La saison de D1 s'est achevée hier et s'il faudra patienter pour en tirer tous les enseignements, c'était l'occasion d'un premier bilan. Un tour d'horizon avec un seul point d'interrogation laissé en suspens encore quelques jours, pour le PSG dont la saison se jouera probablement à Cardiff, un duel au sommet face à Lyon, sur lequel nous aurons l'occasion de revenir dans les jours qui viennent. En attendant ce dernier acte, voici quelques uns des faits marquants de cette saison 2016/2017.

 

 

Marseille, futur grand de la D1 ?

 

Marseille a réalisé une première saison exemplaire en D1 avec cette quatrième place, un classement final qui témoigne d'abord d'une capacité à apprendre rapidement au contact des meilleures équipes hexagonales. C'est un constat que l'on pourrait presque étendre à l'ensemble des promus malgré des fortunes diverses, mais qui ont chacun à leur manière mieux fini le championnat. A la différence de Metz et Bordeaux, Marseille avait anticipé sur la nécessité de recruter des joueuses expérimentées et rompues à la D1.

 

Avec un effectif riche en expérience, l'OM est au final presque à sa place avec cette quatrième place même si la réussite des Olympiennes reste d'abord une bonne surprise. Une performance qu'il faut saluer sur le plan sportif et symbolique parce qu'elle interpelle dans la cité phocéenne et ailleurs et crée un intérêt nouveau autour de cette équipe et du championnat. La victoire de Marseille face à Paris a peut-être été de ce point de vue la cerise sur le gâteau. On peut y voir un signe encourageant et un éclat sur le plafond de verre qui semblait séparer le « Big 4 » des autres équipes du championnat.

 

Cette première saison en D1 va probablement renforcer l'attractivité de Marseille pour des joueuses qui au-delà du challenge sportif peuvent avoir l'envie de rejoindre un club qui fait figure d'institution dans le football français. C'est un des éléments qui peut permettre à l'OM de s'attaquer désormais à l'écart qui les sépare de Montpellier, Paris et Lyon. Une nouvelle épreuve de fond qui attend Christophe Parra et les joueuses olympiennes, après cette entrée en matière réussie.

 

 

Juvisy décroché du haut de tableau

 

C'était l'un des enjeux de cette fin de saison pour Juvisy, pouvoir reprendre cette quatrième place au combien symbolique, puisqu'il fallait remonter à la fin des années 1980 pour voir Juvisy hors du top 4 du championnat. Le dernier match de la saison face à l'OM était à ce titre symbolique, avec une victoire de la Juv' face aux Olympiennes qui repousse pour le moment le passage entre deux époques.

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Juvisy a connu une saison historique avec des résultats décevants et qui témoignent de la pente douce sur laquelle la Juv' glisse depuis quelques années. Un diagnostic fait également par Marie-Christine Terroni, et elle tente aujourd'hui d'y remédier avec le lancement du projet de fusion avec le Paris FC. Un choix pour sauver le club d'un futur qui pourrait se situer dans le bas de tableau voire même en D2, avec l'arrivée progressive des clubs professionnels dans le football féminin.

 

Sur le plan sportif, la saison a été marquée par la difficulté de Juvisy à gagner en faisant le jeu. La Juv' a réalisé quelques-unes de ses meilleures prestations face à Paris, Lyon ou Montpellier, c'est-à-dire dans des matches où les joueuses de l'Essonne n'avait pas forcément la possession du ballon. Des difficultés à concrétiser, illustrées par les chiffres avec 42 buts inscrits par cette saison, un total en baisse constante depuis plusieurs saisons (64 buts en 2013-2014). Une autre statistique éclairante, le nombre d'équipes à avoir pris au moins un point cette saison face à Juvisy. elles étaient quatre la saison dernière, elles sont neuf cette saison.

 

Une situation qui a probablement précipité le départ d'Emmanuel Beauchet, l'entraîneur de Juvisy avec ce sentiment que Juvisy a perdu un peu de son aura à l'issue de cette saison. Une réputation à retrouver pour une équipe qui compte un nombre important de joueuses internationales, un potentiel qui n'a pas suffi cette saison.

 

Saint-Étienne, la chute libre

 

Juvisy ébranlé, Saint-Étienne a lui coulé cette saison. Une chute précipitée en l'espace de quelques mois, car pour celles et ceux qui ont pu observer le début de saison des Vertes, rien ne semblait présager une descente en D2. Avec treize points à la trêve, et une victoire face à Juvisy début janvier, l'ASSE semblait même à la lutte pour jouer les places d'honneur en haut de tableau.

 

Saint-Étienne pouvait par ailleurs s'enorgueillir de compter dans ses rangs des joueuses comme Mylène Chavas, meilleure gardienne du dernier mondial U20 ou Maëlle Garbino également vice-championne du monde avec les Bleuettes. Des joueuses à fort potentiel, elles sont quelques unes dans le Forez, et les départs risquent d'être nombreux cet été avec le risque de changer dramatiquement le visage d'une l'équipe qui aura forcément l'objectif de remonter rapidement dans l'élite.

