L'Olympique de Marseille réalise un très bon début de saison dans son groupe C de D2. Une première place devant Grenoble Claix et Dijon après neuf journées de championnat. Auteure de 16 des 29 buts du club phocéen, Sandrine Bretigny retrouve le chemin des filets et son efficacité sous ses nouvelles couleurs. Entretien avec une ancienne internationale française pleine d'ambition qui s'est livrée en exclusivité pour Coeurs de foot.

 

L’OM réalise un très bon début de saison et est plus que jamais candidat à la montée. Quelles ont été les consignes de votre coach pour cette saison et les objectifs du club ?
Sandrine Bretigny : «L'objectif est de monter en D1, on l’a annoncé en début de saison, le club ne l'a pas caché. Logiquement cela nous met une certaine pression mais c’est un objectif qui fait avancer l’équipe. »

Vous n'étiez pas au club la saison dernière mais d'après vous et vos coéquipières, qu’est-ce qui a changé ?
SB : «Ce qui ressort c’est qu’au fil des matchs l’équipe a gagné en maturité. Je peux pas trop comparer mais c'est ce que le staff pointe du doigt. »

Après 9 journées de championnat, quelle est selon vous la principale force de l’équipe ?
SB : «L’OM a fait un bon recrutement, équilibré, avec des jeunes joueuses et d'autres comme moi qui amènent l’expérience nécessaire à un groupe. C'est un bon mélange et pour l'instant ça fonctionne plutôt pas mal. »

Cette saison qui sera le plus grand adversaire de l'OM ?
SB : «Tout le monde veut battre l’OM, donc il n'y a pas de petits matchs à disputer. Grenoble et Dijon ont affiché leurs objectifs et font un bon parcours. Après, je pense que notre pire adversaire c’est nous-même. Il va falloir que l’on reste concentrés et ne pas se relâcher. Ce n'est pas évident quand on enchaîne les victoires il faut toujours se remettre en question. Le coach nous l'a rappelé dimanche et il a eu raison (victoire de l'OM vs Monteux 5-0). »

D'un point de vue personnel, vous êtes meilleure buteuse de D2 avec 16 réalisations. Comment expliquez-vous votre réussite actuelle ?
SB : «J’ai plutôt bien démarré le début de championnat. A mon arrivée j’ai été très bien accueillie par le staff et les joueuses qui m’ont mise en confiance; alors forcément ça joue sur mes performances et mon rendement. Même si je continue de marquer, depuis 3 semaines j’ai une petite baisse de régime, moins de réussite. Je ne sais pas comment l’expliquer. »

Vous vous êtes fixé un objectif personnel de buts ?
SB : «Non, je ne me suis pas fixé de limites ou de palier à franchir. Je vais essayer de continuer à marquer pour permettre au club de réaliser tous les objectifs collectifs fixés,  et que l’OM soit en D1 la saison prochaine. »

Les supporters marseillais continuent de vous appeler "Bretigoal" sur les réseaux sociaux, vous aimez ce surnom ?
SB : «Ce surnom je l’ai depuis mon passage à l'Olympique lyonnais, il me poursuit. Tant mieux tant que ce sera comme ça c’est que je marquerai des buts pour mon club c'est positif ! »

Après avoir joué avec le plus grand club français (Olympique Lyonnais), un club historique comme Juvisy et l'un des meilleurs clubs européens (Frankfurt, Allemagne), qu'est-ce qui vous a incité à rejoindre Marseille ?
SB : «J'étais en fin de contrat avec Juvisy, j’avais besoin de partir pour retrouver le plaisir de jouer que j'avais un peu perdu. J’ai eu plusieurs contacts. L’OM est un grand club et le discours du coach a fini par me convaincre avec ce bel objectif. J’avais besoin de retrouver du temps de jeu pour m'éclater. »

