ou frapper au but, autant de gestes qui restaient inconnus pour beaucoup d'entre-elles.

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Alors que le tournage est prévu pour l'été, Aurélie Meynard a travaillé pendant un mois et demi avec les comédiennes, entre mai et juillet 2018, pour apprendre les bases du football. Une préparation nécessaire pour pouvoir ensuite travailler les « chorégraphies », apprises quelques jours avant le tournage, et qui correspondent aux différents mouvements collectifs que l'on voit à l'écran pendant les scènes de match.

 

« Tant qu'elle n'arrive pas à faire de geste, elle ne lâche pas l'affaire »

Dans ce travail préparatoire, c'est notamment Sabrina Ouazani qui redouble d'efforts, pour rentrer dans la peau de Sandra Otmani, ancienne joueuse professionnelle et désormais pièce maîtresse du SPAC. Aurélie Meynard nous décrit une comédienne « très compétitrice (…), tant qu'elle n'arrive pas à faire de geste, elle ne lâche pas l'affaire ». C'est d'ailleurs bien Sabrina Ouazani qui réalise les gestes techniques effectués par son personnage sur le terrain, répondant à sa volonté d'être « crédible à l'écran ».

Au moment où Aurélie prend part à cette aventure, une autre vient de s'achever avec la sortie en avril 2018 du film Comme des Garçons consacré à la création de l'équipe féminine du Stade de Reims à la fin des années 60. Une production pour laquelle Aurélie Meynard avait également joué un rôle de coach sportif pour les comédiennes du film.

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Ce retour vers le football n'était pas forcément prévu pour l'ancienne joueuse de Soyaux, originaire de Gironde et aujourd'hui directrice d'un lycée privé en région parisienne. Joueuse prometteuse, passée par Clairefontaine et les sélections tricolores en jeunes, elle avait dû interrompre sa carrière prématurément en 2004 (elle avait alors 20 ans) suite à une « triple hernie discale ».

Un coup d'arrêt qui l'éloigne du monde du football, même si elle y revient périodiquement, notamment depuis le bord des terrains, entraînant du côté de Libourne puis en région parisienne. À l'époque, ces expériences, s'étaient surtout révélées « frustrantes » face à l'impossibilité de joueur à nouveau.

 

D'un film à l'autre

Lorsqu'elle découvre le monde du cinéma, c'est par l'intermédiaire de Vanessa Guide, l'une des têtes d'affiche du film Comme des Garçons, et « amie » d'Aurélie Meynard. Contactée par la comédienne, Aurélie l'aide alors à « apprendre les bases du football ». Ce « travail préalable » de préparation avant le tournage et le cadre de « confiance » qui existe entre Aurélie et Vanessa Guide persuadent le réalisateur, Julien Hallard, d'intégrer Aurélie Meynard dans l'équipe du film. Elle se retrouve alors à coacher l'ensemble des comédiennes amenées à toucher le ballon à l'écran.

Cette première expérience ressemblait à un « heureux hasard », une aventure qui aurait pu s'arrêter là. Pourtant quelques mois plus tard, elle se retrouve dans l'équipe du film Une Belle Équipe. Comme nous le raconte Aurélie, un technicien qui avait également travaillé sur des Comme des Garçons aurait alors soufflé son nom à Mohamed Hamidi, et lui conseiller de l'embaucher à nouveau dans ce rôle de coach sportif.

La rencontre se fait à Montreuil, en région parisienne et Aurélie Meynard met notamment en avant sa « conception de la pédagogie » dans l'apprentissage du football. Mohamed Hamidi la recontacte par la suite pour lui proposer d'intégrer l'équipe, notamment convaincu par l'idée « que les filles (comédiennes) soient gérées par une fille », comme nous le raconte Aurélie Meynard.

 

Un cadeau de départ

Pour cette deuxième aventure, elle ne vient pas seule. Aurélie peut alors compter sur une « amie de 20 ans », et ancienne coéquipière à Soyaux, qui n'est autre que Corine Petit, décuple championne de France avec l'OL et ancienne internationale tricolore.

Les deux femmes se sont connues à Clairefontaine à la fin des années 90, et Corine Petit dispose aujourd'hui d'un des plus beaux palmarès du football français. Lorsque le tournage débute à l'été 2018, la désormais jeune retraitée vient de conclure sa carrière professionnelle avec l'Olympique Lyonnais.

Un passage à Lyon couronné de succès et de trophées, avec notamment une cinquième Coupe d'Europe remportée avec l'OL cette année-là à Kiev. C'est en partie ce contexte de fin de carrière qui amène Aurélie Meynard à lui proposer ce projet.

 

« Je ne pouvais pas rêver mieux que Corine »

Dans Une Belle Équipe, Corine Petit joue un rôle discret à l'écran, mais sa présence devrait sauter aux yeux des fans de football féminin. Au générique, elle est également citée avec Aurélie Meynard comme l'une des deux coachs sollicitées pour la réalisation du film.

Ce rôle hybride pour l'ex-internationale tricolore, à la fois à l'écran et en coulisse, répondait à une nécessité selon Aurélie Meynard. La présence de Corine Petit permettait d'avoir « une fille qui sache très bien jouer au foot » et qui serve de « cadre dans l'équipe » du SPAC. Un apport qui se serait révélé « incroyable » pour insuffler « une énergie » et renforcer la « cohésion » de l'équipe.

Sa présence permet aussi à Aurélie Meynard d'assumer sa double-vie de directrice d'établissement sur Paris et de coach sportif pour les besoins du film. Lorsqu'elle n'est pas là pour les entraînements, ou certains jours de tournage dans le Nord, c'est alors Corine Petit qui prend le relais, elle qui se retrouve « en immersion totale avec les filles ».

 

Une envie de retrouver les terrains

Lors du tournage du côté de Vitry-en-Artois, Corine Petit est donc aussi devant la caméra, puisqu'elle fait partie de l'équipe du SPAC, telle qu'on la voit à l'écran. C'est d'ailleurs une équipe « mixte » qui a été composée, notamment pour les scènes de match.

On y retrouve des joueuses recrutées pour les besoins du film, comme la Lilloise Valentine Thélier. Du côté de Saint-Denis, les joueuses du Racing reconnaîtront probablement leur coéquipière Lina Chabane, que l'on voit régulièrement à l'écran, notamment aux côtés de Myra Tyliann (qui joue le rôle de Léa).

Ces aventures cinématographiques, vécues en marge de sa vie professionnelle, pourraient rapprocher à nouveau Aurélie Meynard des terrains, avec l'envie retrouvée « d'entraîner dans le football féminin de manière plus régulière ». C'est du moins une question qu'elle se pose de plus en plus sérieusement, notamment encouragée par ces deux incursions sur le grand écran.

 

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Photo :  Roger Do Minh - Quad Films - Gaumont - Kissfilms

Hichem Djemai