Pour construire le scénario d'Une Belle Équipe, Mohamed Hamidi a eu l'occasion de rencontrer des footballeuses qui ont participé à enrichir le film d'histoires et anecdotes vécues. Parmi elles, l'internationale tricolore Léa Le Garrec a joué un rôle essentiel dans ce travail, contribuant à l'écriture du film, à l'époque où elle évoluait à Saint-Malo.

 

Le grand public va découvrir ce mercredi Une Belle Équipe, le film réalisé par Mohamed Hamidi et qui raconte l'histoire du SPAC, ce club de football du Nord, qu'un groupe de femmes tente de sauver d'une disparition annoncée. Si l'histoire décrite dans le film est fictive, l'écriture du scénario s'est notamment appuyée sur des récits et anecdotes qui renvoient au quotidien de beaucoup d'équipes féminines aujourd'hui en France.

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Un choix délibéré de la part de Mohamed Hamidi qui voulait ancrer son film dans le réel, l'enrichir d'expériences vécues qui crédibilisent ses personnages et les situations décrites dans Une Belle Équipe. Le réalisateur a évoqué avec nous des rencontres « avec des entraîneurs, des dirigeants » des déplacements dans l'Est de la France, un match du Paris Saint-Germain, mais surtout une rencontre qui a eu lieu du côté de Saint-Malo.

 

Le temps de l'écriture

Le projet est alors initié en 2015, et pour l'écriture de sa nouvelle production, il travaille avec Alain-Michel Blanc, déjà co-scénariste de Né quelque part et La Vache, les deux premiers films réalisés par Mohamed Hamidi.

Alain-Michel Blanc est Malouin, et supporter de l'US Saint-Malo, dont l'équipe féminine senior évolue en D2 depuis 2014 (ce qui est toujours le cas aujourd'hui). Une proximité qui lui permet d'entrer en contact avec Léa Le Garrec, alors joueuse de l'USSM. Aujourd'hui en Angleterre, où elle évolue avec Brighton, la milieu de terrain tricolore se souvient d'une rencontre qui avait eu lieu au moment des « vœux du club » en « fin d'année » 2016.

Elle garde l'image d'un homme « discret » qui lui parle alors d'un projet de film, avec une histoire dans laquelle des filles jouent au football face à des garçons. Dans un second temps, Léa Le Garrec fera également la rencontre de Mohamed Hamidi, des échanges qui ont permis de recueillir de nombreuses anecdotes.

 

Des morceaux de vies transposées à l'écran

Parmi ces histoires rapportées et intégrées au film, Mohamed Hamidi évoque celle des « maillots dégueulasses (...) des vétérans », «  les insultes des gars dans les tribunes » ou « le fait que chez les filles, on ne se bouscule pas pour être capitaine ». Le réalisateur d'Une Belle Équipe estime qu'il « avait besoin d'entendre » ces « anecdotes (…) racontées par les joueuses », pour « être au plus près de la réalité », même si par la suite elles ont été « transformées » pour prendre une dimension comique.

Exemple de ces ''transformations'' opérées pour le film, on peut citer la réplique de Mimil (joué par Alban Ivanov) qui s’interroge à haute voix : « Il paraît que les filles qui jouent au foot deviennent toutes des lesbiennes ». Le genre de remarques couramment entendues à propos des sportives, notamment celles qui pratiquent des sports collectifs.

Si le film parvient à faire rire, Léa Le Garrec estime qu'il a réussi à évoquer la « réalité » que vivent beaucoup de joueuses à un niveau amateur. « Plus de lumière pour les entraînements en soirée, des maillots trop grand, des vestiaires trop petits » ou encore certains « présidents machos » qui « n'ont rien à faire du football féminin ».

Une réalité qui n'est pas spécifique à la France pour l'internationale tricolore. Si elle s'estime préservée à Brighton dans un environnement « très pro », elle a retrouvé parfois cette réalité en Coupe de la Ligue, lors d'un match face à une équipe de Championship (D2 Anglaise).

 

Deux ans après...

Dans ce processus d'écriture, Mohamed Hamidi se souvient également eu de ses échanges avec Melissa Plaza, elle-aussi passée par l'US Saint-Malo et auteure du livre Pas Pour les Filles ? paru en 2019. Désormais retirée des terrains, elle compte parmi les personnes qui ont contribué à l'écriture du scénario d'Une Belle Équipe. Après avoir rencontré Mohamed Hamidi et Alain-Michel Blanc, Léa Le Garrec est ensuite amenée à relire le scénario, une écriture à laquelle participe également Camille Fontaine. C'était « il y a deux ans déjà », et lorsque Léa est recontactée pour assister à une projection d'Une Belle Équipe (en décembre dernier à Paris), elle a alors « limite oublié » le film.

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Après avoir vu le résultat final, Léa Le Garrec évoque notamment la performance de Sabrina Ouazani « qui joue super bien » dans le rôle de Sandra, passée à côté d'une carrière professionnelle suite à des démêlés avec la Justice. Elle retient également le fait que le film parvient à coller avec le réel, aussi en dehors des terrains, et notamment sur « la jalousie dans le couple » ou le fait que « les hommes sont vite chamboulés quand les femmes ne sont pas là ».

Discrètement, Léa Le Garrec espère désormais prolonger cette aventure en montrant le film à ses coéquipières du côté de Brighton en Angleterre, pour partager le fruit de son travail et quelques éclats de rire.

 

Photo: Roger Do Minh - Quad Films - Gaumont - Kissfilms

Hichem Djemai