C'était l'heure du retour à Clairefontaine pour les Bleues, avec Viviane Asseyi parmi les 23 retenues par Corinne Diacre. Devenue l'une des figures du groupe tricolore, elle a répondu à nos questions, l'occasion d'évoquer son entrée en matière réussie avec son nouveau club, le Bayern Munich...

 

Coeurs de Foot – Vous avez fait récemment vos débuts en Bundesliga avec le Bayern. 2 matches et déjà 2 buts. Quel regard vous avez sur vos premiers pas dans le championnat allemand ?

Viviane Asseyi – Ils m'ont très bien accueillie, et je pense que ça se voit, que ce soit le club, le staff, les joueuses. Le terrain reflète un peu notre vie à l'extérieur, et je suis vraiment très bien. Au quotidien, on travaille beaucoup, on travaille dur, mais tout dans la joie donc tout ce que j'aime. Je me sens vraiment bien.

 

CDF – Cet été, vous parliez de cette « mentalité allemande », de leur rigueur dans le travail. Cela fait partie des raisons qui vous ont poussé à choisir le Bayern ?

V.A – Oui bien sûr, après chaque club [possède] sa manière de travailler. La mentalité allemande, on la voit même quand on joue en sélection contre l'Allemagne. Ils sont beaucoup dans la rigueur. Après les gens ne connaissent pas leur côté « marrant ». Ils arrivent à utiliser les deux, donc c'est parfait pour moi.

Quand on est dans les séances, tout le monde rigole, ça chambre beaucoup, c'est compétitif. [À l'entraînement], ça chambre l'autre équipe, donc les autres veulent encore plus gagner. Tout est dans la compétition, ça se passe très bien.

 

« [En Bundesliga], elles mettent beaucoup d'impact physique »

 

CDF – Avec cet avant-goût du championnat allemand, est-ce qu'il y a déjà des différences que vous notez par rapport à votre expérience en D1 ?

V.A – Déjà, elles sont très combatives, très physiques. Je peux vous dire que quand vous êtes au duel, en un contre un avec le défenseur, qu'elle soit dos à vous ou que vous allez la dribbler, elles mettent beaucoup d'impact physique. Je suis aussi partie là-bas pour travailler sur ça, donc c'est tant mieux.

 

CDF – Vous avez également fait bonne impression en Champions League face à Lyon. Le Bayern a été l'une des équipes qui a le plus gêné Lyon sur ce Final 8...

V.A – Oui après... avec Bordeaux aussi, si on prend un peu du recul [Bordeaux avait accroché Lyon (0-0) en Gironde, la saison dernière, alors que Viviane évoluait encore au club]. On a tout donné sur ce match-là, après chaque équipe est différente. Certes, on les a embêtées, mais on n'a pas réussi à gagner. Donc c'est bien beau, mais si on ne gagne pas derrière... On a tout donné, et si les gens se sont régalés à nous voir, c'est tant mieux.

 

CDF – Cette rentrée, c'est donc aussi ce retour en équipe de France, six mois après... Comment vous vivez ce retour à Clairefontaine ?

V.A – Franchement, ça fait du bien. C'est toujours bien de pouvoir revenir à Clairefontaine, d'être ici en équipe de France. On est toutes entre copines. Ça fait du bien d'être revenue, surtout après tout ce qu'il s'est passé. Personnellement, je m'en rends compte de la chance que l'on a. Déjà [habituellement] quand on vient ici, mais là avec tout ce qu'il s'est passé les six derniers mois, ça fait vraiment du bien.

 

« Je sais qu'il faut que je me donne tout le temps, que ça ne tombe pas du ciel »

 

CDF – Est-ce que cette période à changé votre regard sur le football ? Avec l'épidémie et donc le fait de devoir prendre du recul pendant quelques mois...

V.A – Je suis quelqu'un qui aime trop le foot ! Qu'il y ait une épidémie, tout ce qu'il peut se passer dans le monde... Au contraire, je vais avoir encore plus envie de jouer parce que je me dirai que je suis en bonne santé. Après, c'est ma philosophie.

Non, ça n'a pas changé mon envie de jouer au foot. Je pense qu'on a eu juste plus de temps à consacrer sur notre vie hors-foot sur cette période-là. Le foot nous prend beaucoup de temps, et on a d'autres projets. [Sur cette période], j'ai eu plus de temps pour me concentrer dessus et prendre encore plus soin de ma famille.

 

CDF – Votre présence pour ce rassemblement confirme aussi une tendance. Même si vous n'êtes pas toujours titulaire, vous avez réussi à vous imposer durablement dans le groupe construit par Corinne Diacre...

V.A – Personne n'est indispensable dans une équipe. Je fais le maximum en club pour être appelée en équipe de France. Après si on est toutes ici, c'est qu'on l'a mérité et qu'on travaille bien en club et quand on est ici [en sélection]. Avec mon passé, je sais qu'il faut que je me donne tout le temps, que ça ne tombe pas du ciel.

C'est aussi pour ça que je suis partie au Bayern, parce que je me suis dit qu'il faut que je passe plusieurs étapes supplémentaires.

 

« [Au Bayern], on n'est pas figées à un poste offensivement »

 

CDF – Votre prochain adversaire, la Serbie, c'est l'un de vos derniers buts en équipe de France, et aussi un match dont vous avez peut-être parlé avec l'une de vos coéquipières au Bayern, Jovana Damnjanovic...

V.A – Oui, forcément. Je suis vraiment dégoûtée qu'elle ne puisse pas être là au match, c'est une très bonne attaquante avec une très bonne mentalité. Même là avec ses croisés, c'est un exemple au quotidien. Donc oui, dégoûtée, j'aurais bien aimé faire une rencontre contre elle.

[Jovana Damnjavoic, attaquante serbe du Bayern s'est blessée lors du quart-de-finale de Champions League face à Lyon, avec une déchirure du ligament croisé antérieur du genou droit. Elle fait partie des meilleures joueuses serbes du moment, même si cela fait quelques années qu'elle n'a plus évolué en sélection nationale.]

 

CDF – Dans cette attaque du Bayern, on voit que Jens Scheuer ne cherche pas, pour le moment, à vous faire jouer à un poste en particulier, parfois à droite, en pointe ou en deuxième attaquante...

V.A – Oui, c'est ça qui est bien aussi. On n'est pas figées à un poste offensivement, et c'est ça qui est bien. Tout le monde peut jouer à tous les postes, c'est tant mieux pour l'équipe, pour moi et le coach. Je suis quelqu'un qui aime bien bouger offensivement, je n'aime pas rester à un poste. Donc voilà, le fait qu'il nous donne l'occasion de bouger offensivement, c'est parfait pour moi ! C'est ce que j'aime le plus.

 

Photo : Guillaume Bigot / FFF

Hichem Djemai