La réaction du coach lyonnais, Jean-Luc Vasseur après ce deuxième succès de l'année avec la manière 5-0 contre le Paris FC, et l'objectif affiché de récupérer la place de leader du championnat, au PSG.
Journaliste - Futur leader du championnat ?
Jean-Luc Vasseur - Oh il a de l'humour (rires), c'est caustique ou quoi ? Non c'est ce que je disais en préambule [à Canal], je pense que tout ceux qui suivent le football féminin souhaitent que les choses changent et redonner de l'émulation un petit peu à ça [au championnat, notamment en ce qui concerne le classement des équipes].
Nous aujourd'hui, c'est un championnat, il y a des matches allers, on n'est pas en tête, mais il y aura des matches retours et à l'issue de cela, on pourra faire le point sur qui est devant et qui est derrière. En l'occurrence actuellement c'est Paris, nous on se focalise sur nos matches à chaque fois qu'on doit rencontrer des équipes comme le Paris FC, de faire le mieux possible et puis il y aura un match contre Paris [PSG], je ne sais pas si encore le championnat sera complètement, définitivement clos puisqu'il y a des équipes qui font, ou récupèrent leur retard, si on peut parler de retard, comblent un petit peu leur retard, en s'améliorant de saison en saison. Donc je trouve que oui ça viendra [ce changement] et que d'autres équipes viendront se battre avec Lyon, avec le PSG, pour donner encore plus d'attrait à ce championnat, parce qu'on est là pour la promotion du Foot, avec un grand F.
Le Foot Féminin est hyper intéressant, hyper attractif, donc on le rend encore plus attractif et c'est le cas aujourd'hui puisque nous sommes 2e.
"On a d'autres joueuses qui vont arriver."
Coeurs de Foot - On a senti quand même que Lyon avait retrouvé de sa splendeur, avec un jeu bien huilé, des joueuses qui combinaient bien ensemble... Qu'est-ce qui explique cela, après votre précédent succès aussi (3-0, contre Reims, ndlr), ça vous a fait du bien aussi cette trêve hivernale ?
J.-L. V. - Non la seule ombre au tableau c'est ce match aller contre le Paris Saint-Germain c'est tout (défaite 1-0, ndlr). Cette équipe [de Lyon] n'avait pas perdu depuis très longtemps.
C'est une équipe, qui est habituée à gagner, mais elle n'est pas habituée parce qu'elle se présente sur le terrain, elle est habituée parce qu'elle donne beaucoup, elle investit beaucoup, il y a du talent sur le terrain, et aujourd'hui j'ai pu faire appel à d'autres joueuses, j'ai un banc conséquent, j'ai de grandes joueuses qui sont encore à la maison, qui n'ont pas encore repris le chemin des terrains (Ada Hegerberg, ndlr). On a d'autres joueuses qui vont arriver.
Il faudra compter sur nous [cette année] ne vous inquiétez pas, à la fois pour le championnat, la Coupe de France et aussi la Champions League. La prestation est globalement satisfaisante ce soir, mais quand on est Lyon, on doit encore faire mieux et on fera mieux.
Journaliste - Sur la titularisation et la prestation d'Eugénie Le Sommer
J.-L. V. - Eugénie est une joueuse extraordinaire, qu'on apprécie tous, et on était ravi de sa prestation aujourd'hui. Elle fait partie de plein d'autres joueuses sur lesquelles je peux m'appuyer. Je suis ravi aujourd'hui de m'être appuyé sur elle, parce qu'elle a mené de grandes attaques, c'est ce qui est le plus important pour elle.
Journaliste - Sur la prestation de la gardienne du Paris FC Chiamaka Nnadozie, qui a fait de beaux arrêts
J.-L. V. - J'ai plutôt pensé que mes attaquantes auraient mieux pu faire. Bravo à elle, elle a été généreuse, engagée et a bien géré ses face à face, qui ne sont jamais faciles. Mais quand vous avez des gardiennes qui sont très sollicitées comme ça, que ça soit gardienne ou gardien, en général ils sont chauds, donc ils prennent un ascendant psychologique sur les attaquantes/attaquants.
