Le week-end dernier, l'Olympique de Marseille se déplaçait à Nîmes dans la cadre de sa préparation de la saison à venir. Un exercice 2016/2017 qui sera celui de la découverte de la D1, une élite du foot féminin français où l'OM est attendu. Marseille devra pourtant trouver le temps de faire ses premiers pas avant de rêver des sommets et de jouer les premiers rôles. Un statut à gérer pour une équipe qui sera l'une des attractions de ce début de championnat.
A Nîmes, le stade annexe des Costières n'était pas pollué par cette pression qui pourrait entourer l'OM en D1. Sous une chaleur estivale, les deux équipes se retrouvent comme elles ont pris l'habitude de le faire ces dernières années, en compétition comme en rencontres amicales. Il y a deux saisons en D2, Nîmes et l'O.M se disputaient d'ailleurs la première place du groupe C, et la montée en D1. Depuis, Nîmes a fait l'ascenseur, avec une accession dans l'élite et puis une descente dès la première saison.
Le même sort pour les trois promus d'alors : Nîmes, la VGA Saint-Maur et la Roche-sur-Yon, et des constats faits par Gilles Agniel, l'un des deux entraîneurs de Nîmes. On peut citer la question du recrutement, de l'évolution des structures (équipes de jeunes, formation, élargissement du staff...) mais aussi la possibilité de disposer de soutiens avec des clubs masculins et/ou des pouvoirs publics. Ce sont autant d'éléments qui ont joué dans le parcours du FF Nîmes-Métropole Gard cette année, le club qui a récemment vu son rapprochement avec le Nîmes Olympique repoussé à 2018.
Christophe Parra a suivi le parcours de Nîmes la saison dernière et sait que des enseignements peuvent être tirés pour éviter à l'OM de connaître la même trajectoire. Si les moyens à la disposition des deux équipes sont difficilement comparables, la découverte de la D1 va avec une nécessaire prudence, même pour l'équipe marseillaise qui se sait attendue.
En témoigne, cette défaite 4-1 en match de préparation face à l'AS Saint-Étienne le 20 août dernier. Un match résumé après coup en interne par un « Bienvenue en D1 ! » comme nous le dira Pauline Cousin. Une rencontre qui a peut-être montré aux Olympiennes qu'avant de se préoccuper des équipes du top 4, elles devront se méfier de ces clubs de milieu de tableau comme Saint-Étienne, Soyaux, Rodez... qui seront les principaux adversaires de l'OM cette saison en vue du maintien.
Retrouver la confiance
Une semaine après, face à Nîmes, l'enjeu pour les joueuses de Christophe Parra n'était pas seulement de poursuivre la préparation de la saison à venir. Il s'agissait peut-être aussi de retrouver de la confiance avant une entrée en matière en championnat déjà significative face à un autre promu : Bordeaux. Nîmes, redescendu cette année en D2 n'avait probablement pas les moyens de rivaliser avec un OM tourné vers la D1 mais aussi avec un effectif renforcé par l'arrivée de dix recrues, soit plus d'un tiers du groupe marseillais cette saison.
Parmi ces nouvelles arrivées, beaucoup de joueuses titulaires en puissance. Elles étaient cinq à être alignées en début de match (Peyraud-Magnin, Gadéa, Soulard, Yuceil, Lozé) face à Nîmes. A l'issue de la rencontre, le score anecdotique 6 à 0 arrive pourtant à l'issue d'une rencontre révélatrice des lignes de force du jeu marseillais.
D'abord, un milieu de terrain qui est le cœur de cette équipe. Comme la saison dernière, l'influence de la capitaine Caroline Pizzala sur le jeu est permanente. Ses récupérations comme ses pertes de balle aboutissent souvent à des situations dangereuses dans un sens ou dans l'autre. Sa complicité et ses automatismes avec Nora Coton-Pelagie sont une des forces du jeu marseillais et qui a par ailleurs facilité l'intégration au milieu de Sara Yuceil arrivée cet été du Standard de Liège. A son poste, elle sera en balance avec Lalia Dali-Storti, arrivée cet été de Guingamp
Avec un tel milieu de terrain, composé de joueuses expérimentées, le jeu marseillais semble reposer sur un paradoxe : le danger ne vient pas forcément lorsque Marseille possède le ballon, bien au contraire. La possession de balle semble souvent un moyen de réguler le tempo de la rencontre, ralentir, accélérer, attaquer mais aussi se replacer sans subir le rythme de l'adversaire. Pour marquer, les actions marseillaises se sont souvent déclenchées par une « passe » de l'équipe adverse, et sous pression, permettre à Marseille de trouver le chemin du but.
Dans ce schéma de jeu, on a pu voir s'illustrer Cindy Caputo, la jeune attaquante de l'OM qui a inscrit un triplé face à Nîmes. Elle pourrait débuter face à Bordeaux du fait de la suspension de Sandrine Bretigny pour le premier match de la saison.
Le travail et l'impatience
Ce match dans le Gard est venu boucler la cinquième semaine de préparation de l'OM. Des entraînements déplacés au matin et quasi quotidiens ponctués par des matches de préparation le week-end. Un rythme plus élevé, plus exigeant mais qui correspond au chemin qui mène au haut niveau. Un changement ressenti par Pauline Cousin qui trouve ses coéquipières « plus rigoureuses » avec elles-mêmes et note aussi des demandes plus fortes de la part de l'encadrement. Un constat qui va aussi avec le sentiment de progresser plus rapidement comme nous l'a confié Sara Yuceil.
=> À lire - Rencontre avec Sara Yuceil (OM)
D'une certaine manière, on sent que la compétition approche et comme le notait Christophe Parra, l'OM va devoir «très vite apprendre » au contact du haut niveau. Une échéance que Pauline Cousin aborde avec confiance et le sentiment que l'équipe fonctionne « de mieux en mieux » et surtout l'envie de faire la démonstration sur le terrain que les joueuses de l'OM sont capables de faire face aux défis qui se présente à elles.
Ces progrès, le coach marseillais les constatent aussi même s'il estime que l'OM a besoin de plus de « sécurités » dans son jeu, au « risque » de « le payer très cher ». Une difficulté à laquelle il veut se confronter les yeux et l'esprit ouverts conscient de la probable nécessité de faire évoluer l'organisation de son équipe au cours de la saison, en fonction de ce qui sera proposé par les différents adversaires.
Hichem Djemai