C’est la question qui entoure ce groupe B, avec un casting qui réunit l’Allemagne, l’Espagne, le Danemark et la Finlande. Sur le papier, c’est tout simplement le groupe le plus relevé de ce premier tour, avec la Finlande qui apparaît comme l’équipe la moins en mesure d’atteindre les quarts de finale...

 

=> Euro 2022 : Le programme complet de la compétition (dates, diffusions TV)

 

Simple figurante ou dans un rôle d’arbitre, la sélection scandinave retrouve l’Euro après avoir manqué l’édition 2017 aux Pays-Bas. Un retour légitime pour la Finlande, avec des joueuses que l’on retrouve dans les différents championnats européens, sans oublier sa défenseure centrale Natalia Kuikka qui évolue en NWSL sous les couleurs des Thorns de Portland. En France, les supporters du Paris FC se souviennent du passage de Linda Sällström, alors que la gardienne de Fleury, Katriina Talaslahti va participer à son premier grand tournoi international.

 

La Finlande a soigné son retour

Dans les buts, c’est pourtant Tinja-Riikka Korpela qui devrait débuter, gardienne de Tottenham en Angleterre, et capitaine de cette sélection finlandaise. Elle fait partie des six joueuses, parmi les vingt-trois sélectionnées par Anna Signeul, qui étaient déjà présentes en Suède en 2013, lors de la dernière participation de la Finlande à un Euro.

En continuant à explorer son histoire, l’équipe finlandaise peut trouver des motifs d’encouragement, et notamment le fait que son meilleur résultat dans un Euro avait été obtenu en 2005, en Angleterre, atteignant à l’époque les demi-finales (l’Euro se jouait alors à huit équipes). Le retour de la Finlande en phase finale s’explique en partie par sa présence dans un groupe de qualification ouvert aux côtés du Portugal et de l’Écosse (groupe E).

Les Finlandaises ont tiré leur épingle du jeu, terminant en tête du groupe, avec deux victoires au finish face au Portugal et l’Écosse qui lui ont permis de se détacher. Parmi les arguments offensifs de la Finlande, le duo Linda Sällström – Sanni Franssi, cette dernière qui sort d’une saison réussie avec la Real Sociedad. Pourtant la Finlande aborde aussi ce tournoi avec une seule victoire en 2022, contre la modeste Géorgie.

La Finlande n’a probablement rien à perdre dans ce groupe B, a fortiori vu la force proposée par ses adversaires. Le Danemark a été finaliste du dernier Euro, l’Espagne est annoncée comme l’une des équipes favorites pour le titre, alors que l’Allemagne est la sélection qui a remporté le plus de championnats d’Europe, avec déjà huit trophées dans la vitrine de la Nationalmannschaft.

 

L’Allemagne de tous les possibles

Les temps sont pourtant moins réjouissants pour les joueuses de Martina Voss-Tecklenburg, elle-même quadruple vainqueure de l’Euro entre 1989 et 1997, en tant que joueuse. Il y a cinq ans aux Pays-Bas, l’Allemagne avait connu son moins bon résultat, éliminée dès les quarts de finale. La Coupe du Monde 2019 avait confirmé ce recul dans la hiérarchie, avec une sortie de route de nouveau en quart de finale.

Nation majeure, l’Allemagne ne fait donc plus peur sur la scène européenne, et constitue l’une des grandes inconnues de cet Euro. Signe de cette évolution, la défaite subie par l’Allemagne en avril dernier face à la modeste Serbie (3-2), un résultat qui retarde la qualification de la Nationalmannschaft pour la prochaine Coupe du Monde.

La sélection allemande reste pourtant l’une des plus riches de cet Euro, notamment au milieu de terrain, en dépit des absences de Melanie Leupolz ou de la Lyonnaise Dzenifer Marozsan, blessée au genou droit début mai. Sur le papier, l’entrejeu allemand apparaît même comme l’un des plus denses parmi les 16 équipes qualifiées.

Il propose de multiples associations possibles, en s’appuyant sur les automatismes en club (à l’image du duo Oberdorf-Lattwein qui pourrait être alignée devant la défense), et des joueuses qui excellent dans la création du jeu, comme la néo-lyonnaise Sara Däbritz, mais aussi Lina Magull ou Svenja Huth.

 

Des pieds d’argile ?

