Le film Comme des Garçons est une comédie qui parle de l'histoire des pionnières rémoises à la fin des années 1960 et une partie du football féminin français a été mobilisé pour aider à la réalisation de ce film. Discrètement, au milieu du générique vous pourrez reconnaître les noms de joueuses qui évoluent actuellement en D1 et en D2, d'autres pourront apercevoir des coéquipières, passées ou présentes, parmi les équipes que rencontrent « les Filles de Reims » dans le film.

 

La première partie du travail footballistique s'est fait d'abord en amont du film, avec les comédiennes qui ont travaillé pendant trois mois pour apprendre les rudiments du football. Comme nous l'expliquait Julien Hallard, le réalisateur du film, une seule comédienne, Zoé Héran disposait de « rudiments de footballeuses ». Pour toutes les autres, il a fallu repartir de la base.

 

Une ancienne joueuse de Soyaux pour coach

 

Pour Vanessa Guide qui joue le rôle d'Emmanuelle Bruno, les entraînements ont duré pendant six mois afin d'incarner au mieux un personnage qui apparaît progressivement dans le film comme la meilleure joueuse de l'équipe. Une longue mise en condition avec l'objectif de gagner en crédibilité, et pour laquelle elle a disposé d'une véritable coach. Les entraînements des comédiennes et de Vanessa Guide en particulier ont été dirigés par Aurélie Meynard qui leur a tout appris ou presque : « conduites de balles, contrôle-passe, passement de jambes, petits ponts, grands ponts... », mais aussi « apprendre la gestuelle » d'une vraie footballeuse comme nous raconte la comédienne.

Aurélie Meynard, un nom familier du côté de l'ASJ Soyaux, où elle a évolué au début des années 2000 aux côtés de l'actuelle sélectionneuse des Bleues, Corinne Diacre, avant de devoir interrompre sa carrière en raison de problèmes de santé. En vue de la réalisation du film, elle a été l'une des chevilles ouvrières assurant les entraînements mais également en participant à la création des « chorégraphies » sur les scènes de jeu du film.

Un rôle déterminant et une personnalité qui a marqué Vanessa Guide évoquant son humour et son « côté capitaine d'équipe » qui a permis d'« assurer la cohésion » du groupe de comédiennes. Elle a notamment emmener les actrices du film « voir des matches », leur a « présenté des joueuses », et fait découvrir le football féminin, mais aussi tout simplement les règles du jeu.

 

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Une mobilisation dans plusieurs clubs

 

Selon Julien Hallard, elle a également donné « énormément de contacts », notamment pour trouver des joueuses qui participent aux scènes de matches. Une « douzaine » de joueuses de l'ASJ Soyaux ont pris part à l'aventure, comme nous l'a rapporté Cynthia Viana qui a participé au tournage alors qu'elle évoluait en Charente la saison dernière. Elle évoque pour nous « certaines scènes [qui] se faisait à 35 min de route de Soyaux » Aurélie Meynard « a voulu y intégrer les filles du club. Elle nous a simplement dit que c'était un film sur le football féminin, et on n'a pas hésité. »

Cynthia Viana fait d'ailleurs partie des joueuses citées au générique, tout comme son ex-coéquipière Anna Clérac, et Élise Legrout qui évoluait alors dans l'Essonne. Ces joueuses de Soyaux et de Juvisy, Vanessa Guide s'en souvient. Elle évoque des « super joueuses » qui sur les différentes scènes « devaient tout le temps perdre ». La comédienne loue notamment la capacité qu'ont eu ces joueuses à « faire semblant » justement parce qu'elles « savent bien jouer » et donc assumer au mieux leur rôle pour la réalisation du film.

De son côté, Julien Hallard se remémore avec humour l'expérience qui a visiblement été encore plus difficile à vivre pour les garçons qui ont participé au film et joué face aux comédiennes. Certains « n'en pouvaient plus » de « se prendre des petits ponts, des buts » et « faire semblant de résister un peu » pour finalement perdre à la fin.

 

Quand les actrices se prennent au jeu

 

Avec les entraînements, les actrices se sont prises au jeu et notamment Vanessa Guide qui a abordé les scènes chorégraphiées de matches avec un mental de compétitrice. Elle raconte par exemple un jour de tournage, où elle devait frapper un « coup-franc » en pleine lucarne.

A l'entraînement, le geste est parfaitement exécuté, mais le lendemain devant la caméra, les « deux essais » ne rentrent pas comme il faut. Pour la troisième et dernière prise, Julien Hallard fait alors intervenir l'une des doublures qui ont participé au film, et Vanessa se souvient qu'elle était « comme une joueuse qui ne veut pas sortir du terrain », « hyper-énervée » contre elle-même.

Sur toutes les scènes, on retrouve ce « mélange » entre le jeu des comédiennes elles-mêmes et celles des doublures même si Vanessa Guide nous assure qu'elle était « capable de faire tout ce que [les spectateurs verront] à l'écran » parmi les gestes footballistiques réalisés par Emmanuelle, son personnage dans le film.

 

Filmer le football

 

Un véritable challenge pour les comédiennes mais aussi pour le réalisateur Julien Hallard face à un sport qui reste difficile à filmer. Parmi les longs-métrages qu'il a regardé avec intérêt, le désormais culte Joue-là comme Beckham dont les aficionados retrouveront quelques accents dans la manière de filmer certaines actions. Le réalisateur de Comme des Garçons a voulu également s'appuyer sur la possibilité d'être sur la pelouse au milieu des joueuses, un peu comme sur un « ring  de boxe » et pouvoir mieux saisir les mouvements sur le terrain.

Autant de défis techniques que l'équipe du film a tenté de relever pour rendre crédible le résultat final. Une volonté de se rapprocher de la réalité du jeu de l'époque, d'un « football champêtre » des débuts, en s'appuyant sur les forces vives du football féminin français. Il appartient désormais aux plus fidèles supporters d'être à l'affût pour voir si leurs joueuses favorites ne se sont pas glissées dans l'une des scènes du film.

 

Photo en une: Mars Film

Hichem Djemai