La réaction de la coach du Paris FC, Sandrine Soubeyrand, après le match nul (2-2) de son équipe arraché à la 75e minute face au Stade de Reims à Charléty.

 

Coeurs de Foot - Votre réaction sur ce partage des points ?

Vu la physionomie du match, c'est plutôt équitable ce nul. Je ne vais pas dire que gagner aurait été un hold-up mais pas loin. On aurait également pu perdre, donc vu la physionomie du match, tant qu'on n'arrivera pas à concrétiser sur nos temps forts qu'on a, car après on laisse espérer l'adversaire et elles [les Rémoises] ont très bien joué. Le résultat est logique je pense.

 

CDF - Un match très animé, peut-être le plus beau match de ce début de saison avec un bel adversaire. Vous avez énormément changé votre schéma tactique pour ce match pour brouiller les pistes, peut-être ?

Non pas du tout puisqu'elle [Julie Soyer] avait déjà joué le match précédent à gauche. Tout simplement, on avait des joueuses qui revenaient de différentes compétitions internationales, donc on avait aussi fait ce choix là. Je ne voulais pas brouiller les pistes et lors du match contre Dijon, elle avait joué latérale gauche. 

 

CDF - Clara Matéo était vraiment en difficulté ce soir. Comment vous l'expliquez ? C'est son masque - suite à sa blessure - qui gêné sa vision optimale ?

C'est un tout. Quand vous prenez le choc qu'elle a pris contre le Havre, même si elle a fini le match, elle avait quand même une fracture de la pommette et il faut arriver à passer le cap psychologique. 

Le football est un sport de duel, on ne peut pas la solliciter sur le plan aérien et je pense que psychologiquement, elle a quand même été marquée par le coup qu'elle a pris, elle a souffert pendant pas mal de temps. 

Après en difficulté ? Tout est relatif. Elle s'est créée quelques situations, mais c'est vrai qu'on l'a connu plus efficace. Ça fait partie aussi de l'apprentissage du très haut niveau. C'est vrai qu'elle n'est pas à 100% mais depuis ce coup-là. C'est difficile quand vous prenez une fracture de la pommette au bout de trois minutes de jeu sur un choc qui est largement évitable. Une fois que vous savez que vous avez la pommette fracturée et que vous jouez un masque... Nous on la préservait au maximum à l'entraînement pour éviter les duels et pour ne pas la mettre en difficulté, mais durant le match l'adversaire lui [ne va pas la préserver].

Il faut 4 à 5 semaines avant que ce soit consolidé. Il y a aussi une barrière psychologique parce qu'elle a quand même reçu un très gros choc et ça l'a bien secoué. Dans les duels, pendant quelques temps, elle va les appréhender. Ce n'est pas agréable pour elle parce qu'elle a un bon jeu de tête et elle ne peut pas s'engager à ce niveau.

 

CDF - Ce soir, c'est trois points perdus importants pour la course à la deuxième place

C'est deux points puisqu'on en a pris un quand même, mais on sait que c'est compliqué, que toutes les équipes ont progressé, tout le monde a envie de nous battre - on a fini troisièmes la saison dernière - cherche à nous contrer. 

Les 15 premières minutes, si on arrive à marquer, je pense que ça change la donne. C'est déjà différent [pour la physionomie du match], après peut-être qu'elles auraient égalisé aussi, on ne sait pas. 

On est revenus deux fois au score, mais ça aurait été bien de concrétiser sur nos temps forts en début de première mi-temps. Je pense qu'on avait eu les situations, les occasions. On les laisse espérer et au fur et à mesure, elles sortent un peu plus, elles s'enhardissent, mais elles ont aussi des qualités.

 

CDF - Ma question concerne Gaëtane Thiney. On ne l'attendait pas mais elle fait un début de saison exceptionnelle avec, encore, une passe décisive pour l'égalisation. Tout le monde la voyait finie mais elle est toujours là.

Tout le monde la voit finie, ça dépend comment vous regardez [ses performances], si vous avez envie d'enterrer les vieux, vous pourrez toujours leur dire qu'ils sont finis. Je connais la musique, je l'ai entendue plein de fois quand je jouais. 

Elle joue, on sait les qualités qu'elle a, la capacité qu'elle a. Je pense qu'elle a envie de bien finir [sa carrière], elle se consacre au club, elle se donne à 200%. Elle a toujours ses qualités - même si vous vieillissez - mais évidemment, il y a certaines jeunes, avec une formation et des profils différents parce le foot devient un sport où la vitesse est [la qualité] la plus importante. 

La problématique, c'est que Gaëtane a des qualités de foot que d'autres n'ont pas, et dans mon équipe et dans les équipes adverses. Donc quand vous avez la vista, la capacité à faire des passes, des dernières passes ou avant dernières, il n'y a pas de souci [elle à sa place]. 

Concernant les qualités athlétiques, elle est capable de courir et c'est l'une des joueuses qui courent le plus dans mon équipe. Soit vous regardez comme les Français et que les anciens sont toujours has been ou alors vous regardez un peu comme en Italie ou les États-Unis, ou dans certains autres pays où il se servent de l'expérience de ces joueurs ou joueuses pour faire progresser votre équipe. C'est mon parti. 

 

CDF - Même mentalement, ça peut peser sur l'équipe adverse d'avoir une joueuse aussi expérimentée

On connaît ses qualités mais je ne suis pas surprise. Elle a fait un séjour aux États-Unis qui lui a fait le plus grand bien (prêtée au Gotham FC). Tout le monde les connaît [ses qualités], sait comment elles jouent, ça fait 20 ans qu'elle joue et pour autant elle arrive toujours à faire des passes [ou marquer].

Karim Erradi & Dounia MESLI