L’édition 2022 de la Coupe du monde U17 va débuter ce mardi 11 octobre en Inde, quatre ans après le dernier tournoi disputé en Uruguay. À l’époque, c’est la Rojita espagnole qui avait remporté le titre dans la catégorie, s’imposant en finale face au Mexique.

 

Un tremplin pour l’avenir

Depuis, certaines joueuses participantes au tournoi de 2018 ont poursuivi leur chemin vers le haut niveau, à l’image de l’attaquante espagnole du FC Barcelone Claudia Pina, des championnes olympiques canadiennes Jordyn Huitema et Jayde Riviere ou de l’internationale étasunienne Trinity Rodman, qui figure parmi les joueuses nommées pour le Ballon d’or 2022.

Les joueuses de l’équipe de France en savent quelque chose. Parmi les joueuses régulièrement convoquées par Corinne Diacre, six ont été championnes du monde U17 en 2012, parmi lesquelles Griedge Mbock, Kadidiatou Diani ou Sandie Toletti.

Cette édition 2022 est l’occasion d’un retour en Asie, avec l’Inde chargée d’accueillir une compétition internationale féminine pour la première fois, après avoir organisé le Mondial U17 chez les garçons en 2017. Un rôle de pays hôte qui permet à l’Inde de prendre part à sa première coupe du monde féminine, toutes catégories confondues.

 

L’Inde accueillera bien le tournoi

Cela constitue étape symbolique pour un tournoi qui a bien failli ne pas se dérouler en Inde. D’abord en raison de la pandémie de COVID-19 qui a conduit au report puis à l’annulation de cette septième édition, initialement prévue en 2020. Elle a finalement été programmée en 2022, avec l’organisation automatiquement attribuée à l’Inde à l’automne 2020.

Pourtant, cet été, l’Inde a été proche de voir cette responsabilité lui être retirée, en raison d’une intervention de la justice indienne dans le fonctionnement de la fédération locale (AIFF). Un cas de figure prohibé par les règles de la FIFA. Celle-ci a pris alors la décision de suspendre l’Inde de la FIFA et donc de potentiellement la priver de l’organisation de la Coupe du monde U17, à quelques semaines seulement du début du tournoi.

Ce scénario catastrophe ne s’est finalement pas produit, en raison d’une nouvelle décision de la Cour Suprême indienne, rétablissant l’indépendance de l’AIFF le 22 août dernier. En réponse, la FIFA est revenue ensuite sur sa suspension de l’Inde, maintenue comme pays hôte du Mondial U17.

 

Une première apparition positive pour l’Inde ?

Cet épisode rappelle que cette année 2022 reste incertaine pour le football féminin indien et ses équipes nationales. La sélection U17 aborde ce tournoi à l'issue d'un été marqué par l'éviction d'Alex Ambrose, adjoint du sélectionneur suédois de l'Inde, Thomas Dennerby. Ambrose est actuellement accusé de « comportement inapproprié à caractère sexuel » envers une joueuse de la sélection U17, des faits qui se seraient produits au début de l'été en Norvège, alors que l'équipe indienne y disputait un tournoi amical. Si une nouvelle adjointe a pris le relais dans le staff des U17 indiennes, la préparation de l'équipe pour le Mondial semble nécessairement impactée par cette affaire qui se poursuit sur le terrain judiciaire. 

Comme éviter dans ces conditions le sentiment d'occasion manquée ? Une question d'autant plus d'actualité pour la sélection U17 indienne, au vu de ce qui s'est passé, avec des circonstances moins dramatiques, en début d'année. L’Inde accueillait alors la Coupe d’Asie des Nations 2022, sans pouvoir y participer en raison d’un important foyer d’infection de COVID-19 parmi ses joueuses à l’approche de son entrée dans la compétition. L’équipe indienne s’était retrouvée disqualifiée de son propre tournoi, finalement remporté par la Chine. 

