En zone mixte, Gérard Prêcheur n'a pas caché sa frustration et sa déception quant à l'issue de la rencontre, perdue 1-0 face à Lyon au Parc des Princes. Une défaite qui prive le PSG de tout titre cette saison, avec la Coupe de France perdue le week-end dernier face au même adversaire.

 

Journaliste - Vous avez dit après le match de Coupe de France qu'il faudrait éviter d'avoir de nouveaux regrets, malheureusement ce soir c'est encore le cas. C'est un peu votre sentiment ce soir ?

Oui c'est le sentiment qu'on a eu toute la saison, encore plus ce soir, car je trouve que les filles ont vraiment fait un bon match. Le plan de jeu était clair et a failli fonctionner, c'est vraiment frustrant, il suffisait de résister au pressing de Lyon et de pouvoir jouer vers le but. On l'a fait pas trop mal en première mi-temps, en tout cas on a réussi, mais en seconde période je savais [que ça serait plus compliqué] qu'elles ne tiendraient pas ce rythme-là [tout le match]. Dans le foot féminin, on ne peut pas tenir le pressing plus de 50-55 minutes. On a décidé de tout jouer sur cette seconde période, à presser et à jouer plus haut. On s'est créé quelques occasions, ce qui est bien. Ça a failli fonctionner, mais il nous manquait quelque chose. C'est un peu ça le PSG cette année. 

 

Journaliste - Vous les avez tout de même déstabilisé en deuxième période ?

Oui les filles ont été superbes, vraiment bravo aux filles. Ce qui me frustre un petit peu - ce n'est pas l'entraineur du Paris Saint-Germain qui parle - c'est le passionné de foot et du foot féminin, car j'ai donné au foot féminin pendant 23 ans, partout où je suis passé, j'ai voulu proposer du jeu, travailler sur le collectif, que le foot féminin soit beau à voir, qu'il attire du monde. Et qu'une équipe comme Lyon, qui est championne de France et d'Europe, produise un jeu... Pas une fois il relance de derrière, ils n'essayent pas de faire trois passes, c'est un football direct qui ne s'appuie que sur des individualités, je dis bien ce n'est pas l'entraîneur du Paris Saint-Germain qui parle, c'est le passionné du foot. Je me dis : "Prêcheur, tu as travaillé pendant 23 ans pour rien, tu vas quitter le foot féminin, qui va prendre le relais ?" Ce n'est pas comme cela qu'on va attirer des foules, avec ce type de football. C'est ce que je pense depuis 23 ans. 

 

Journaliste - Ça vous surprend un Lyon comme ça ?

Non parce que c'est le jeu que pratique Lyon depuis 2/3 ans, c'est un football qui s'appuie sur beaucoup d'individualités, un football direct et ils ont des bonnes joueuses, ça fonctionne. Le problème aujourd'hui, c'est que tout le monde s'appuie sur le même style de jeu, le foot féminin aujourd'hui, le domaine athlétique et les individualités l'emportent encore aujourd'hui sur le collectif et sur la technique. 

 

"Intrinsèquement Lyon est

plus fort que nous."

 

Journaliste - En seconde période, on a vu les changements avec Korbin Albert et Laurina Fazer, c'est ce qu'il faut retenir de cette rencontre, même si c'est rageant ?

Bien sur. Ce que je voudrais qu'on fasse surtout au Paris Saint-Germain, c'est... (blanc) Il peut y avoir 0-0, je crois tellement que si on encaisse un but alors qu'on fait une très très bonne deuxième période en fin de match, je me dis que c'est une sanction ce but. Je le prends comme une sanction terrible. Il faut se poser la question : "Pourquoi sommes-nous sanctionnés de cette manière ?" Attention, Lyon mérite son titre, elles dominent le championnat. Intrinsèquement Lyon est plus fort que nous.

Journaliste - Quand on fait le bilan, année mouvementée en dehors des terrains, finale de la Coupe de France, la Champions League, la 2e place au championnat, c'est un bilan que vous jugez positif ?

Oui, bien sûr qu'il y a du positif, mais je suis venu à Paris pour gagner et aujourd'hui je suis très frustré et très déçu. 

 

Journaliste - Il vous a tout de même manqué des joueuses comme Katoto et Diani pour ces matches ?

Je me suis déjà exprimé sur l'effectif. Si je dis qu'il nous a manqué des joueuses, ce serait faire injure aux filles. Elles ont fait le maximum, elles ont mouillé le maillot, elles ont joué, elles ont respecté le temps de jeu, elles se sont exprimées, elles ont fait le match. Je me souviens de la phrase qui avait été sortie par Kylian Mbappé : "On a fait le maximum".

 

Journaliste - Gérard, ce sera ton dernier match la semaine prochaine (ce week-end) ?

Je ne sais pas, il me faut vraiment du temps de récupération. J'en ai marre de prendre des coups de bambou comme ça. Ou le PSG apporte des garanties pour construire un grand club, mais si c'est juste pour être compétitif, non [je ne continuerais pas]. J'aurai voulu finir ma carrière avec une volonté de gagner. L'année en option a été levée, mais je me pose des questions. Je ne suis plus tout jeune, j'ai 63 ans, je n'ai plus l'âge de construire, mais on verra bien.

Il y aura le retour de Paulina [Dudek], de Marie-Antoinette [Katoto], de Kadi [Diani], on va avoir de belles recrues l'année prochaine.

 

Journaliste - En parlant des joueuses, Grace [Geyoro] a évolué en tant que défenseure centrale à la place de Oriane Jean-François ?

Oui, c'était pour deux raisons. D'abord, c'est un choix tactique. En Coupe de France, on n'a pas réussi à lutter contre le pressing de Lyon, on a mal géré la profondeur. Quand on demande à une joueuse de 23 ans [Jean-François], qui n'était même pas titulaire au PFC l'année dernière, de se trouver en charnière centrale avec Elisa [De Almeida], qui sont deux joueuses qui ont beaucoup évolué cette année, Grace [Geyoro] devait jouer haut pour lutter face au pressing adverse et aussi pour pouvoir jouer haut, [car] avec les attaquantes de Lyon, avec la vitesse de Cascarino, Hegerberg et puis Bacha, il faut qu'on soit puissants derrière. 

Grace exprimait aussi de la fatigue. On n'a pas non plus tout récupéré du mois de mars : le championnat, la Champions League et l'équipe de France. On l'a ménagée toute la semaine. La preuve, je lui ai posé la question à la seconde période pour faire le switch [avec Jean-François], elle m'a dit qu'elle préférait rester. Lyon aurait pu marquer en première période aussi, mais en deuxième période elles ont pas eu d'occasions, sauf le but, elles en ont eu qu'une seule.

 

Photo : PSG

Dounia MESLI