L'Italie, pays du football a du mal à s'imposer dans le football féminin tant national en Ligue des Champions, qu'international lors des grandes compétitions. Nous avons donc voulu en connaître les raisons avec l'internationale italienne et joueuse de Brescia : Martina Rosucci. Entrevue. 
 

"Malheureusement ce n'est pas un mystère que le football féminin en Italie ne soit pas développé et qu'il soit derrière d'autres pays internationaux. Je pense que le principal problème est le machisme, une mentalité enracinée qui ne permet pas en Italie, la croissance de n'importe quel sport féminin." déplore l'Italienne. 

L'autre problème réel est notre «statut». "Nous sommes considérées comme des amateurs par le règlement fédéral. Ainsi, tant qu'il n'y a pas de changements, nous ne pouvons pas être inclus au club professionnel masculin. C'est là, la seule façon de gagner en visibilité et surtout, un fonds monétaire suffisant pour investir aussi dans le football féminin." a-t-elle souligné.

 

Coeurs de Foot : Peux-tu nous parler de toi ? 
M.R. : J'ai commencé à jouer au football à l'âge de neuf ans, car mon frère jumeau y jouait aussi. Je suis un milieu de terrain avec une caractéristique offensive. J'ai joué dans des équipes masculines jusqu'à ce que je pouvais. Ma première équipe féminine était Torino Calcio Femminile, où j'ai joué pendant trois ans. Depuis, je suis à Brescia Calcio Femminile et je termine ma quatrième année. 
Ma première apparition avec l'équipe nationale était en Mars 2008, avec l'équipe U-17; Mai 2008 avec l'équipe U-19; Juin 2013 avec l'équipe nationale senior jusqu'à présent. 
 

Coeurs de Foot : L'Italie n'a jamais eu l'occasion de briller en Coupe du Monde féminine ces dernières années, pour quelles raisons ? 

M.R. : L'Italie ne participe pas à la Coupe du Monde féminine depuis 1999. Je pense que la raison est la même que celle pour laquelle le football en Italie ne peut se développer. Nous avons besoin de véritables projets, concrets. Nous devons investir dans le secteur de la jeunesse pour permettre aux jeunes joueuses de grandir d'un point de vue du football. Nous devons devenir «professionnelles» pour atteindre le même niveau que les autres pays. C'est seulement après toutes ces modifications que nous pourrons essayer de briller à la Coupe du Monde Féminine. C'est mon plus grand rêve. 

 

Coeurs de Foot : Vous êtes passé du 14ème rang FIFA en 2014, au 13ème cette année (2015). Y'a-t-il une vraie progression de l'équipe nationale ? Y'a-t-il un objectif à atteindre ? La fédération italienne fait-elle des efforts pour développer le football féminin ? 

M.R. : Je pense que le fait de ne pas être qualifié pour la Coupe du Monde au Canada va nous faire perdre notre position sur le classement et au moins deux pays vont nous passer au-dessus. Ce qui signifie que la progression n'est plus la réalité. 
Cependant, quelque chose se passe autour des joueuses de football en Italie. La curiosité des gens est en augmentation et la Fédération se rend compte que le football féminin se développe vraiment. Il y'a sûrement une amélioration de l'intérêt, mais seulement le temps nous dira si cette progression est réelle. 
Nous avons maintenant une nouvelle et jeune promotion dans l'équipe nationale, il y a eu un renouvellement des générations, donc nous avons besoin de temps pour nous développer. Mais quelque chose est en train de changer et les conditions sont bonnes. 
Notre objectif maintenant, après l'absence de qualification au Canada 2015, est d'atteindre la phase finale de l'Euro 2017 en Hollande. 
Jusqu'à présent, la Fédération a fait le moins qu'elle puisse faire pour nous. Nous espérons que d'autres changements concrets de la FIGC, seront réalisés et personnellement j'y crois. Une étape importante pour nous serait de devenir une partie des clubs masculins. 
 

Coeurs de Foot : Penses-tu que le niveau de l'équipe nationale à un rapport avec le niveau du championnat italien ? 

M.R. : Sûrement, l'équipe nationale reflète le faible niveau du championnat italien. Il y a deux ou trois équipes fortes dans la ligue, où presque toutes les joueuses nationales évoluent. Mais le niveau n'est pas suffisant pour nous permettre de développer le football féminin. La ligue n'est pas assez physique et c'est la raison principale pour laquelle nous souffrons, quand nous jouons les matchs internationaux. 
 

