En zone mixte, Wendie Renard est revenue sur la finale de Coupe de France remportée ce samedi 13 mai face au PSG (2-1), à Orléans. Comme pour son entraîneure Sonia Bompastor, la capitaine de l'Olympique Lyonnais a eu une pensée émue pour son président, Jean-Michel Aulas, qui a quitté son poste cette semaine et évoque le futur du club.

 

 

Journaliste - Parlez-nous un peu de la scène du vestiaire avec le président du club [Jean-Michel Aulas], qui est venu vous saluer et qui était très ému de refermer cette longue parenthèse à l'OL avec un nouveau titre offert par les féminines.

Wendie Renard - Ce n'était pas facile [comme moment]. C'est un sacré personnage et on avait encore à coeur cet après-midi de gagner encore pour lui. Je me rappelle des débuts à l'OL, où on en est encore aujourd'hui...

Lui et son staff, on lui doit beaucoup, donc c'était important de gagner peu importe la manière. Quand on l'a vu avant le match, dans quel état il était, ça nous a tous et toutes touché. On s'est dit : "Il n'y a pas moyen, il faut gagner !"

 

Journaliste - Au niveau symbolique, ce n'est pas le plus fort [moment] pour toi, qui a tout connu à Lyon [ce départ de Jean-Michel Aulas] ?

W. R. - Je ne sais pas (elle souffle et réfléchit brièvement). Il faut quand même un peu de recul. En termes d'émotion, je pense, car le Président est toujours un peu discret. Vous, la presse, les gens, vous ne le connaissez pas comme nous on le connaît. Je peux vous dire que c'est quelqu'un, humainement, c'est un homme (elle s'exclame) qui a beaucoup de valeurs. Ce n'est pas facile, à juste titre [de le voir quitter la présidence]...

Par moment, il a fait des choses ouvertement, et la presse est montée [sur ses sorties]. C'est normal, l'image qu'il peut donner, qu'il peut laisser, ça peut être négatif, mais en tout cas, nous, personnellement et collectivement, on sait ce qu'il a fait pour nous, on sait ce qu'il est et on sait ce qu'il sera toujours. Et comme je lui ai dit, il aura toujours mon respect jusqu'à la fin de mes jours, jusqu'à mon dernier souffle. Parce que c'est un homme de valeurs, c'est un homme qui agit beaucoup. Et ça fait plaisir d'avoir fait ça [gagner la Coupe de France] encore pour lui aujourd'hui.

 

Journaliste - Comment prendre la suite justement sans lui, ça va être aux joueuses comme vous, qui le connaissait beaucoup, qui avait l'expérience de tous ses titres accumulés, de prendre le relais plus qu'à des nouveaux propriétaires qui arrivent par exemple peut-être ? 

W. R. - Non, le business, je ne rentre pas dedans. Aujourd'hui, c'est une ère qui se ferme, une page qui se tourne avec le Président Aulas. Il y a John Textor qui est arrivé aussi avec ses ambitions et nous on aura toujours à cœur de gagner avec lui et peu importe la personne qui est là. Moi, je parle juste de l'humain, du Président, de tout ce qu'on a vécu pendant [des années]...

Ça fait 17 ans que je suis à l'OL. J'ai vécu beaucoup, beaucoup de choses avec lui. On a gagné beaucoup de titres ensemble. Il a fait des choses que peu faisaient et moi c'est sur ce côté-là que je veux souligner et mettre en valeur, en lumière [ce qu'il a fait pour les féminines] parce qu'on est des compétitrices et peu importe la nouvelle direction qui arrive, ils le savent déjà. On est au taquet et on a envie de continuer à gagner le maximum de trophées à l'avenir. Maintenant, chaque chose en son temps. Je pense qu'ils savent où ils ont mis les pieds aussi les nouveau propriétaires, je le dis dans le bon sens du terme. Nous, on est des compétitrices, on a toujours envie de gagner, de donner le meilleur de nous, donc on fera tout à l'avenir. C'est une page qui se tourne avec le Président Aulas, mais c'est une autre aussi qui s'ouvre avec Michele Kang et John Textor. Donc très contente [de leur présence]...


Journaliste - Vous avez beaucoup joué contre le PSG, beaucoup en Coupes, parfois des défaites, parfois des victoires. Comment avez-vous vécu le match d'aujourd'hui ? Vous marquez très rapidement, mais elles reviennent, vous êtes à 10. Ça, s'est joué jusqu'à la dernière minute, alors qu'au début, on se disait que ça allait peut-être se plier rapidement ?

W. R. - Non, on n'a pas été mises en danger très régulièrement. Je pense qu'au moment où on marque, Paris à la possession et je pense qu'on marque [au bon moment]... Je ne sais pas s'il y a un bon moment pour marquer dans un match, mais je pense qu'on marque au moment où on est un peu moins bien. Sur un beau but d'Ada [Hegerberg], derrière on arrive à faire le break rapidement (sur un doublé de Ada Hegerberg, ndlr) et puis on les relance avec ce penalty. À 2-1, le match n'est pas plié. Et on s'est dit à la mi-temps qu'il fallait revenir et essayer de marquer ce troisième rapidement. On savait qu'elles allaient pousser, c'est normal. Donc face à une belle équipe [du PSG] avec une possession intéressante, un jeu intéressant... On a su tenir, on prend le rouge dans les derniers instants. Heureusement, il n'y a pas plus de temps que ça, car je pense que ça pourrait être difficile [pour nous de maintenir le score]. Mais voilà, on ramène le trophée et c'est le plus important.


Journaliste - Wendie, vous allez profiter un petit peu ce soir, mais c'est la première manche des deux que vous avez gagné. Dimanche prochain, il y a le choc en championnat...

W. R. - Oui, on sait. On a vu une belle équipe de Paris ce soir... 

Chez moi, il y a toujours de l'humilité quand je gagne et même quand je perds, donc ça ne changera pas de mon côté. Parce que la vérité d'aujourd'hui n'est pas celle de demain. Ce n'est pas parce qu'on a gagné aujourd'hui que ça y est, on se prend pour ce qu'on n'est pas. On va savourer parce qu'un titre reste un titre et ce n'est jamais facile de gagner. Mais dès demain, on a déjà décrassages, entraînement. Vous pouvez compter sur moi et sur le staff aussi et sur l'équipe. Je pense que nous sommes assez lucides sur les compétitions et chaque chose en son temps. Il faut savourer, mais on va se pencher dessus tranquillement dans la semaine.