 

Sixième à l'issue de la phase aller, Saint-Étienne a pris deux points sur la phase retour. Les Vertes qui étaient l'une des meilleures défenses du championnat ont littéralement pris l'eau avec trente buts encaissés sur les onze derniers matches, et seulement trois inscrits sur la même période. Une défaillance d'autant plus spectaculaire avec cette victoire des Stéphanoises face à Montpellier (1-0 dans l'Hérault) en quart-de-finale de la Coupe de France, au mois de mars dernier.

 

Une compétition que l'ASSE avait remporté en 2010, avec déjà à sa tête Hervé Didier, l'entraîneur qui a décidé de jeter l'éponge après avoir fait le constat d'un manque de volonté au sein du club de donner de bonnes conditions de jeu et d'entraînements aux joueuses de son équipe. Une annonce faite au mois d'avril, alors que le club se rapprochait dangereusement de la zone de relégation. Une décision qui n'a pas entraîné de sursaut ou de prise de conscience particulière et les Vertes descendent désormais en D2, dix ans après la montée du Racing Club de Saint-Étienne, passée ensuite sous la coupe de l'ASSE.

 

Les « petits » font de la résistance

 

Parmi les équipes promises à la descente, Albi s'est offert un nouveau sursis. Au-delà du cas emblématique de l'ASPTT, Soyaux et Rodez se sont également sortis de cette saison sans encombres. Si le haut de tableau reste inaccessible, les sections d'équipes professionnelles n'ont pas encore le monopole de la D1. La raison est peut-être que le savoir-faire et l'expérience de ces « petits clubs » les préservent face à des clubs pros qui n'ont pas forcément mis les moyens suffisants pour faire briller leur équipe en D1.

 

Le cas le plus caricatural est peut-être le FC Metz, avec nombre de jeunes joueuses talentueuses, une équipe séduisante et un manque criant à la pointe de l'attaque qui ne sera comblé qu'en janvier avec l'arrivée de Melike Pekel, trop tard pour assurer le maintien. Dans cette situation, les plus faibles moyens des clubs amateurs ne sont pas encore un handicap insurmontable. Emmené par une Laura Bourgouin régulièrement décisive, Soyaux s'est illustré cette saison, et ce malgré des blessures qui ont pesé sur la deuxième partie de saison.

 

Pour Rodez, le bilan est peut-être plus contrasté, notamment parce que l'équipe de Sébastien Joseph était allée chercher la cinquième place la saison dernière. Une performance qui n'a pas été possible cette saison avec de nombreux points laissés en route et une équipe de Rodez qui a dû attendre l'avant-dernière journée pour se maintenir.

 

Une saison compliquée et à l'issue de laquelle, Sébastien Joseph a quitté le club pour rejoindre Soyaux. Trois clubs qui se maintiennent mais qui voient partir leurs entraîneurs à l'issue de la saison, signe que les résultats ne sont pas forcément garants de la stabilité, dans une D1 en mouvement et où ces clubs devront continuer à s'adapter pour pouvoir rester au plus haut niveau.

 

 

Montpellier retrouve l'Europe

 

Il était temps. Depuis 2010, Montpellier voyait défiler les années sans Europe, avec Juvisy puis le Paris Saint-Germain qui ont privé Montpellier des émotions de la Champions League. Une époque que les plus jeunes héraultaises ont connu depuis le bord du terrain, et qu'elles vont pouvoir vivre à leur tour. Car pouvoir jouer l'Europe est aussi un élément qui peut aider à conserver certaines Montpelliéraines qui auraient pu être tentées de rejoindre l'Olympique Lyonnais ou le Paris Saint-Germain.

 

Un argument de poids pour des joueuses comme Sandie Toletti ou Sakina Karchaoui, rouages essentiels du collectif héraultais et pour qui les compétitions européennes participent d'une progression qui s'écrit aussi en équipe de France où elles font désormais des apparitions régulières. Les jeunes montpelliéraines qui ont aussi dû prendre le relais cette saison sur le plan offensif après la blessure de Sofia Jakobsson, à l'image de Lindsey Thomas, Valérie Gauvin, Stina Blackstenius, trois joueuses prolifiques sur cette deuxième partie de saison.

 

Montpellier s'est montré plus régulier cette saison que Paris, ce qui a permis au club héraultais de prendre le meilleur au terme de plusieurs chassés-croisés entre les deux équipes. Les arrivées de Blackstenius mais aussi de Janice Cayman se sont révélées précieuses pour maintenir la continuité dans les résultats, ce qui avait manqué lors des deux derniers exercices. Une saison pleine, symbolisée par ce chiffres de 18 victoires, le plus grand nombre de succès obtenus par Montpellier en D1 depuis 2005, la dernière saison où le MHSC avait remporté le titre de championnes de France.

Hichem Djemai