A 20ans tout juste, Anais Tenreiro a eu la lourde tâche en tant que capitaine de mener son équipe d'Evry face au club élite, le Metz FC. Un rôle qu'elle a tenu, malgré les coups et la difficulté de la rencontre, but après but. Si la joueuse révèle qu'elle savait à quoi s'attendre lors de ce match, elle sait aussi que c'est une bonne façon d'apprendre pour la suite de leur championnat en DHR. Interview.

Le combat n'est pas toujours équitable, d'un même championnat mais encore plus d'une division à une autre, assurément. Pourtant le niveau ne cesse de progresser, d'années en années, malgré les niveaux des équipes. Toutes veulent "prendre du plaisir" mais le plaisir ne passe-t-il pas par la gagne ? Pas forcément, le football c'est avant tout le dépassement de soi. De là vient le plaisir, pas de la victoire. Donner le meilleure de soi-même, ça reste le fondement primaire du Football. C'est ce dont on a évoqué avec Anais Tenreiro.

"Paris FC" c'était "plus compliqué"

Compliqué comme match, c'est quoi que vous en retiendrez ?
Plutôt oui mais c'était un bon entrainement [grandeur nature] pour nous. On savait qu'on été pas favori, on est venu là, on s'est dit 'on va prendre du plaisir', même si c'est un score qui est lourd, on a appris beaucoup de choses pour le championnat, ça reste bon.

Votre dernier match, c'était contre Paris FC justement, une courte défaite 1-0, est-ce que ça a joué sur votre moral avant d'enchaîner sur ce match de Coupe de France ?
Je pense plus que c'était les vacances qui ont joué (rires). On a eu une...longue pause, pas une longue pause mais y'a eu les fêtes etc c'était compliqué de reprendre [le rythme à l'entraînement]. Après je pense qu'on a été solidaires du début jusqu'à la fin, on s'est pas laissées abbatres par le score ou autre. On a essayé de travailler au maximum. Je pense pas qu'il s'est joué à grand chose le match contre Paris FC parce qu'il était plus compliqué que celui-là [face à Metz], en terme de moral parce qu'on a pris beaucoup de coups, y'a eu beaucoup d'enguelades etc ce qui a fait que ça allait pas donc c'était un autre contexte en fait.

"à un moment faut être réaliste"

En plus durant le match, on voyait que vous teniez la route, vous étiez pas vraiment moins physique, peut être dans la vitesse, et vous n'utilisiez pas assez vos couloirs parce que c'est un exercice qu'on apprend mais qu'on arrive pas forcément à mettre en place, en situation. Mais est-ce que vous pensez que vous auriez pu inscrire un but ?
Oui je pense, on devrait plus travailler le jeu au sol, à poser le ballon, faire notre jeu tout simplement mais je pense qu'avec le stress justement de rencontrer une D1, toutes les filles ont perdu un peu de leur capacités parce qu'on était pas toutes à 100%, je pense. Puis Metz, techniquement elles étaient au-dessus, je veux dire à un moment faut être réaliste, elles faisaient des une touche de balle, elles jouaient entre les espaces etc Je pense que ça nous a stressé dès le départ et on a pas réussi à mettre notre jeu en valeur, à bien distribuer les ballons, à le poser, ni à utiliser les couloirs et ainsi de suite
Pour vous la Coupe de France, ça reste quand même un moyen de mettre les projecteurs sur vous, d'attirer un peu plus de spectateurs, d'attention ?
Bah oui je pense, que c'est un bon moyen, ça peut ramener des joueuses aussi, après je trouve ça bien, je trouve qu'on est arrivé loin pour un club à notre niveau, on a fait notre beau petit parcours.

Quand tu parles de "ramener des joueuses" c'est aussi ça ce dont à besoin un club comme Evry en fin de compte ?
Oui c'est ça. Du coup c'est pareil on se fait connaitre dans le sens où des joueuses peuvent être recrutés aussi ou des joueuses peuvent venir chez nous.

Tout à l'heure on a entendu quelqu'un dire qu'une de tes coéquipières pouvait jouer à Montpellier. C'est aussi ça le but d'un club comme Evry ?
Oui c'est ça.

"maintenant c'est plus difficile"

Parce que aujourd'hui ça devient de plus en plus difficile d'accéder au niveau supérieur.
Oui ça c'est sûr, surtout le fait qu'il y a eu le changement au niveau des divisions aussi [moins de clubs, de meilleures qualités] du coup maintenant c'est plus difficile mais bon s'y fait.

Donc l'objectif d'Evry, c'est plus de former des bonnes joueuses pour les faire jouer dans d'autres clubs, à un meilleur niveau ?
Oui voilà, au final ça reste de la formation. Après elles [messines] elles sont formées tous les jours ou peut être plus de jours que nous, du coup nous on est formées sur quelques heures. Après on prend du plaisir, c'est tout ce qu'on essaye de faire, on s'amuse et on ira le plus loin possible [dans notre carrière].

Tu as quel âge ?
...moi j'ai 20ans, je réfléchis parce que je viens à peine de les faires (rires).

Sur le terrain on voyait que quand même, qu'en tant que capitaine tu t'ai donné. Tu avais à cœur de ne rien lâcher ?
Oui, j'ai 20ans, je suis pas la plus jeune, parce qu'il y a encore plus jeune mais je suis pas mal dans ça... Ça fait 3ans je crois que la coach m'a mis capitaine. J'avais 17 ou 18ans quand j'ai pris le brassard. J'ai commencé le football, y'a 12ans à peu près. Quand je suis arrivée à Evry, j'ai passé une année en PL parce que j'ai eu un problème de licence, après je suis montée en DH. J'ai connu le niveau au-dessus, on est redescendu et à partir du moment où on était en DHR, on m'a mis capitaine.

Alors comment ça s'annonce la suite de votre saison au sein de votre championnat de Division d'Honneur Régionale ? Vous êtes 6ème au classement.
On est 6ème...on va dire que les résultats ne suivent pas notre progression. Nos matchs sont biens, on est pas assez...je dirais pas concentrées parce qu'au final ça se passe bien mais on va y arriver, moi je suis sûre que même si on a eu un mauvais résultat face à Etampes, on aurait pu faire quelque chose de meilleurs. On va se rattraper sur la deuxième partie de la saison, c'est ce qui compte.

Les matchs retours ?
Oui, voilà, de toute façon on a pas le choix (rires).

Tu es défenseur centrale, on a vu que tu as eu un violent choc ?
Oui. Oui c'était en-dessous de mon genou, ça a gonflé, j'ai un œuf maintenant (rires). Je sais pas ce qui s'est passé. Surement le contact avec la joueuse [de Metz]. J'y suis allée, je pense que j'ai pris un coup au moment où je me suis stoppée et après y'a eu quelque chose, je pense son protège tibia ou un coup de pied, je ne sais pas.

"On aime pas trop se faire marcher dessus, en règle générale"

Le match était vraiment physique alors ?
Oui, elles aiment pas trop les coups, et nous on aime pas trop les prendre non plus, du coup plus on en prend, plus on va en donner (sourire). On est très caractérielles. On aime pas trop se faire marcher dessus, en règle générale.

Vous avez eu quand même des occasions, surtout vers la fin du match ?
Oui je crois, après comme je le disais avec ma coach, elles ont été très bonnes dans le jeu aérien, des belles têtes. Du coup ça on a un petit peu du mal de notre côté, vu qu'on est un peu toute petite, et on a du mal à sauter très haut, on a pas une bonne détente mais ça, ça se travaille et on le travaillera à l'entraînement.

 

Photo : Nelson Fatagraf

Dounia MESLI