Parmi les faiblesses identifiées de cette équipe d’Allemagne, la fragilité potentielle de sa défense centrale. Elle s’explique notamment en raison du faible temps de jeu de Marina Hegering, au terme d’une saison émaillée de blessures, et pourtant pressentie pour être l’une des deux titulaires dans l’axe (avec Kathrin Hendrich). Martina Voss-Tecklenburg a en revanche l’embarras du choix au poste de gardienne, avec trois joueuses (Merle Frohms, Almuth Schult et Ann-Katrin Berger) qui pourraient légitimement postuler à un rôle de numéro une.

Autre interrogation, l’efficacité de l’attaque allemande, composée de jeunes joueuses ou avec une faible expérience au niveau international. En pointe, on devrait retrouver Lea Schüller, meilleure buteuse de Bundesliga cette saison avec le Bayern (16 buts). Sa jeune coéquipière en Bavière, Klara Bühl (21 ans) pourrait également faire des étincelles cet été, alors que Tabea Wassmuth va prendre part à son premier Euro après une saison réussie avec Wolfsburg (24 buts, dont 10 en Champions League).

Malgré ces atouts, l’Allemagne pourrait sortir de la compétition dès le premier tour, en raison de l’adversité dans ce groupe B. L’équipe du Danemark n’en serait d’ailleurs pas à son coup d’essai, puisque ce sont elles qui avaient éliminé l’Allemagne en quart de finale de l’Euro 2017.

 

Le Danemark veut se mêler à la lutte

Cinq ans après, on retrouve une partie des protagonistes de l’excellent parcours danois, à commencer par sa capitaine Pernille Harder. Aujourd’hui sous les couleurs de Chelsea, Pernille Harder connaît une période moins prolifique en Angleterre, après avoir affolé les compteurs lors de son passage à Wolfsburg. En sélection, elle est en revanche attendue pour retrouver son rôle de catalyseur du jeu offensif danois.

On retrouve d’autres cadres de l’épopée de 2017, à l’image de Sanne Troelsgaard, Sofie Junge Pedersen ou de l’iconique Nadia Nadim. Des cadres de la sélection danoise désormais entourées par une nouvelle génération, qui donne l’impression d’un groupe rajeuni sous les ordres de Lars Søndergaard.

Parmi les espoirs de cette sélection danoise, on peut citer Mie Gejl (22 ans), l’attaquante du BK Häcken en Suède, Kathrine Kühl (18 ans), on encore la polyvalente Sofie Svava (21 ans), déjà passée par Rosengard, Wolfsburg et aujourd’hui au Real Madrid. La Lyonnaise Signe Bruun s’apprête également à disputer son premier tournoi majeur, titulaire potentielle au poste d’avant-centre du Danemark, après avoir inscrit 13 buts cette saison en sélection.

Ce rajeunissement se ressent également au poste de gardienne, avec trois joueuses peu expérimentées pour évoluer dans les buts danois. Régulièrement titularisée ces derniers mois en éliminatoires pour la Coupe du Monde, c’est la jeune gardienne de Rosenborg, Lene Christensen (22 ans) qui semble être l’option première pour débuter l’Euro.

 

L’Espagne, l’équipe la plus attendue

Le Danemark avec une carte à jouer, et une Espagne promise aux sommets européens cet été. Difficile pourtant de se faire un avis définitif sur une Roja aux ambitions bien légitimes. Une partie des observateurs place l’équipe de Jorge Vilda parmi les candidates au titre, alors que l’Espagne n’a atteint les demi-finales qu’à une seule occasion, lors de l’Euro 1997.

La sélection ibérique peut aussi s’appuyer sur la montée en puissance de l’ensemble de ses équipes nationales, notamment en jeunes, avec un premier titre mondial obtenu par la Rojita en 2018 dans la catégorie U17. Deux joueuses sacrées il y a quatre ans en Uruguay, Claudia Pina et Salma Paralluelo, font partie de la sélection espagnole pour l’Euro cet été.

 

L’empreinte du Barça

Une montée en puissance également visible en club, avec le titre obtenu par le FC Barcelone en Champions League en 2021, sans oublier les deux finales perdues face à Lyon en 2019 et en mai dernier. La sélection espagnole pour cet Euro est d’ailleurs constituée autour d’une colonne vertébrale composée de joueuses du Barça.

Cela se ressent notamment au milieu de terrain, le plus souvent constitué de trois joueuses blaugranas, dont la Ballon d’or 2021, Alexia Putellas, véritable plaque tournante de cette équipe d’Espagne. Du côté de la défense, les buts devraient être gardés par Sandra Panos, qui officie aussi à Barcelone, et trois des quatre défenseures titulaires devraient aussi être issues des rangs du Barça (en incluant Leila Ouahabi qui vient de rejoindre Manchester City cet été).