Là aujourd'hui j'aurai bien aimé que Niki [Nikita Parris] marque un peu plus, ça lui aurait fait du bien, ça ne sera que partie remise, et puis elle a marqué un très beau but de la tête pour finir, donc c'est bien pour elle.
Journaliste - Quelles leçons vous tirez de ce match gagné avec la manière ?
J.-L. V. - Quand vous êtes à Lyon, vous êtes dans la meilleure équipe du monde, donc vous devez gagner tout le temps. On fait ce qu'on doit faire, on a fait le job ce soir et il faut le faire à chaque fois qu'on se présente sur le terrain, se remettre à la tâche et jouer cette étiquette [de champion] qu'on a.
Aujourd'hui il nous manque quelque chose, on n'est pas en tête, il y aura encore un match qui se jouera demain [pour le PSG, face à Guingamp] mais j'estime que je ne suis pas en tête et on verra à la fin de la saison.
Coeurs de Foot - Cette année, comme l'année précédente, est assez particulière avec la pandémie, c'est vrai qu'on n'a pas beaucoup de visibilité sur ce qui pourrait se passer, à savoir si vos joueuses vont être appelées aussi en sélection ou pas... Est-ce que vous ressentez personnellement que vos joueuses peuvent être touchées, affectées, mal à l'aise pour les Bleues, de leurs convocations [au vu de l'ambiance qui y règne, même si on a l'impression qu'elle s'est estompée] ?
J.-L. V. - Alors il y a deux questions. Un la pandémie, mais je pense que nous sommes tous touchés, dans tous les secteurs d'activités. C'est vrai que c'est particulier, parce qu'aujourd'hui on doit faire des tests, et en fonction de ces tests-là, on peut présenter les filles ou pas, ou on pourrait ne pas jouer [si on a trop de joueuses affectées], donc c'est très très très particulier.
En ce qui concerne la sélection, je pense que l'on s'est pas mal étalé là-dessus, je ne veux pas en rajouter plus. Nous on fait en sorte que quand elles y aillent, elles soient en pleine forme, et quand on les récupère, on espère qu'elles soient en pleine forme.
Coeurs de Foot - Le coach de Bordeaux, Pedro Losa, avait soulevé le manque d'efforts fait autour de la marque D1 Arkema, comparé à la FA WSL par exemple. Est-ce que vous attendez plus autour de la marque de la D1 Arkema vous aussi, quand on voit tous les efforts qui sont faits pour médiatiser le foot masculin et leurs acteurs, par rapport au foot féminin ?
J.-L. V. - Moi je suis ravi de découvrir le foot féminin (Jean-Luc Vasseur a entraîné pendant plus de 17 ans des équipes masculines, après son parcours de joueur - au PSG, Rennes, Saint-Etienne etc - dont Reims ou encore le Paris FC, ndlr), et je suis ravi de découvrir les différences que l'on fait [pour exister] et c'est vrai que je peux vous dire que les différences qu'on fait, même dans le monde de tous les jours [entre les hommes et les femmes, sont difficiles à comprendre]...
Mais effectivement il y a un public, il y a des gens qui sont prêts à investir de l'argent, quand les choses rentreront dans l'ordre, et il y a des spectateurs pour [le foot féminin]. Ils apprécient le foot qui est montré. On a une équipe aujourd'hui qui performe sur la scène européenne, et c'est toujours bien pour le football français.
"J'attends bien sûr plus [pour développer le foot féminin], c'est la
moindre des choses qu'on peut demander aux instances."
Coeurs de Foot - Vous attendez tout de même plus, pour donner encore plus de visibilité au foot féminin et à ses actrices ?
J.-L. V. - J'attends bien sûr plus, j'attends qu'il y ait 5 changements en championnat, j'espère qu'on aura 18, peut-être 20 équipes, j'espère un statut professionnel, j'espère appartenir à la LFP, parce que ça permettrait de développer, à la fois les centres de formation, les académies pour les autres clubs, avoir des droits TV un peu plus importants, qui permettraient de structurer ce foot féminin. Je pense que ça c'est la moindre des choses qu'on peut demander aux instances.