En zone mixte, on a réussi à échanger avec Marion Torrent. La Montpelliéraine avait la mine grave et n'avait pas à coeur d'évoquer ce match, malgré tout elle a bien voulu nous donner son sentiment sur cette amère défaite 4-0 contre Paris.

 

CDF - Merci Marion de nous accorder cet interview. On voulait avoir ton sentiment sur ce match, même si j'imagine que ça doit être compliquée [comme défaite] ?

Bah prendre deux buts [aussi] rapidement, c'est très compliqué même mentalement. Les quinze premières minutes ont été difficiles, et on a lâché le match. Revenir avec un score comme ça face à une grosse équipe, c'est dur. 

En deuxième mi-temps, on a essayé de revenir avec de bonnes intentions, mais ce n'était pas suffisant. Maintenant il va falloir relever la tête et bosser d'autant plus. On sait très bien que ça fait de cela quelques matches qu'on a perdu notre place en Ligue des Champions et on n'a plus la Coupe donc voilà. On a encore une troisième place à jouer.

 

CDF - Est-ce qu'il y a eu un manque de solidarité tu penses au sein de l'équipe ?

Non je pense que mentalement on avait à coeur de bien faire, maintenant on joue contre des grosses équipes et si on n'est pas dedans rapidement, on le paye cash et ça a été le cas. On sait ce qui nous attend, et il faut continuer à travailler parce que c'est avec des matches comme ça, qu'on sait qu'il nous reste du travail [pour rivaliser].

 

CDF - On a eu du mal à comprendre votre stratégie et votre tactique sur ce match. Comment tu l'expliques ?

(rires nerveux) On a une stratégie offensive, basée sur des joueuses rapides [devant] comme Mondésir et Jakobsson, puis des joueuses qui peuvent caler le ballon comme Le Bihan et Gauvin. Maintenant il fallait aussi les trouver et pour les trouver, il fallait aussi avoir le ballon. On n'a pas travaillé ensemble peut être défensivement, c'était assez dur en début de match. Après on a essayé de se caler [les unes aux autres], mais on n'a pas réussi à les contrecarrer pour poser notre jeu. On a eu quand même des bonnes phases de jeu, on a eu une barre de Sofia [Jakobsson], un face à face de Mondésir [face à Kiedrzynek, la gardienne du PSG] et si on les avait mis, ça n'aurait peut être pas été le même match. On ne peut pas refaire le scénario, mais on a eu aussi des occasions, qu'on n'a pas su concrétiser.

 

CDF - Comment tu vois ton rôle personnellement au sein de l'équipe ? Tu joues depuis quelques matches au milieu de terrain, on t'a vu sur tous les fronts, tu as fait un gros match. Comment tu te sens ?

On avait quand même pas mal de jeunes joueuses [ce soir sur le terrain], on a eu Easther {Mayi Kith] (21 ans), la défenseure centrale, qui était "une nouvelle joueuse" entre guillemets (l'Américaine est arrivée ce mois de janvier en provenance de l'université West Virginia), donc il faut lui laisser le temps de s'adapter. Elle avait un peu de pression je pense ce soir, il faut être indulgent. On avait une équipe un peu jeune comme je l'ai dit, maintenant je sais depuis le temps que je suis à Montpellier (depuis 2005) et de par mon âge, qu'il faut que je prenne un peu plus mes responsabilités, j'ai essayé. Pour autant tout le monde est concerné, on est une équipe, on est onze sur le terrain, que ça soit une jeune ou pas, tout le monde à le droit de parler, et tout le monde doit parler.

 

CDF - Oui, c'est vrai. Et cet hiver il y a eu un mercato, toi tu es une ancienne du club, tu es expérimentée au sein du club comme tu l'as dit. Qu'est-ce que tu attends comme changements pour l'équipe ? Parce qu'il faut qu'il y ait des changements...

