Après avoir remplacé au pied levé David Fanzel, l'entraîneur des U19 du FC Metz, Manuel Peixoto a pris la tête de l'équipe senior et a déjà mis sa patte au projet et à cet objectif de maintien du club. On a échangé avec lui après le match nul face au Paris FC (2-2).

 

Votre réaction à chaud sur ce match nul face au Paris FC ? On a l'impression qu'elles l'ont pris comme une victoire vos joueuses. 

Non, je pense que c'est le fait qu'on puisse revenir à cinq minutes de la fin, parce qu'ils ont marqué le deuxième but sur un temps fort, on était pas mal, on s'est créé pas mal d'occasions. A l'arrivée, le fait qu'on prenne ce but sur un corner, sur une fille qui est un petit peu esseulée, ça nous a donné un coup derrière la tête. Mais je pense qu'on a eu le courage et la chance de revenir à cinq minutes de la fin, donc le fait qu'elles reviennent et qu'elles prennent un point sur une équipe qui est quand même 3e du championnat, c'est pas rien. C'est surtout pour ça qu'elles l'ont pris comme une victoire et nous aussi, on le prend comme un point positif. 

 

C'est vrai que les 2 buts du Paris FC ont été marqués à cause d'une erreur de gardienne, qui n'était pas sortie sur le ballon, (mais elle est jeune aussi donc elle apprend)...

Oui, tout à fait. Elles ont eu d'autres occasions, d'autres situations pour marquer. Mais c'est vrai qu'à l'arrivée, quand vous voyez un peu les buts qu'on prend, aussi bien l'erreur de jugement de la gardienne sur le premier et puis le deuxième, elle est complètement seule à six mètres du but... Ca fait partie du football malheureusement, mais c'est des choses qui ne devraient pas nous arriver. 

 

Vous vous attendiez à un tel scénario dans ce match ?

Non pas forcément mais on était quand même relativement confiants parce qu'on a bien travaillé pendant les 15 jours. Le seul truc qu'on avait un petit peu à gérer, c'était le passage sur un terrain en herbe parce que ce n'est pas un terrain où on a l'habitude d'évoluer aux entraînements. Même si on avait un superbe terrain à Rodez, mais comme on s'entraîne sur synthétique, c'est difficile pour les filles, donc je pense que l'adaptation a été un petit peu difficile. Avoir envie de faire des choses, je pense que oui, on avait envie de le faire. Sur un match à rebondissements comme ça, oui c'était pas prévu comme ça.

 

Pourtant, on sentait que vous alliez marquer, parce que vos deux buts interviennent sur deux temps forts de votre équipe, qui a pris le match à son compte ?

Oui c'est ça, c'est vrai. On a eu quand même une première mi-temps qui était difficile, mais je crois que les filles doivent apprendre à avoir un peu plus de sérénité parce qu'on en a vraiment manqué sur la première mi-temps, on se débarrassait très vite du ballon, on perdait le ballon très vite. Et en fait, on avait mis en place un schéma tactique où on avait besoin justement de sérénité, où on avait besoin de temps. Tout s'est fait dans la précipitation, dans le retard et à l'arrivée, on a su corriger un petit peu les choses en seconde mi-temps et c'était beaucoup plus fluide, beaucoup plus net, on était beaucoup plus équilibré aussi. Les filles ont mis un tout petit peu plus de cœur, j'avais l'impression qu'en première mi-temps, elles étaient un petit peu sur le retrait et c'était quelque chose que je ne pouvais pas comprendre, parce qu'on avait bien bossé. Vous savez, le football c'est comme ça.

 

Depuis votre arrivée, il y a eu une bonne dynamique qui s'est mise en place, quelque chose qui s'est décanté. On a l'impression que le complexe d'infériorité a disparu ?