Y-a t‘il une grande différence entre la D1 et la D2 ?
SB : «Oui, il y a un fossé entre la D1 et la D2. Il y a même un fossé entre les 5 meilleurs de D1 et le reste de la ligue… Donc en D2 c’est encore loin du meilleur de ce qui peut se faire en première division. Ce sont les moyens financiers mis à disposition du football féminin qui créent ce genre d'écarts. Après tout le monde progresse doucement. Le fait que les clubs professionnels masculins créent des sections féminines ça ne peut que faire progresser le football féminin. On voit notamment Lille, Bordeaux ou Dijon le faire. Donc ça ne peut que faire évoluer notre football. »
 

L'Olympique de Marseille féminin est l'un des clubs les plus populaires en France, à quoi est dû ce dévouement des supporters ?
SB : «C’est tout d'abord dû aux garçons bien sur ! Ils sont très suivis et médiatisés. Notre président nous a pris sous son aile donc nous faisons partie intégrante du club comme la section masculine. Du coup ceux qui supportent les hommes nous supportent aussi. Le logo de l’OM attire toujours autant en France, c'est certain. »

Sont-ils nombreux lors des matchs, déplacements ?
SB : «Quelques uns viennent en déplacement nous soutenir. Récemment pour une affiche de D2 face à Grenoble (2ème de la poule) il y a eu quand même 1200 spectateurs; donc on peut voir que ça évolue dans le bon sens. Même en D1 il n’y a pas toujours autant de monde pendant un match. »

Vous avez déjà été appelée quelques fois en équipe de France. Le fait que vous jouiez aujourd'hui en D2 n'est-il pas un frein à une éventuelle nouvelle convocation ?
SB : «Je n’y pense plus trop. Après tout peut arriver. Mais il y a un renouveau en EDF avec beaucoup de jeunesse. J’ai déjà 31 ans j’avais surtout envie de retrouver du plaisir et du temps de jeu vu que je n’en ai pas eu la saison dernière. Evidemment sans jouer vous ne pouvez pas être sélectionnable. Après, forcément maintenant que je suis en forme et que je marque... Je ne sais pas si le sélectionneur regarde la D2 ou pas... Mais s’il m’appelle je serai contente de retrouver les Bleues. »

C'est donc un objectif de retrouver les Bleues cette année ?
SB : «Je ne sais pas trop si ça s’est déjà fait; si une fille de D2 soit rappeleé… Peut-être Bruno Bini l’avait fait mais après oui, si on monte en D1 et qu’au mois de juin je suis appelée ce sera une très belle année. »

Justement en cas de promotion quelle sera l'ambition du club et sa position par rapport aux ténors de la ligue ?
SB : «Tout dépendra des moyens que l’OM va mettre à disposition des filles. Il faudra un recrutement intelligent. Forcément quand on passe au niveau supérieur il y a beaucoup de choses à améliorer mais ça dépendra donc avant tout des moyens, de l’envie et de l’ambition des dirigeants. »

D'après vous, comment faudrait-il s'y prendre pour faire évoluer ce football féminin ?
SB : «Nous n'étions pas trop suivies au tout départ... Le fait de faire un bon parcours avec l’EDF pendant la Coupe du Monde, cela nous a permis de nous faire connaître. La victoire en Ligue des Champions avec Lyon nous a aussi bien aidé. Il faut gagner des titres au niveau national et international pour que les gens s’intéressent à nous. Je sais qu’au sein du club de l’OM il y a déjà pas mal de choses faites comme par exemple, la diffusion de tous nos matchs sur la chaîne du club (OM.TV), donc ça c'est déjà un grand pas. Tous les clubs ne l’ont pas. Ca viendra peut-être un peu comme ça avec le temps et les résultats. »

Comment avez-vous vécu ces jours sombres avec les actes terroristes qui ont eu lieu à Paris ? Mal j’imagine, vous en avez parlez entre joueuses ?
SB : «Oui, on en a parlé. C’est incroyable. On a quand même joué dimanche, même si ce n’était pas évident. On en a discuté avant le match contre Monteux pour essayer de relativiser et d’essayer de prendre, malgré tout, du plaisir. Et même si le foot était un peu secondaire c’était un bon moyen d’être ensemble. »


Rémy Catherine-Guez et Dounia Mesli

Photos © Camille Daurès / OM.net

Dounia MESLI