On en parlait il y a quelques semaines sur Coeurs de foot, le cap des 100 000 licenciées du football féminin français devrait être rapidement atteint en 2016. Un premier pas important dans l'optique de l'évolution de ce sport encore trop souvent décrié. Malgré ce palier, il reste encore beaucoup de travail pour faire du football féminin un incontournable du sport français. Mais finalement comment faire pour continuer de le développer rapidement ? Quelles propositions faire et quels chantiers restent à débuter ? 

Cette saison, le football féminin français continue de progresser. Aujourd'hui dans la division inférieure (D2), une première réforme a été mise en place pour modifier le championnat. En effet, depuis quelques saisons, la D2 était ordonnée en 3 groupes (A-B-C) sous forme de zones géographiques. A la fin de cette saison 2015-2016, c'est près de six équipes par groupe (sur 12) qui seront reléguées contre trois initialement. L'objectif est simple, bonifier le niveau de la D2 en ne créant que deux poules de 12 équipes au lieu de trois aujourd'hui. D'un premier abord cette réforme paraît bonne pour le football féminin, mais certains clubs pourraient disparaitre totalement en cas de descente. Une mauvaise nouvelle donc pour les petits clubs au budget limité, qui devront donc laisser leur place. Comme dans toutes réformes il y a des bons et des mauvais côtés. Cependant la saison prochaine, la nouvelle D2 risque fort d'être beaucoup plus disputée et homogène que les précédents exercices. Un bon point !

 


A quand le statut professionnel ? 

L'un des principaux freins à l'évolution "brutale" du football féminin reste le statut professionnel. De très nombreux clubs de D2 comme de D2 sont encore "amateurs". Pour comparer avec le football masculin par exemple, tout club évoluant en L1 ou L2 a l'obligation de passer sous statut pro. A part les gros clubs français comme Lyon et Paris par exemple, les équipes ont beaucoup plus de mal sportivement et financièrement à suivre le rythme des cadors qui bénéficient de meilleures infrastructures, ou encore de plus liquidités permettant d'offrir aux joueuses des contrats fixes. Lors d'un entretien accordé à Coeurs de foot le mois dernier, le coach du Toulouse FC, Sylvain Delgado, avait notamment pointé du doigt le fait que certaines joueuses choisissaient maintenant "logiquement" de partir pour des clubs qui puissent leur offrir des contrats ou des primes de matchs intéressantes. Le problème c'est qu'à cause de ses disparités de statut, de nombreux clubs perdent leurs meilleures joueuses sans pouvoir les retenir ou leur proposer quelque chose de similaire. Le fossé entre les cadors et le reste du football français ne cesse de se creuser d'année en année. Aujourd'hui les Lyon, Paris, Montpellier et Juvisy sont quasiment intouchables pour tout autre club de la ligue. Et c'est bien dommage pour le spectacle...


 

L'équipe de France comme vitrine du foot français

Aujourd'hui l'EDF fait partie des meilleures nations de football féminin dans le monde. De plus en plus suivie et médiatisée, l'équipe de Philippe Bergeroo est la vitrine du football français. En effet, on voit que lorsque les Bleues obtiennent de bons résultats durant les compétitions internationales, le foot féminin en récolte les fruits avec notamment de très nombreuses nouvelles licenciées. Un effet boomerang qui permet l'évolution de ce sport. Durant la coupe du monde au Canada, les bleues ont été particulièrement suivies en France avec de belles parts d'audience.

 

Le problème aujourd'hui pour les clubs de D1 notamment est dû au fait que les matchs de championnat ne sont pas diffusés. Impossible de suivre en temps réel les résultats des équipes en compétition. Outre les grosses affiches du championnat qui sont diffusées, d'autres matchs d'équipe comme Albi ou Rodez par exemple, ne sont eux, pas diffusés sur une chaine TV gratuite ni sur aucune chaine d'ailleurs. L'évolution de ce sport passera obligatoirement par une diffusion quotidienne des rencontres de D1 dans un premier temps. Sans cela, le football féminin va stagner. Même si certains clubs proposent maintenant des résumés de matchs sur leurs sites internet (ce qui est déjà une grosse avancée !), la diffusion TV reste l'objectif principal à atteindre rapidement pour le foot féminin en France.

Crédits photos : Nelson Fatagraf

Dounia MESLI