Point commun entre ces deux compétitions majeures, la finale se jouera le 30 octobre dans le même stade que celle de la Coupe d’Asie des Nations, du côté de Navi Mumbai. Comme son nom l’indique, Navi Mumbai (Nouvelle Bombay) est une ville située dans l’agglomération de l’immense Bombay, capitale économique du pays et l’une des villes les peuplées au monde.

Les deux autres stades retenus sont également habitués à accueillir de rencontres majeures de football, avec la Fatorada (forteresse) de Margao, qui accueille régulière les finales du championnat masculin (Indian Super League) ou le Kalinga Stadium, dans l’état d’Odisha. Situé à l’est du pays, à un peu plus de 1500 kilomètres de Bombay, c’est une enceinte dans laquelle évolue trois équipes de la première division féminine indienne et qui accueillera les trois matches de l’Inde en phase de groupes.

 

Renouveau sur le continent africain

Les jeunes joueuses indiennes vont donc se retrouver lancées dans le grand bain, avec un match de gala en ouverture pour l’Inde face aux États-Unis dans le groupe A. Une nation américaine numéro une au classement FIFA, mais toujours à la poursuite de son premier titre dans la catégorie U17.

Cette découverte du niveau international va aussi être partagée avec le Maroc et la Tanzanie, deux sélections africaines qui participeront à leur première Coupe du monde féminine, toute catégorie confondue pour les deux équipes, hommes et femmes inclus dans le cas de la Tanzanie. Les deux équipes ont créé la surprise en éliminant respectivement le Ghana et le Cameroun en qualification.

Les signaux positifs se multiplient actuellement pour le Maroc, après sa finale à domicile cet été en Coupe d’Afrique des Nations ou encore le bon parcours de l’ASFAR Rabat, l’an passé, lors de la première édition de la Ligue des Championnes africaine.

 

L’Espagne peut-elle réaliser le doublé ?

Ces nouvelles venues croiseront d’autres sélections plus expérimentées, à commencer par l’Espagne, tenante du titre. La Rojita possède actuellement les deux titres mondiaux dans les catégories de jeunes, après la victoire de l’équipe U20 espagnole en août lors du Mondial disputé au Costa Rica. L’Espagne tentera désormais de remporter deux titres mondiaux la même année, une performance que la Corée du Nord avait réalisée en 2016.

Les coéquipières de Vicky Lopez font partie des favorites à leur propre succession, même si elles avaient été privées du titre européen en mai dernier par l’Allemagne, au terme d’une finale à suspense. En 2018, la victoire de l’Espagne constituait un premier aboutissement pour un football féminin espagnol très performant dans la catégorie de jeunes, et parvenu alors à remporter son premier titre mondial.

 

Un programme exigeant pour l’équipe de France

Pour cette édition 2022, les quatre demi-finalistes de 2018 (Espagne, Mexique, Nouvelle-Zélande et Canada) sont présents, mais aussi deux autres anciens vainqueurs, le Japon et la France. Les Bleuettes font leur retour, dix ans après leur sacre en Azerbaïdjan, et une longue absence au niveau mondial.

Les joueuses de Cécile Locatelli auront fort à faire dès le premier tour face au Japon et au Canada, avec également la Tanzanie dans le groupe D. En cas de qualification pour la phase finale, l’équipe de France pourrait aussi croiser l’Espagne ou le Mexique dès les quarts, soit les deux finalistes de la précédente édition. Si la hiérarchie peut rapidement varier d’une génération à l’autre, c’est malgré tout un parcours exigeant qui s’annonce pour les Bleuettes dès leur entrée dans le tournoi, le 12 octobre face au Canada.

 

Photo : Federico Anfitti / EFE

 

Coupe du monde U17 2022 – Le tableau du premier tour

Groupe A : Inde (pays organisateur), États-Unis, Maroc, Brésil.

Groupe B : Allemagne, Nigeria, Chili, Nouvelle-Zélande.

Groupe C : Espagne (tenante du titre), Colombie, Mexique, Chine.

Groupe D : Japon, Tanzanie, Canada, France.

 

=> Coupe du monde U17 2022 : programme & résultats du tournoi

Hichem Djemai