La SheBelieves Cup débute demain du côté de l'Ohio, avec en ouverture une rencontre entre l'Angleterre et l'équipe de France. Un tournoi qui met aux prises quatre équipes attendues lors de la prochaine Coupe du Monde, mais qui pour des raisons différentes savent la distance qui les séparent actuellement de leur meilleur niveau, à commencer par les Bleues qui remettent leur titre en jeu.
Pour les joueuses tricolores, l'année 2017 avait commencé par une victoire à la SheBelieves Cup, avant une élimination en quarts-de-finale de l'Euro à l'été. Les constats du mois de mars peuvent être trompeurs. L'Espagne vainqueur de l'Algarve Cup a également été sortie en quarts de l'Euro, et la Suisse qui a remporté le Tournoi de Chypre a été éliminée dès le premier tour.
Où en sont les Bleues ?
Au classement FIFA, la France est désormais sixième après avoir figuré dans le trio de tête derrière les États-Unis et l'Allemagne. Le Canada et surtout l'Australie devancent désormais les Bleues, avec en plus la leçon apportée par l'Euro qu'il ne faut pas se méfier uniquement des équipes qui nous devancent dans les classements internationaux.
Dans une année 2018 remplie de matches amicaux, les résultats n'auront pas grand sens pour la sélection de Corinne Diacre, même si le match nul en janvier face à l'Italie (1-1) a laissé une impression mitigée. Après de nombreux essais, l'objectif de Diacre est de « travailler » et de « réduire le groupe » France pour dessiner une ossature en vue du Mondial. Une équipe à l'épreuve dans tous les secteurs de jeu, y compris en défense avec l'absence de Wendie Renard, pilier de l'équipe tricolore, et forfait suite à une blessure à la cheville.
Un risque de blessures qui sera au cœur de la gestion de la sélection avec de longs déplacements entre les matches et peu de temps de récupération. Un turnover donc obligatoire, notamment à l'approche des quarts-de-finale de la Ligue des Championnes qui concernent les joueuses de Lyon et de Montpellier.
L'Allemagne apparaît en position de force
Du côté des adversaires des Bleues sur cette SheBelieves Cup, l'Allemagne apparaît comme la sélection la plus dense. Peu d'absentes, même si Steffi Jones devra faire sans les deux Bavaroises Simone Laudehr et Kristin Demann, sans oublier Carolin Simon (Fribourg), actuellement blessée.
Des joueuses qui manquent dans un secteur défensif qui est peut-être le moins impressionnant (et encore...) du groupe allemand pour le tournoi. Du côté du milieu de terrain et de l'attaque, on retrouve notamment les joueuses qui avaient surclassé l'équipe de France en novembre, sans compter les retours de Lina Magull, Sara Däbritz et de Hasret Kayikci.
Malgré les apparences, l'Allemagne reste sous pression avec une campagne de qualification pour le Mondial où la Nationalmannschaft s'est compliquée la tâche. Après une défaite à domicile face à l'Islande, les joueuses de Steffi Jones savent qu'elles devront batailler pour assurer leur qualification, avec un match potentiellement « piège », début avril face à la République Tchèque.
Jill Ellis veut brouiller les cartes
Pour le pays hôte, les échéances sont un peu plus lointaines, avec un tournoi de qualification pour le Mondial à l'automne prochain. En attendant, Jill Ellis continuent les essais dans un contexte où plusieurs titulaires en puissance sont absentes pour cette SheBelieves Cup suite à des blessures. Parmi elles, la co-capitaine Becky Sauerbrunn, Sam Mewis ou Tobin Heath. On peut citer également Rose Lavelle, régulièrement alignée en 2017 avant sa blessure aux ischio-jambiers.
Ellis s'est même offert « le luxe » d'écarter des joueuses comme Ali Krieger ou Meghan Klingenberg, championnes du monde en 2015 et potentielles titulaires dans les couloirs en défense. Un choix qui correspond à une volonté de tester des jeunes joueuses sur les côtés en défense comme Taylor Smith qui s'est révélée dans le couloir droit lors du Tournoi des Nations à l'été 2017.
Pour ses débuts, Phil Neville compose avec les blessures
Pour l'Angleterre, l'heure sera aussi aux essais. D'abord pour le nouveau sélectionneur Phil Neville qui doit encore asseoir sa légitimité et qui connaîtra son baptême du feu avec un staff technique encore provisoire.
Une première pour laquelle Neville devra compter sans la capitaine des Lionesses, Steph Houghton, blessée avant le tournoi. Jordan Nobbs et Karen Carney seront également absentes, des internationales qui comptent à elles trois plus de 250 sélections, et surtout qui font partie des meilleures joueuses du pays, Houghton en défense, Nobbs et Carney dans la création et la construction du jeu offensif et sur les coups de pied arrêtés.
Une sélection qui comptera donc plusieurs joueuses qui pourraient faire leurs débuts sous le maillot anglais. Les Citizens Georgia Stanway et Abbie McManus, Hannah Blundell (Chelsea) ou encore Gabrielle George qui évolue à Everton. Melissa Lawley fait elle son retour après avoir honoré sa première sélection à l'automne face à la France, de même que sa coéquipière à Manchester City Keira Walsh qui avait débuté en novembre face au Kazakhstan.
A la veille de cette compétition, ce sont autant d'éléments qui participent à voir cette troisième édition de la SheBelieves Cup avant tout comme un terrain d'expérimentation. Il faudra d'abord être attentif au contenu proposé par les différentes équipes plutôt qu'au résultat brut. Un tournoi de haut niveau qui reste une occasion rêvée pour situer des équipes qui seront de toute façon attendues l'an prochain pour la Coupe du Monde en France.
=> Retrouvez toutes les infos sur la SheBelieves Cup sur notre site
photo: US Soccer
Hichem Djemai