Coeurs de Foot : Ton club "ACF Brescia Femminile" est un club très réputé dans le championnat italien, vous êtes à 1 point du leader et vous avez gagné votre 1er titre l'année dernière, espérez-vous un second titre consécutif ? 
M.R. : Notre objectif principal est de remporter le deuxième titre à partir d'aujourd'hui et jusqu'à la fin de la ligue, nous ne pouvons plus faire d'erreurs. Je suppose que tout sera joué dans le dernier tour. 
 

 
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Coeurs de Foot : Brescia a eu l'occasion de jouer en Champions League cette saison face à la meilleure équipe de France et l'une des meilleures équipes d'Europe : l'Olympique Lyonnais. Est-ce que tu constates une différence entre les deux niveaux de jeu ? Qu'est-ce qui a manqué à ton équipe ? 
M.R. : Je pense que l'OL est l'une des meilleures équipes au monde et il a été très stimulant pour moi de me comparer avec des joueuses de ce niveau. Dans ces deux matchs, j'ai eu l'occasion de réaliser le grand écart de niveau qui existe. Je pense que chaque joueuse de l'Olympique Lyonnais est une athlète avant d'être une joueuse de football et c'est la première différence que j'ai remarqué. Elles sont fortes physiquement et elles ont toutes une bonne technique. Je pense que nous avons une bonne technique aussi, mais beaucoup d'entre nous, tout d'abord, celles qui ne jouent pas dans l'équipe nationale, ne sont pas assez préparées physiquement pour s'attaquer à une telle équipe. Nous avons beaucoup appris de l'OL et après ces matchs, j'ai été personnellement impressionnée et j'ai décidé que je veux atteindre ce niveau. 

 

Coeurs de Foot : Contrairement à Lyon, il n'y a pas beaucoup de diversité de nationalités à Brescia, est-ce parce que le championnat n'attire pas les joueuses internationales ? 

M.R. : Oui, je pense que c'est la principale raison. Il n'y a que quelques joueuses internationales dans notre championnat, peut-être parce qu'il ne suffit pas et qu'il n'est pas assez intéressant. Il n'y a pas la culture de caractère multi-ethnique en Italie. D'autres raisons sont que les salaires ne sont pas assez élevés et l'Italie n'a pas les hommes scouts (agents) pour détecter et trouver lors des tournois, les joueuses talentueuses quand elles ont une faible valeur. 
 

Coeurs de Foot : Sara Gama est une de ces joueuses talentueuses et italienne qu'on a le plaisir de voir jouer au PSG. Est-ce que tu aimerais également avoir ce genre d'opportunité ou tu resterais en Italie ? 
M.R. : Sara Gama est un des plus grands talents italiens de tous les temps et je l'appelle "une force de la nature". Nous sommes amies et nous avons gagné un Championnat d'Europe ensemble, en France en 2008, avec l'équipe U19. Je voudrais également faire une expérience comme elle, m'améliorer et me comparer avec un autre type de football. Je pense que je vais le faire dans l'avenir. 

 

Coeurs de Foot : Votre participation à Chypre avec l'Italie a été amère pour toi personnellement car tu as été expulsée à la 36ème minute de jeu. Pourrais-tu revenir sur cet événement avec nous, que s'est-il passé ? 
M.R. : Il reste que l'Italie a failli créer la surprise, on menait 2-1 mais la fatigue l'a probablement emportée et le Mexique est revenu au score puis a pris le dessus, avec un score de 3 à 2. 
J'étais très déçue lors de ce match. J'ai eu deux cartons jaunes : le premier était correct; le second, au contraire a été un véritable choc et je suis restée très surprise devant l'arbitre, je ne pouvais pas en croire mes yeux. La réaction de mes coéquipiers était vraiment bonne, mais ensuite elles ont concédé deux buts dans les trois dernières minutes. 
 

Coeurs de Foot : Alia Guagni a dit que le point faible de l'Italie était "le manque de concentration", es-tu d'accord avec cela ? 
M.R. : Je suis d'accord avec Alia, c'était un manque de concentration parce que même si nous étions fatiguées, il n'était pas autorisé de permettre au Mexique de marquer deux buts en trois minutes. Mais tout est utile pour parfaire notre expérience. 
 

Coeurs de Foot : Qu'aimerais-tu faire après ta carrière de footballeuse ? 
M.R. : Maintenant, je suis en dernière année d'Université. J'étudie la science du mouvement, donc ça sera sûrement le sport, mon avenir. Je tiens également à devenir entraîneur quand j'arrêterai de jouer. Je ne peux pas rester trop loin de ce rectangle vert. 

 

Dounia MESLI