Pour le baptême du feu de l'équipe de France de futsal, le coach Pierre-Étienne Demillier avait le sourire malgré la défaite, après le match nul inaugural de mardi. Sa réaction à notre micro sur le parquet du complexe sportif Maxime Bossis (Montaigu-Vendée). Des résultats riches d'enseignements et encourageants pour la suite !

 

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Coeurs de Foot - Forcément ce n'est pas le résultat escompté aujourd'hui ?

Pierre-Étienne Demillier - Oui on est déçu, car il y a défaite, mais sur la manière on est satisfait parce qu'on est là pour gagner en expérience et se jauger face à une bonne équipe et là-dessus c'est positif. Le résultat est brut, on perd, mais tout le reste est positif.

 

CDF - Au tout début du match, vos joueuses ont beaucoup couru après le ballon, avant d'équilibrer le match et en seconde mi-temps on a senti qu'elles pouvaient vraiment renverser complètement le match. Est-ce la frustration de cette deuxième confrontation finalement [après le match nul arraché hier 1-1] ?

Il y a un déficit d'expérience entre les Finlandaises et nous, car elles sont habituées à jouer ce genre de rencontres internationales. Nous hier (mardi 7 novembre, ndlr) on a mis 10-12 minutes à s'y mettre, à "accepter" le niveau international, à essayer d'augmenter un peu notre degré [d'exigence].

Là aujourd'hui [sur ce match] les filles au bout de 4-5 minutes elles ont réussi à se mettre au niveau et à partir de ce moment-là il y a eu un vrai match avec une opposition qui a été assez serrée. S'il y a match nul, je pense que ce n'est pas indécent... On perd c'est frustrant mais on est là pour bosser.

 

CDF - Vos joueuses ont montré de très belles choses, elles ont eu parfois un peu de mal à combiner ensemble, mais c'est la machine qui se met en route on va dire ?

Oui on a six séances à Clairefontaine à 30 joueuses et là on a fait quatre séances d'une heure trente en début de semaine, donc la mayonnaise elle ne va pas prendre aussi vite, aussi tôt, il faut être patient. Les gens sont indulgents et comprennent qu'on est tout nouveau dans le coin [la discipline] et que ça va prendre un petit moment. Je suis quand même fier d'elles, de ce qu'elles ont produit, car c'était plus que correct.

 

CDF - Comment s'est porté votre choix sur les joueuses, qui sont aujourd'hui au sein de cette première équipe de France de Futsal ? Il n'y a pas forcément un énorme vivier chez les féminines (3739 licenciées) contrairement aux masculins (34589 licenciés). Était-ce tout de même compliqué de trouver des joueuses aguerries et avec le bon état d'esprit ?

Oui oui. Il n'y a pas de championnat national, donc en terme de visibilité ce n'est pas simple. Il faut essayer d'aller sur les compétitions, Challenge national féminin, la Copa Coca Cola [lancée en 2021] qui sont des épreuves fédérales. Il y a aussi le mondial de Nantes, avec 20 équipes, où on a sous les yeux beaucoup de potentiels et ça nous permet de ressortir des bonnes joueuses, le championnat de France universitaire également...

Ensuite on a les référents dans les Ligues, qui vont regarder, qui se renseignent, et qui nous font remonter les meilleures joueuses, mais c'est difficile de les comparer, car elles viennent de partout et il n'y a pas de compétition, comme le championnat de D1 pour l'instant, ça viendra...

 

CDF - Au futsal il faut être habile des deux pieds, tout le monde peut marquer, c'est très intense mais sur des courtes périodes, il faut avoir un bon cardio... Vingt minutes de temps de jeu par période est-ce assez selon vous, ou est-ce qu'il faudrait plus de temps ?

Le format est plutôt sympa, car ça dure 20 minutes, mais une mi-temps ça dure 40 minutes [effectifs], car il y a un chrono qui est arrêté [à chaque fois que le ballon sort ou blessure].

Ça génère beaucoup d'intensité, c'est super agréable je pense pour les spectateurs qui viennent voir le spectacle, il y a du jus, de l'énergie, beaucoup de changements, beaucoup d'opportunités de buts, car le terrain est petit, on a très peu de temps, il faut faire des choix rapides, c'est très dynamique. En général au futsal on ne s'ennuie jamais.

 

CDF - Les combinaisons c'est le maitre mot dans le futsal ?

Oui en effet, il faut essayer de prendre les infos, d'être le plus réactif possible sur les combinaisons, qu'il y ait un timing et une coordination entre les quatre joueuses, ce n'est pas simple, ça se travaille.

C'est délicat au début, mais ça viendra progressivement, on sera de plus en plus performant sur ces aspects à l'avenir.

 

CDF - On vous voit avec les yeux pétillants. C'est un bel avenir qui va être tracé pour les Bleues à partir de maintenant ?

Oui c'est passionnant ! On est frustrés, parce qu'on a perdu, on aurait préféré offrir une victoire aux spectateurs, mais on va rebondir, cela va nous permettre de repartir de l'avant. Il y a le championnat d'Europe, la Coupe du Monde, qui arrivent, c'est passionnant, ce sont nos prochains challenges j'espère.

 

Photo : Ligue de Football des Pays de la Loire

Dounia MESLI