Les chiffres restent incomparables avec ce qui se pratique dans le football masculin, mais c’est une nouvelle donne qui s’impose, notamment dans le football féminin européen. En 2022, 1555 transferts ont été enregistrés par la FIFA, dont 1183 ont concerné des clubs européens. Des chiffres compilés dans le Global Transfer Report dévoilé ce jeudi par la FIFA.

 

Forte hausse pour des chiffres encore modestes

Ces chiffres sont à la hausse ces dernières années, passant de 694 en 2018, à 1033 en 2020 et donc 1555 en 2022. Une évolution qui se retrouve aussi dans celle du nombre de transferts payants. La FIFA en dénombrait 22 en 2018, 34 en 2020 et 98 en 2022. En 2021, 57 transferts payants avaient été recensés, ce qui traduit une hausse de 72 % d’une année sur l’autre.

Une pratique qui reste pour le moment concentré dans un nombre limité de clubs. En 2022, 65 clubs ont dépensé de l’argent pour procéder à un transfert payant de joueuses, avec un maximum de 500 000 dollars (460 000 euros) pour le club le plus dépensier. Dans l’autre sens, 73 clubs ont reçu une indemnité de transferts en 2022, des sommes qui dans la plupart des cas (84,9%) représentent des montants inférieurs à 100 000 dollars (92 000 euros).

Au total, seuls 9 clubs ont dépensé plus de 100 000 dollars (92 000 euros) pour payer une indemnité de transfert. Sur les 3,3 millions de dollars dépensés en indemnités de transferts, 5 mouvements représentent un tiers de ses sommes, soit 1,1 million de dollars (1 million d’euros).

 

Le risque d’une fuite en avant ?

L’arrivée de Keira Walsh au FC Barcelone, en provenance de Manchester City est considérée comme le transfert le plus coûteux de l’année. Le FC Barcelone n’a pas communiqué officiellement sur le montant du transfert, alors que le chiffre de 400 000 euros (350 000 livres sterling) avait été évoqué dans la presse, puis démenti par la direction sportive du Barça.

Parmi ce top 5, trois concernent des clubs français, avec le départ de Mary Fowler de Montpellier vers Manchester City, celui de Tainara de Bordeaux au Bayern, et enfin l’arrivée de Jackie Groenen au Paris Saint-Germain, en provenance de Manchester United.

Récemment interrogé sur le sujet, l’entraîneur des Red Devils mancuniennes, Marc Skinner avait souligné l’aspect ambivalent de cette évolution « positive » mais qui implique « plus de dépenses ». Une progression des transferts payants avec « des clubs qui en auront les moyens, et pourront continuer à grandir » et ceux « qui ne pourront pas [suivre] et devront trouver une autre voie [pour continuer à exister] ».

Un constat valable aussi bien au sein de la FA WSL anglaise, que sur la scène européenne avec l’importance grandissante de la Champions League.

 

Contextes et situations variables

Cette multiplication des transferts recouvre des réalités parfois très différentes. Parmi ces mouvements, on retrouve par exemple 81 transferts (dont 55 arrivées) concernant des clubs ukrainiens. Des chiffres qui, dans ce cas particulier, illustrent le retour en Ukraine d’une partie des joueuses qui avaient fui le pays en 2021, au moment du déclenchement de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le 24 février et dans les semaines qui avaient suivi.

On peut noter également un nombre élevé de joueuses venues du Kenya vers la Tanzanie voisine, en Afrique de l’Est. Comme expliqué par nos confrères de The Citizen, ces mouvements qui traduisent la meilleure structuration du championnat local, des propositions salariales plus favorables (accompagnées de bonus à la signature), ou encore une meilleure médiatisation de la discipline, comparé au voisin kenyan.

On retrouve aussi le mouvement observé cet été depuis l’Espagne vers le Mexique, avec des joueuses de premier plan comme Jennifer Hermoso, Andrea Pereira ou la milieu de terrain française Aurélie Kaci qui ont pris le chemin de la Liga MX Femenil. Un championnat qui connaît régulièrement des records d’affluence.

 

Les joueuses américaines restent en mouvement

Ces transferts peuvent aussi être le signe de difficultés sportives ou financières comme en témoigne la troisième place de Bordeaux, parmi les clubs comptant le plus grand nombre de départs en 2022 (11 pour les Girondines). C’est aussi le cas du Turbine Potsdam, lanterne rouge de Bundesliga, alors que l’emblématique club allemand a connu des nombres élevés de départs et d’arrivées l’été dernier. Une instabilité et des difficultés qui se payent aujourd’hui sur le plan sportif.

Les chiffres produits par la FIFA confirment également l’importance du réservoir de joueuses venues des États-Unis. Les joueuses étasuniennes restent les plus nombreuses à s’exporter (164 en 2022) devant des pays comme le Brésil, l’Angleterre ou la Colombie, même si ce chiffre est en baisse sensible concernant les footballeuses américaines. À l’inverse, les joueuses françaises sont plus nombreuses à être mouvement, avec 39 d’entre elles concernées par des transferts en 2022, un chiffre qui a pratiquement doublé par rapport à 2021 (20).

 

Photo : German Parga / FC Barcelona

Hichem Djemai