Malgré une rentrée parfaite sur le papier, avec deux victoires en deux matchs, lorsque l'on parle de l'avenir des Bleues : on sent comme un malaise. Qu'est ce qui empêche cette équipe de passer un pallier, d'aller de l'avant, pour oublier la Coupe du Monde au Canada  et se concentrer sur les JO et L'Euro ? Koralee Cano, l'une de nos rédactrices s'est penchée sur la question !

Fin des passes-droit, le début de la révolution ?

Interrogé en zone mixte, à l'issue de la rencontre qui opposait l'équipe de France à la sélection brésilienne, Philippe Bergeroo, le sélectionneur tricolore, a rappelé son intérêt pour la méritocratie. 
On se souviendra tous de cette défaite face à la Colombie, lors de la phase de poules, qui avait conduit à l'éviction, de Gaëtane Thiney et Louisa Necib, dans le onze de départ pour affronter le Mexique.
Si le geste d'humeur de la Lyonnaise, avait largement été médiatisé, puisque survenu en plein match ; on ne dispose que d'une poignée d'éléments en ce qui concerne la « mise en quarantaine » de la capitaine de Juvisy.
Et pourtant, depuis sa tentative manquée face à l'Allemagne en ¼ de finale, la numéro 17 semble en pleine disgrâce au sein du groupe alors que ce 1/4 de finale a été perdu aux tirs au but.
Fallait-il une coupable idéale pour oublier une élimination douloureuse, un arbitrage plus que contestable et toute une série de mauvais choix de la part du staff ? Loin de faire l'unanimité auprès des supporters, c'est depuis le banc de touche que l'attaquante aux 127 sélections, a suivi France – Brésil, samedi dernier au Havre. Hier soir, après avoir entonné la Marseillaise au côté de ses coéquipières en club, contrairement à ce que certains affirment, elle a rejoint la tribune pour assister à la rencontre face à Roumanie.
Trouver le responsable,  ferait presque oublier la notion de sport collectif lorsqu'il s'agit de football... Force est de constater que derrière les déclarations d'après-match, se cache toute une zone d'ombre autour de laquelle différents acteurs gravitent.

 

Que s'est-il réellement passé au Canada ?

Pourquoi et comment une équipe, favorite sur le papier, quitte la compétition aux portes du podium ? Comme autant de questions qui resteront sans réponses ; il y en a pourtant une qui aurait le mérite d'être posée en conférence de presse : quelle est la part de responsabilité du staff français dans cette élimination précoce ? A force de voir les joueuses reconnaître leurs manquements, on se demanderait presque si la gestion humaine du groupe n'a pas totalement échappé à certains, pour au final, mener tout le monde droit dans le mur.
En creusant plus loin, on peut même s'apercevoir que finir 1er du groupe, permettait une très probable qualification aux J.O et donc, des certitudes pour Philippe Bergeroo quant à son avenir à la tête des Bleues, au détriment de celui de son équipe.
Alors, a-t-on, réellement franchi les limites de l'ambition personnelle ? Difficile à dire, mais lorsque l'on parle d'une titularisation au mérite, on a tendance à vérifier en détail les dernières prestations de ces joueuses qui méritent tant de jouer ou pas... Certes, nous n'assistons pas à tous les entraînements, mais sans vouloir nous substituer au coach,  il faudra que l'on nous explique pourquoi certains choix sonnent aussi faux ! Loin de nous l'idée d'assurer la défense de certaines, dont l'attitude aurait mérité d'être sanctionnée depuis bien longtemps, mais pourquoi appeler en sélection des joueuses dont la présence n'est plus souhaitée ? Conserver cette image bien lisse de la sélection nationale où tout va pour le mieux ? Plus personne n'y croit !
Une nouvelle fois interrogé à ce sujet en conférence de presse, à l’issue de France vs Roumanie, le « patron » de l’équipe de France a éludé le sujet : «On m'a demandé de préparer l'avenir. Je reste dans ma logique. Il n'y a pas eu d'explications. ». Chez les Bleues, on peut donc écarter une joueuse, sans lui expliquer pourquoi, normal... Il n'empêche que ces déclarations laissent à penser que le cœur du problème se situe dans le management de l'humain.

 

Mon bilan 

Il paraît que l’on ne peut pas réécrire le passer, mais uniquement apprendre de ses erreurs pour se préparer à affronter le futur. Que pourrait-il arriver de pire au football féminin français, que d’assister à la retraite internationale d’une sportive de haut niveau, avant ses 30 ans, pour des raisons extra-sportives ? En affirmant qu’il n’était pas là pour se faire aimer, Philippe Bergeroo, confirme l’une de ses plus belles réussites depuis sa prise de fonction ; nous aurions préféré un trophée dans une vitrine de la FFF.
Peut-être qu'en privilégiant la préparation sportive, propice à la performance, plutôt que l'exposition médiatique, favorable à l'individualisme, aujourd'hui la France exhiberait fièrement un 1er titre international après chaque victoire ?
Pour retrouver sa place chez les Bleues, il faudra une sacrée dose d’envie à Gaëtane Thiney et plutôt que des mots, des actes forts pour rappeler, à ceux qui en doute, combien il serait illogique de se passer d’autant de talent chez les Bleues à l’aube des JO de Rio.

Crédit photo : Cyrielle B - Sport'N'Pics - FFF

 

 

Dounia MESLI