Les premières impressions de Gérard Prêcheur après la victoire de l'OL 1-0 sur la pelouse de Juvisy en match en retard de la 9e journée de D1 . L'entraîneur lyonnais nous parle de ses choix tactiques et il nous explique pourquoi il est particulièrement fier de la performance de ses joueuses. Morceaux choisis.

 

« Je pense que quand on passe 75 % du temps dans la moitié de terrain adverse, c'est qu'on a pas été si prudent que ça quand même. Même que notre ligne arrière était tout le temps à la ligne médiane... On était vigilants bien sûr, il fallait être vigilants parce que la preuve, à 1-0, on a pas mis le deuxième. Dans les cinq dernières minutes, ça pousse, un coup de pied arrêté... On l'a vécu sur deux matches contre Paris donc, il faut être vigilant, mais notre jeu n'était pas basé sur la prudence, bien au contraire.

Donc pour vous qu'est-ce qui explique qu'on soit passé de 5-2 dimanche à 1-0 aujourd'hui ?

« Le contexte était différent. Je tiens à dire que c'était deux terrains qui sont diamétralement opposés. Pelouse magnifique au Parc OL, là c'est un terrain de District. Je veux pas être désagréable, je suis content, on a gagné, on reprend la première place avec Paris donc y'a que du positif pour moi. Donc si je dis ça c'est que c'est réel, c'est pas un terrain de football digne d'un championnat de D1. (…) La différence elle est là.

L'autre différence, c'est que Juvisy a joué au Parc OL. Ils ont joué offensifs, ils ont essayé de nous contrer. (…) Je leur ai dit dans la causerie avant le match : « On leur a donné de l'espoir avec les deux buts qu'on a encaissé au Parc OL, il faut tuer cet espoir d'entrée. Et il nous faut la possession et être costaud ». Et moi je dis, la qualité technique de l'OL cet après-midi vu l'état du terrain, vraiment je leur tire un chapeau, bravo aux filles. (…)

Elles ont eu la maîtrise du ballon, la maîtrise du jeu et du coup, on a eu un adversaire qui a pas joué du tout de la même façon qu'au Parc OL, donc du coup a fait que défendre. En deuxième période, c'était presque que de l'attaque-défense et pour ne pas encaisser le deuxième but. Donc oui c'est plus dur de marquer, de trouver les espaces quand on a un bloc comme ça de dix joueuses sur vingt, vingt-cinq mètres »

« Un bon 1-0 »

« Dans le jargon du football, à mon expérience (...), c'est ce qu'on appelle un bon 1-0. Bien sur que 5-2 c'est bien mais 1-0... Je leur dis, des fois on s'impatiente parce qu'on marque pas. Je leur ai déjà dit 1-0, même si on marque à la 80e ou à la 85e c'est des bons matches. On peut pas, même si on est l'Olympique Lyonnais, gagner tous nos matches 5-2 ou 4-0 ou 5-0. Quand on a bon adversaire (…) Juvisy c'est une une belle équipe, ils ont accroché Montpellier. Donc non, arriver à battre Juvisy, deux fois en trois jours, c'est une belle performance des filles.

Vous avez des choix d'organisations tactiques différentes entre les deux matches (3-5-2 dimanche, 4-3-3 aujourd'hui). Est-ce que vous pouvez nous expliquez pourquoi ?

« Si vous avez remarqué, on a fait la même contre Alvadsnes et contre Zurich [en Champions League]. Et là sur une confrontation, j'aime bien parce que moi, il me faut des réponses. Vous avez vu la qualité des joueuses que j'ai, la qualité de l'effectif. Donc l'entraîneur il a toujours besoin d'un maximum de réponses et d'indicateurs pour se tromper le moins possible.

Parce qu'on va se tromper : « Pourquoi y'en a une qui joue et pas l'autre ? ». Donc c'est tellement dur de faire les choix vu la qualité de l'effectif, c'est qu'il me faut des réponses et donc c'est bien de voir. Et le 4-3-3, je suis venu à Lyon avec le 4-3-3 parce que c'est le système sur lequel je me suis toujours appuyé quand j'étais directeur à l'INF [Clairefontaine] on jouait que en 4-3-3. (…)

Si vous regardez bien l'animation, entre le 4-3-3 et le 3-5-2, on retrouve les mêmes triangles, c'est l'animation après qui change. Notre triangle du milieu qui est presque le plus important pour notre jeu est le même. Soit la tête en bas (une 6, deux 10), soit la tête en haut (deux six, une 10) et c'est l'animation des couloirs qui différencie beaucoup.

Et puis c'est bien que l'adversaire qui joue beaucoup par rapport à nous, ne puisse pas savoir comment on va jouer (…) Montpellier, ils vont pas savoir comment on va jouer, Wolfsburg non plus. Wolfsburg, j'ai discuté après [la finale de la Champions League] avec l'entraîneur [Ralf Kellerman], il était estomaqué qu'on ait joué en 3-5-2. Il a reconnu que ça l'avait perturbé. Donc c'est bien de laisser le doute dans l'esprit des entraîneurs adverses.

 

photo: Nelson Fatagraf

Hichem Djemai