Sur le côté droit, on devrait retrouver Ona Batlle, la latérale droite de Manchester United, déjà championne d’Europe dans les catégories U17 et U19, et qui compte aujourd’hui parmi les meilleures latérales de FA WSL, le championnat anglais.

 

Le monopole du ballon

Le secteur offensif espagnol semble être le dernier étage à bâtir pour assurer l’envol de la fusée. Des interrogations subsistent notamment après le forfait de Jennifer Hermoso, meilleure buteuse de la sélection espagnole. La surprise est ensuite venue de la non-sélection d’Amaiur Sarriegi, l'attaquante de la Real Sociedad qui avait fait une entrée tonitruante en sélection ces derniers mois, inscrivant 12 buts en 12 apparitions avec la Roja.

D’autres joueuses comme Esther Gonzalez (Real Madrid) ou Lucia Garcia (Athletic Bilbao), précieuse lors du dernier Mondial, pourraient être titularisée à la pointe de l’attaque, alors que l’on pourrait assister à l’éclosion définitive d’Athenea del Castillo, l’une des joueuses les plus spectaculaires de l’équipe d’Espagne, à seulement 21 ans.

Ces choix sur le plan offensif qui doivent notamment répondre à la nécessité pour l’Espagne de ne pas s’enfermer dans un jeu de possession stéréotypé. Une prévisibilité qui avait participé à la sortie prématurée de la Roja lors du dernier Euro, éliminée dès les quarts de finale.

 

[MAJ 6/7] À la veille du tournoi, Alexia Putellas s’est blessée au genou gauche et sera donc forfait pour l’Euro. Son absence combinée à celle de Jennifer Hermoso prive l’Espagne de ses deux joueuses les plus capées et de ses deux meilleures buteuses en activité. Des forfaits qui pourraient évidemment impacter les chances de la Roja dans cet Euro...

 

Photo : RFEF (Ona Batlle [Espagne] et Klara Bühl [Allemagne], le 17 février 2022 au Riverside Stadium de Middlesbrough. L'Espagne et l'Allemagne avaient fait match nul [1-1] en ouverture de l'Arnold Clark Cup.)

 

Les équipes du Groupe B :

Allemagne

Classement FIFA : 5e

Participations à l’Euro : 11e participation

Dernière participation : 2017 (quart-de-finaliste)

Meilleur résultat : Championne d’Europe (1989, 1991, 1995, 1997, 2001, 2005, 2009 et 2013)

Capitaine : Alexandra Popp (VfL Wolfsburg / Allemagne)

Comment se sont-elles qualifiées ? Premières du groupe I de qualification

 

Danemark

Classement FIFA : 15e

Participations à l’Euro : 10e participation

Dernière participation : 2017 (finaliste)

Meilleur résultat : Finaliste (2017)

Capitaine : Pernille Harder (Chelsea / Angleterre)

Comment se sont-elles qualifiées ? Premières du groupe B de qualification

 

Espagne

Classement FIFA : 7e

Participations à l’Euro : 4e participation

Dernière participation : 2017 (quart-de-finaliste)

Meilleur résultat : Demi-finaliste (1997)

Capitaine : Irene Paredes (FC Barcelone / Espagne)

Comment se sont-elles qualifiées ? Premières du groupe D de qualification

 

Finlande

Classement FIFA : 29e

Participations à l’Euro : 4e participation

Dernière participation : 2013 (phase de groupes)

Meilleur résultat : Demi-finaliste (2005)

Capitaine : Tinja-Rikka Korpela (Tottenham Hotspur / Angleterre)

Comment se sont-elles qualifiées ? Premières du groupe E de qualification

 

Groupe B – Le programme des rencontres :

Espagne – Finlande (8 juillet, 18h – Stadium MK, Milton Keynes)*

Allemagne – Danemark (8 juillet, 21h – Brentford Community Stadium, Londres)

Danemark – Finlande (12 juillet, 18h – Stadium MK, Milton Keynes)

Allemagne – Espagne (12 juillet, 21h – Brentford Community Stadium, Londres)

Finlande – Allemagne (16 juillet, 21h – Stadium MK, Milton Keynes)

Danemark – Espagne (16 juillet, 21h – Brentford Community Stadium, Londres)

* Les horaires des rencontres sont indiqués à l’heure française (UTC+2)

 

Euro 2022 – Présentation des groupes :

=> Groupe A : Une rampe de lancement idéale pour l’Angleterre ?

=> Groupe C : Les ambitieuses et l’invité de dernière minute

=> Groupe D : Nuances de bleu et duel enflammé pour l’équipe de France

Hichem Djemai