Les premières impressions de Jérémie Descamps, coach de la section féminine du LOSC, tout juste après la victoire 3-1 contre l'ESOF synonyme de montée en D1, la saison prochaine. L'heure de dresser le bilan sur le projet de Lille et d'évoquer de l'élite du Football féminin, qui attend son équipe.

 

C'est un petit peu le travail qu'on espérait faire et qu'on espère encore faire à l'avenir. Si on réussit à passer cette étape c'est que les dirigeants du club auront bien travailler.

 

Coeurs de Foot - Pour vous c'est un soulagement, la pression qui retombe, cette victoire et cette montée ?
Ce que je disais tout à l'heure c'est que c'est pas la même émotion du tout [que la première montée le 14 mai dernier]. C'est le devoir accompli aujourd'hui, c'est tout, terminé. Je suis content d'y être [en D1] mais l'émotion elle y était il y a quatre semaines, c'était différent. Là on l'a un petit prise, on va dire, mais aujourd'hui on est seulement dans le devoir accompli, le travail est fait et on va se projeter sur l'avenir pour continuer à travailler mais c'est pas du tout la même émotion que la dernière fois, parce qu'on nous a enlevé quelque petite chose quand même.

Coeurs de Foot - Comment vous voyez cette première division à présent ?
Je la vois de loin pour l'instant parce qu'il va falloir qu'on s'y habitue tout doucement. Je la vois difficile, je la vois avec des grandes équipes, je la vois avec beaucoup d'envie de les jouer. C'est ce que je disais tout à l'heure aux filles, c'est matchs là il faut qu'on les jouent. On aimerait bien être à leur place [de ces clubs de D1], avoir les crampons et y aller. Ca va être des beaux moments à vivre et il va falloir profiter de ça, vite s'adapter dans la préparation, vite s'adapter dès le début du championnat pour être au top le plus vite possible.

Coeurs de Foot - C'est un bel exploit tout de même de monter deux fois en première division la même année ?
(S'esclaffe) Oui, oui c'est pas mal, mais je sais pas si ça compte, mais en tous cas, j'en sais rien, écoutez, un exploit, oui, c'est une histoire qui m'a dérangée et on parle pas football [dans cette affaire des quatre points retirés]. La vraie montée elle s'est faite il y a quatre semaines et aurait dû se générer là et se terminer là, mais il y a toujours des choses qui se passent dans le foot assez extraordinaire (l'air blasé).

On nous a pris quelque chose et moi je suis assez déçu de la manière dont ça s'est passé. On a le droit de tout faire dans le football, d'après ce que j'ai compris et les gens qui fraudent ça pose pas de problème, par contre les gens qui sont honnêtes, on leur dit que ce sont des fraudeurs et moi ça me dérange les situations comme ça. Je suis quelqu'un de trés droit et de très simple dans le foot. C'est dommage que ça se passe comme ça. Aujourd'hui c'est une victoire, on a fait ce qu'il fallait, je suis très content mais je ne suis pas plus satisfait aujourd'hui que la dernière fois.

Coeurs de Foot - On vous a senti tendu dans ce match là tout de même contre La Roche.
Oui on était tendu, mais pas par rapport à l'enjeu [de la montée], on l'était par rapport à ce qu'on demande [aux joueuses sur le terrain] et ce qui n'est pas fait. Moi c'est simplement ça qui me dérange. Quand on a des plans de jeu et qu'on arrive pas à se calmer pour y être. On était pas dans le travail que j'avais demandé, on jouait un peu à l'inverse de ce que j'avais demandé dans le plan de jeu, donc c'est juste ça. Je ne l'étais pas par rapport aux filles, par rapport à l'enjeu. Voilà, on est toujours soucieux de faire les bonnes choses, de montrer des choses correctes, on travaille tout une saison, donc même quand il y a de l'enjeu dans le match il faut être capable de continuer à garder le calme pour jouer.