C'est un peu une question piège (sourire nerveux). Déjà on sait qu'on va avoir un nouveau coach pour la saison prochaine, on a aussi des joueuses en fin de contrat. Je ne sais pas qui va rester la saison prochaine parce qu'on a quand même une saison qu'on doit finir et on va se concentrer là-dessus avant tout. Le niveau du championnat a vraiment progressé, le niveau des équipes a augmenté, il n'y a plus de petites équipes, il n'y a plus que des bonnes équipes et des très bonnes équipes. Nous si on reste à ce niveau-là, on va se faire dépasser.

 

CDF - Tu resteras à Montpellier de ton côté la saison prochaine ?

Moi je suis sous contrat encore un an. Après on verra. Je ne me projette pas, parce qu'on ne sait jamais ce qui peut arriver, avec les blessures, notre niveau peut être là ou pas, mentalement aussi on peut avoir des moments moins biens et c'est pour ça que je me concentre sur ma saison à finir. Par contre il ne faut pas lâcher le club parce qu'ils ont besoin de nous, et nous on a besoin qu'ils nous soutiennent [pour donner le meilleur de nous-mêmes] et on va continuer [pour le maillot], parce que c'est aussi la mentalité du club, de ne rien lâcher.

 

CDF - Parce qu'il y a aussi une Coupe du Monde au bout pour toi peut être ?

La Coupe du Monde, c'est autre chose. Il faut penser au club en se disant qu'il faut avoir de bons résultats, parce que ça nous permet aussi d'être vue pour la sélection, donc ça va de pair. Le club c'est là où tu travailles, c'est là où tu t'améliores, tu prends de l'expérience etc donc il faut vraiment bosser en club et si t'es performante, tu pourras être appelée, et il faudra répondre présente si ça arrive.

 

Le groupe vit bien ?

Oui, on est toutes mobilisées sur le terrain, tout le monde est dans le dur, on reste soudées ensemble, il n'y en a pas une qui est au-dessus de l'autre. De toute façon, c'est ensemble qu'on peut y arriver, parce qu'on est obligées, on est un sport collectif.

 

Entre les ambitions que vous prônez et ce que vous montrez sur le terrain, il y a quand même un écart ?

Au début de l'année, on se dit qu'on a des objectifs [à atteindre], lors de nos matches de prépa contre des clubs de Ligue des Champions, on les gagne, on se dit qu'il faut continuer sur cette voie-là, et puis arrivées aux matches, on a du mal à se trouver. Après cela, on perd peut être confiance dans notre jeu.

Maintenant on a fait un début de saison où on s'est pris des grosses claques, et c'est difficile de se dire : "On sait très bien que dans le championnat français, que si on perd un ou deux matches, [la saison] c'est finie". Même s'il ne faut rien lâcher, il faut attendre les erreurs des autres, qui n'arrivent pas au final. Tu n'as plus les cartes en main. On a du mal à avoir cette hargne comme vous dîtes, mais toutes ensemble, parce qu'individuellement elle est présente.

 

CDF - Est-ce que votre polyvalence nuit à votre jeu, selon toi ?

Je ne peux pas vous dire, sincèrement. Il y a eu des matches où on a eu de la polyvalence [les unes les autres par rapport à notre place sur le terrain] et on les a gagné aussi. Pour moi à un moment donné tu es sur le terrain, tu joues n'importe quel poste, même si c'est dans la difficulté, les duels que tu sois à droite ou à gauche, il faut que tu les gagnes. Moi c'est mon ressenti. Il y a eu des choix [stratégiques] qui ont été faits, et c'est à nous aussi qui sommes sur le terrain de nous bouger [tactiquement]. Il n'y a pas de coupable [à pointer].

 

C'est une saison à oublier ?

C'est une saison où il faut continuer [de faire les efforts] (sourire) parce que si on l'oublie, ça veut dire qu'on va refaire les mêmes erreurs (elle s'esclaffe nerveusement). On ne l'oublie pas et justement il faut l'année prochaine, faire beaucoup beaucoup mieux et je pense que [ça nous a donné une bonne leçon].

 

Dounia MESLI