Gardienne de l'équipe de France de Futsal lancée en septembre 2023 à Clairefontaine, Léa Ruoppolo a récemment été invitée au stage lancé par l'association "Juste pour Elles" pour partager son expérience dans sa pratique et coacher le temps d'une journée ces gardiennes en devenir.



CDF - Que penses-tu de cette initiative de stage lancé par l’association "Juste pour Elles" spécifiquement pour le poste de gardienne de but ?

C’est une super initiative lancée par Jordy [Longui], aussi bien pour les filles que pour le poste de gardienne de but, qui peut parfois être délaissé. Cela permet aux filles présentes de se sentir valorisées, d’échanger entre elles, d’apprendre de nouvelles choses et d’élargir leurs compétences. Ça a notamment pu être le cas durant ce stage, puisqu’on a pu introduire le futsal auprès de gardiennes principalement issues du football.

CDF - As-tu des soutiens autour de toi pour ta pratique du Futsal ?

Je fais des études à côté de ma pratique sportive, et c’est principalement le club et mes coéquipières qui sont le plus grand soutien dans mon quotidien.


CDF - Comment fais-tu avec tes études ? Tu as 21 ans aujourd'hui, donc il te reste peut-être encore quelques années j’imagine pour valider ton cursus ?

Oui exactement je suis encore étudiante. Je viens de commencer un Master de sociologie que j’ai volontairement choisi avec un emploi du temps assez flexible, qui me permet d’agencer mes journées de manière à concilier ma pratique sportive et mes études.

Le statut de « sportive de haut niveau » me permet également de bénéficier de certains avantages.

 

CDF - Une question un peu technique. Est-ce qu’une gardienne de Futsal peut marquer comme on le voit parfois chez les gardiens/gardiennes de foot ?

(sourire) C’est assez récurent pour certain(e)s gardiens et gardiennes de futsal. Cela peut s’effectuer par plusieurs moyens : dans le jeu lorsque la gardienne sort de sa surface pour exploiter l’apport offensif, sur contre-powerplay, c’est-à-dire lorsque la gardienne récupère le ballon et effectue une relance longue, au pied, dans le but vide de l’équipe adverse, qui a remplacé sa gardienne par une joueuse de champ, souvent pour revenir au score, et évidemment sur penalty ou sur coup franc même si cela reste moins fréquent.



CDF - On a appris récemment que l'Euro 2025 avait été "annulé". Est-ce qu'on vous a expliqué les raisons ?

L’Euro n’a pas été annulé, mais décalé après l’annonce de la création d’une coupe du Monde de Futsal en 2025. L’Euro devant initialement se dérouler la même année, le calendrier des compétitions a été réorganisé, de manière à ce que l’Euro se déroule en 2027 et la Coupe du Monde en 2025.

 

"Qualifier l’équipe de France aussi bien pour la

Coupe du monde en 2025 que pour l’Euro en 2027"

 

CDF - Comment avez-vous pris cette nouvelle ? Est-ce que vous vous êtes dit tant mieux, vous aurez plus de temps pour vous préparer, ou dommage car c’était l’occasion justement de vous jauger, avant le mondial ?

Finalement, ça ne change pas grand chose pour nous à court terme. Le tour préliminaire prévu en mai 2024 se déroulera mais nous qualifiera non pas à l’Euro mais à la Coupe du Monde.

La temporalité des échéances de court terme est donc similaire, mais les conditions d’accès à la compétition la plus proche (la Coupe du Monde désormais) et les enjeux sont différents. Pour autant, l’objectif reste le même : qualifier l’équipe de France aussi bien pour la Coupe du monde en 2025 que pour l’Euro en 2027.

 

CDF - Aimeriez-vous avoir la même médiatisation ou mise en lumière que le foot à moyen terme ? On sait que l'Espagne par exemple mise presque tout autant sur le futsal que le football, et cela porte ses fruits car l'équipe nationale est championne du monde de foot en 2023, et triple championne d'Europe en titre au futsal. 

Je pense que le futsal et le football sont deux sports tout à fait différents, mais parfois complémentaires notamment pour les plus jeunes pour qui la double pratique est assez fréquente. Les apports du futsal sont évidents pour le football et ont largement été mis en avant par certains footballeurs/footballeuses notamment brésiliens/brésiliennes pour qui la double pratique est quasi-systématique durant la jeunesse.

Pour autant, je pense que le développement du futsal, particulièrement dans les pays pour qui ce sport ne fait pas autant partie de la culture sportive comme en Espagne, doit avant tout être motivé par un intérêt pour ce sport à part entière et non pas par une logique stratégique pour développer le football. Effectivement, le développement du futsal peut tout de même s’inspirer de la logique de développement du football avec une plus grande médiatisation. Ce serait tout à fait désirable, aussi bien pour les femmes que pour les hommes ! Ça a d’ailleurs déjà été impulsé avec la création de la plate-forme FutsalZone qui diffuse les matches du championnat de D1, certains matches de ligue des Champions, les matches de l’équipe de France masculine et certaines interviews des acteurs du futsal.

 

CDF - Attends-tu avec impatience la création d’un championnat de futsal national, comme cela peut se faire avec la D1 ?

Comme toutes les joueuses de futsal, la création d’un championnat national pour les femmes, à l’instar de la D1 pour les hommes, est quelque chose que l’on attend impatiemment.

C’est également la volonté de la FFF qui, par la création du Challenge national féminin de futsal, souhaite développer ce sport en France et structurer davantage cette pratique pour les femmes.

 

"L’objectif est évidemment de contribuer au

développement du futsal en France"

 

CDF - Tu as expliqué durant une discussion avec les jeunes gardiennes présentes pour le stage, que tu aimerais jouer à l’étranger. As-tu des clubs de rêve ? Pourquoi faire ce choix ? Pour être 100% professionnelle ?

Effectivement, je pense qu’une expérience à l’étranger pourrait être intéressante pour en apprendre encore davantage sur ce sport et pour enrichir ma pratique. Pour autant, pour l’instant, j’appréhende cette potentielle expérience à l’étranger avec une perspective de court terme, en envisageant par exemple une expérience d’une ou deux semaines à l’étranger.

Mais pour le moment, je suis très bien au Nantes Métropole Futsal, nous ne sommes pas professionnelles mais les conditions dans lesquelles nous pratiquons et les performances de l’équipe sont plus que satisfaisantes, d’autant plus que l’objectif est évidemment de contribuer au développement du futsal en France. C’est pour cela que j’envisage cette expérience à l’étranger comme une expérience de court terme et que, même si l’objectif est effectivement de devenir professionnelle un jour, si cela peut se faire en France, c’est évidemment l’option privilégiée !

Je n’ai pas particulièrement de club de rêve à l’étranger même si certains brillent par leurs performances comme le club de Bitonto en Italie, de Burela en Espagne ou de Benfica au Portugal. La question de mes études ne se posent pas vraiment. Il me reste encore un an pour terminer mon Master, et je pense que d’ici là, je n’ai pas encore vocation à effectuer une expérience à l’étranger autrement qu’à très court terme.

 

Photo : FFF

Dounia MESLI