Coeurs de Foot - En face c'était pas n'importe quelle équipe en plus, parce que l'ESOF à l'expérience de la D1.
Oui j'ai beaucoup de respect pour La Roche, contrairement à ce qu'on pourrait dire. Moi j'ai beaucoup de respect pour les joueuses. Je me met à leur place parce que ceux qu'elles vivent aujourd'hui, nous on l'a vécu à Arras. Moi je tire pas sur La Roche, hormis une personne qui devrait faire les choses correctement mais moi pour les joueuses, je suis désolé pour elles, qu'elles aient vécu ça parce que s'il n'y avait pas eu toute cette histoire, on en serait pas là. Je n'oublie pas ce qu'on a vécu nous à Arras, donc je pense à ce qu'elles peuvent vivre aujourd'hui et je leur souhaite un bon championnat pour la prochaine saison tout simplement.

Coeurs de Foot - Qu'est-ce que vous allez retenir maintenant de ces deux ans pour la montée ? (6e en 2016 et 1er en 2017, après la fusion avec le LOSC en 2015)
On répond aux objectifs qu'on se donne, on travaille doucement et efficacement, le club, mon staff, les gens qui sont autour de moi. On se construit progressivement, on a fait une école de foot générale. On a des personnes qui s'occupent à tous les niveaux du club de ces jeunes pousses qu'on a envie de progresser. Donc le club grandit progressivement et ce qui est intéréssant c'est que le club grandit avec le soutien des dirigeants, on se sent soutenu, la section féminine n'est pas mise de côté par rapport aux garçons. On est une grande famille, comme je l'ai dit tout à l'heure. La preuve, le nombre de supporters mais y'a des personnes autour qui bossent bien, on va parler de Jules-jean évidement, qui est là pour faire tourner le club mais les Présidents... Tous ces gens là avec qui je bosse au jour le jour qui ont les mêmes idées, les mêmes vues sur le football féminin, qu'on essaye de mettre en avant, et on essaye de développer un club avec ces idées là, tout doucement même si on est en avance par rapport à nos objectifs là, mais ça se fait progressivement. Pour l'année prochaine, ça sera une autre étape, on va y réfléchir et on va voir un petit peu à quel rythme on veut avancer.

Coeurs de Foot - Quel bilan vous dressez à la fin de votre aventure dans cette saison finalement ?
Cette saison, c'est un bilan réussit parce que les filles [les nouvelles recrues] elles se sont intégrées très rapidement et nous ont apporté un plus. Les filles qui nous suivent depuis longtemps, elles arrivent à surmonter, à se dépasser, à passer des paliers grâce au fait de jouer avec des joueuses comme ça nouvelles, qui leur apportent un plus. Donc c'est tout un bilan positif, parce que tout le monde, tout le groupe à évolué et si on en est là aujourd'hui c'est parce que justement, les anciennes ont su s'adapter au rythme qu'on apporté les nouvelles, mais les nouvelles ont su s'adapter à la mentalité de chez nous et elles ont toutes ensemble construit un collectif. C'est ça la satisfaction avant les résultats, puisque les résultats sont là grâce à ça.

Qu'est-ce que vous aurez appris de votre projet en D2 aujourd'hui ?
J'ai appris à vivre avec des joueuses de haut niveau, avec qui j'ai travaillé depuis longtemps, des émotions différentes et j'ai appris aussi qu'il y avait des choses particulières qui pouvaient se passer dans le football. On ressort fort de cette saison tout de même parce qu'on a vécu beaucoup de choses. C'était tout nouveau [comme projet] pour moi, de gérer un groupe qui était tout là haut, c'était pas facile de garder une équipe active [en tant que leader de la D2] face à des équipes qui jouent plus recroquevillées [dans leur défense]. Y'a pleins de choses positives qui vont ressortir de ce groupe dans ce championnat de D2. On en ressort grandit, avec plein d'expériences supplémentaires et avec surtout plein d'envie et voilà on a des perspectives, une envie de travailler encore mieux.

Coeurs de Foot - Et votre meilleure buteuse, Jana Coryn vous allez la garder pour la saison prochaine en D1 ?
Je sais pas, il faudra lui demander. En D2, on peut faire que des contrats d'un an... Mais je tenais à remercier le sélectionneur de la Belgique, Ives Serneels pour nous avoir permis d'avoir les trois internationales belges pour ce match aujourd'hui, parce qu'elles devaient être en sélection pour préparer l'Euro 2017.

Dounia MESLI