On fait énormément de ballons, on a quand même une équipe qui a beaucoup de qualités au niveau du ballon même si elles l'ont pas montré en première mi-temps. Il va falloir qu'elles jouent beaucoup plus vite contre une adversité. Bon, aujourd'hui on a vu qu'on a manqué un peu de vitesse dans les transmissions, un petit peu de justesse et je pense que c'est quelque chose sur lequel on travaille. On s'est remis vraiment au travail donc la confiance vient aussi avec les résultats. Je fais confiance aux filles et elles essaient de faire confiance au staff. A partir du moment où on travaille dans ces conditions-là, elles progressent automatiquement et changent la façon dont elles abordent les matches.

 

On a l'impression que le fer de lance de tout ça, c'est Marie-Laure Délie qui a vraiment changé dans son état d'esprit ou qui prend de plus en plus ses repères au sein de sa nouvelle équipe ?

Oui tout à fait. Mais vous savez quand Marie-Laure est arrivée, tout le monde attendait beaucoup de choses d'elle, beaucoup trop par rapport à sa forme du moment. Elle a eu beaucoup de temps de jeu et quand j'ai repris l'équipe, j'ai donne du temps à Amélie Delabre parce que c'est une fille qui est en devenir, j'en suis persuadé. Par contre il faut qu'on travaille bien avec elle, notamment dans la motricité et des appuis. Moi je veux qu'elle joue axiale (sourire) alors qu'elle veut jouer sur les côtés, mais on est un petit peu sur des phases de travail. Marie-Laure [Délie] donc elle avait perdu sa place. Elle était titulaire à Rodez sur un côté, où elle avait fait de bonnes choses, avec une passe décisive et aujourd'hui, on a vu une Marie-Laure qui ressemble à ce qu'on voudrait voir. C'est vraiment un point positif par rapport à ça.

 

Qu'est ce que vous leur inculquez à vos joueuses depuis votre arrivée ?

Il y a beaucoup de confiance. Je pense qu'il faut qu'elles prennent vraiment conscience qu'il y a de la qualité mais les qualités elles viendront pas toutes seules. Parfois, par exemple à Rodez on a eu tendance à vraiment jouer le ballon mais par contre, on a oublié de combattre. Il faut qu'elles trouvent le juste milieu entre le combat, comme on l'a vu en deuxième mi-temps, gagner des duels parce que si vous mettez juste le combat, il y a les espaces qui sont ouverts, une équipe qui reste équilibrée. Alors que si on ne combat pas, on perd des ballons parce que sur les premières prises de balles, on est pas bon, on se fait contrer et ainsi de suite. C'est un peu toutes ces choses là sur lesquelles on travaille. 

 

Quel a été votre discours à votre arrivée, qu'est-ce que vous leur avez dit ?

C'était plus un travail collectif. Après oui bien sûr, il y a une ou deux joueuses [avec qui j'ai échangé en tête à tête]. Mais vous savez quand vous arrivez comme ça, je pense qu'il faut absolument faire abstraction de tout le passé. Moi j'étais au club, donc j'avais quand même observé l'équipe parce que j'avais les U19, donc je voulais voir dans quelle direction travailler avec les jeunes. Donc j'ai vu quelques matches par curiosité justement pour voir mais après quand je suis arrivé, le discours était le suivant : tout ce qui est antécédent à maintenant, c'est oublié et maintenant, on avance et on travaille. On a pas fait un si vilain match contre Lyon, on a perdu bien sûr mais on a joué. Derrière, on enchaîne sur Bordeaux, Rodez et aujourd'hui [Paris FC]. On a quand même pris des points face à des équipes qui sont troisièmes du classement donc ça veut dire que pour la suite, et c'est ce que j'ai dit à la fin, on peut essayer de voyager un petit peu mais il y a rien qui est gagné.

 

Elles vont être plus apaisées maintenant

Oui bien sûr mais ça c'est normal. On prend sept points sur douze, ce n'est pas anecdotique pour nous.

Dounia MESLI & Karim Erradi