Troisième partie au présent, pour la suite (et fin) de cette interview grand angle avec Marion Torrent qui évolue à Montpellier (MHSC). Ici on parle de la saison écoulée, le bilan... Et puis, bien sur, la suite en championnat avec Montpellier alors qu'elle a repris l’entraînement avec son club le 30 juin dernier. On évoque son positionnement sur le terrain mais aussi l'équipe de France qui pour l'instant fait patienter Marion...

 

Coeurs De Foot : Alors pour parler de la saison qui vient de s'écouler, vous avez fait un très bon début de saison, puis un début d'année 2016 plus compliqué avant une finale de Coupe de France. Quel bilan, avec un peu de recul, vous tirez de la saison qui vient s'écouler pour Montpellier ?

Marion Torrent : On va dire qu'on a fait l'inverse de ce qu'on a fait la saison précédente. On a démarré cette saison sur la même dynamique que la fin de la saison passée et après nos bons résultats à Paris, Juvisy et notre nul contre Lyon, on a commencé à y croire et on s’est dit « Pourquoi pas penser à la 2e place ! ».

Mais notre mauvais début, en deuxième partie de saison, a coupé court à nos illusions. Ensuite, on s’est accroché à la Coupe de France et cela nous a emmené jusqu’à la finale perdue 2 à 1 contre Lyon à deux/trois minutes de la fin.

Donc le bilan n’est pas satisfaisant car on se dit qu’on avait la possibilité de faire quelque chose sur cette saison. Mais on ne baisse pas les bras et on va ré-attaquer cette année avec les mêmes ambitions.

CDF : Après on a l'impression en regardant vos matches notamment contre Paris que la hiérarchie n'est pas figée et que Montpellier n'est pas si loin que ça ?

M.T : Non, elle n’est pas figée. On peut arriver à atteindre une des deux premières places. Contre Paris, avec un match nul 0 à 0 à l’extérieur et une défaite 2 à 1 à Grammont (dans un jour sans), mais aussi avec un 2 à 2 et une qualification au tirs aux buts (coupe de France), on se dit qu’on n’est pas si loin que ça…

Cette saison, on a quelques départs mais sinon la base de l’équipe est restée, alors qu’il y a quand même beaucoup de changement à Paris. Alors pourquoi pas cette année ? Car on a toujours le mental !

CDF : La Coupe de France c'est une compétition que vous avez remporté en 2009 avec Montpellier. Depuis vous êtes allé cinq fois en finale mais perdue à chaque fois. Dans le foot français, il y a discours qui revient souvent sur le « manque de mental », l'absence de «culture de la  gagne » chez certaines joueuses, en France en particulier. Est-ce que pour vous ça peut-être une des explications par rapport aux finales perdues ?

M.T : Non. Je pense qu’on a le mental. On perd sur une action individuelle de Louisa [Nécib] donc on ne peut pas dire qu’on a lâché mentalement. C’est un exploit individuel qui a fait la différence. Les finales précédentes, on perd 2 à 1 contre le champion d’Europe…

Maintenant le mental, c’est une affaire personnelle. On l’a ou on l’a pas. C’est surtout à la joueuse de se remettre en question et de se motiver. Tu peux avoir du talent, si le mental ne suit pas, ça ne suffit pas. Je ne pense pas avoir ce souci de mental.

CDF : Sur un tout autre sujet. Aujourd'hui vous jouez latérale droite mais j'ai vu qu'au départ vous avez joué dans l'axe comme milieu défensive et comme arrière centrale. Vous êtes également ambidextre, comment vous vous êtes retrouvé à jouer latérale droite ?

M.T : J’ai été formée en milieu défensif, étant jeune. Quand je suis arrivée en D1, j’ai joué défenseure centrale parce qu’il y avait des blessées à ce poste.

Et puis nous jouions la Champions League et comme j’avais fait un bon match en défense centrale en championnat, mais que les filles revenaient de blessures, la coach me dit : « Vu que je suis contente de ta prestation, je ne veux pas t’enlever de l’équipe, alors on va te faire jouer sur un côté ». Donc du coup, elle m’a fait jouer latérale droit. Cette saison là, j’ai alterné milieu défensif, défense centrale et latérale.

CDF : Est-ce que ça vous manque de jouer dans l'axe ? Parce que c'est vrai que ce n'est pas du tout le même rôle...

M.T : Défenseure centrale, on m’a toujours dit que j’avais de bons placements mais que je manquais de taille. Latérale et milieu défensif sont deux postes différents.

En ‘6’, il faut du volume de jeu, courir beaucoup et avoir une bonne VMA (ça tombe bien la mienne est bonne !). Récupérer des ballons, j’aime beaucoup. En plus on a la possibilité de se projeter vers l’avant et on touche le ballon souvent.

En latérale, on fait des efforts différents, dans un couloir, et quelques fois, selon les matchs, on ne touche pas souvent le ballon. Mais déborder et amener des centres et un surnombre, ça peut être bien également. Mais ma formation est en ‘6’ et c’est un poste que j’apprécie beaucoup.

CDF : Des joueuses qui ne sont pas latérales au départ et qui le deviennent par la suite, on en a quelques exemples, avec par exemple des joueuses qui débutent attaquantes et qui sont replacées latérales. Est-ce que c'est pas une manière comme vous dites, de garder sur le terrain de très bonnes joueuses même si ce n'est pas leur poste de départ ?

M.T : C’est vrai que maintenant , le poste de latérale, ce n’est plus trop le poste où tu restes derrière et où tu te contentes de défendre. On peut apporter beaucoup offensivement en écartant le jeu sur les côtés.

Le poste a beaucoup évolué. La saison passée, j’ai joué les plus gros matchs en milieu défensif plus qu’en latérale. Mais bon, moi je joue où on me dit, du moment que je joue…Mais si je pouvais me fixer à un poste ce serait bien aussi...

CDF : Dernière question, sur l'équipe de France. C'est un de vos objectifs de porter le maillot bleu, et pourquoi pas jouer l'Euro 2017 et la Coupe du Monde en France. Pour le moment vous êtes à la porte de la sélection, avec des convocations mais pas d'entrée en jeu. Comment vous vous sentez par rapport à l’Équipe de France ?

M.T : Je vais continuer à travailler pour réussir. J'espère que ça viendra un jour, je me le souhaite. Et puis c'est un objectif que je me suis fixé depuis longtemps. C'est vrai que d'arriver un jour à avoir cette première sélection, ce serait quelque chose de grand pour ma famille et pour moi. Ensuite, évidemment, l’objectif serait d’y rester et ça passe par de bons résultats en club, en coupe et championnat.

J’espère qu’on fera appel à moi prochainement... En tous cas, je répondrai toujours présente.

Les deux premières parties de l'interview de Marion c'est ici (partie 1) et là (partie 2)

Hichem Djemai