La réaction du coach de l'équipe de France U23, Frédéric Biancalani, à la suite de la défaite 1-0 face à l'Angleterre U23 à Clairefontaine, dans le cadre d'un match amical.

 

Coeurs de Foot - Forcément ce n'est pas le résultat attendu, mais c'était une belle équipe en face pour vous jauger ?

Oui c'est une belle équipe, mais je pense qu'aujourd'hui on s'est créé beaucoup de situations, on prend un but sur une erreur, donc il faut qu'on soit encore plus juste techniquement pour pouvoir sortir le ballon, ne pas leur donner de situations, parce que c'est lorsqu'on a perdu des ballons qu'on leur a donné des situations. Je ne dis pas ça pour [tomber sur les joueuses], car ce n'est jamais simple [de ne pas faire d'erreurs]. Mais on doit être beaucoup plus serein techniquement pour pouvoir le faire [éviter les buts].

 

CDF - Comment avez-vous fait vos choix concernant le onze aligné au départ et les cinq changements effectués ?

C'est plutôt pas trop mal (rires) car on a toujours des temps qui sont très courts sur les rassemblements, mais c'est vrai qu'on a un noyau de filles qui est là depuis le début, donc c'est déjà un petit peu plus simple [pour faire ses onze]. C'est quand même [que] notre quatrième match, alors même si on a eu quelques changements et des filles qui sont arrivées, qui viennent et qui repartent, on essaye relativement d'impacter [leur jeu] avec de la vidéo, avec de la répétition dans ce qu'on veut entreprendre offensivement et défensivement.

Maintenant je pense que vous l'avez vu, on s'est créé pas mal de situations, il nous manque la justesse, c'est ce qui est difficile dans le football pour pouvoir gagner des matches et marquer. Aujourd'hui on n'a pas été assez justes pour leur faire très mal.

 

CDF - La gardienne adverse (Emily Ramsey formée à Manchester United, et joueuse à Everton, ndlr) a également arrêté un beau tir de Jade Le Guilly pleine lucarne en fin de match, qui aurait pu vous donner au moins le match nul ?

Oui elle fait deux/trois arrêts décisifs, ce qui ne nous permet pas de revenir au score malheureusement. Je pense que les filles n'ont pas été récompensées des différents efforts qu'elles ont fourni et je suis déçu pour elles.

 

Journaliste - Au niveau de l'impact physique, on a vu des Anglaise, qui rentraient bien dedans... (il le coupe) Il y a eu des coups.

Ah bon vous avez vu de l'impact physique ? Ce n'est rien [les coups], c'est le football. Dans le football, il y a un peu de contact, ce n'est pas un soucis, il faut jouer avec. Aujourd'hui vous le voyez avec les matches internationaux, il y a de plus en plus d'engagement, donc à un moment donné il faut que les filles s'aguerrissent rapidement.

Après on a des filles, qui jouent la Ligue des Champions, on en a pas mal, elles voient aussi que le niveau s'améliore et que pour exister aujourd'hui, il faut être sur le plan athlétique très prêt. Donc aujourd'hui s'il n'y a pas de coups [il n'y a pas de football]. On doit mettre un engagement encore plus fort pour faire mal à l’adversaire. Quand je dis "mal", c'est dans le bon sens, défensivement et offensivement. Dans l'impact il faut montrer qu'on est présent, qu'on a de l'autorité, que lorsqu'il y a une adversaire sur le couloir, qu'on le défende comme notre maison.

 

CDF - Il y a eu aussi des phases justement où les Bleues ont fait respecter leur "maison" comme il faut ?

Oui bien sûr, tout n'est pas à jeter, attention, loin de là. Ce sont des filles avec qui on travaille sur quasiment quatre séances seulement, donc c'est très peu. Sur cette génération la difficulté c'est qu'on a des filles qui jouent beaucoup et des filles qui ne jouent pas ou peu [c'est hétérogène]. C'est aussi pour ça que vous avez vu des filles qui ont débuté le match, ce sont des joueuses qui n'ont quasiment pas joué le dimanche [en championnat].

Il faut qu'on soit aussi intelligent dans la rotation, l'objectif c'est de les préparer tranquillement, avec la répétition des matches, mais on n'est pas là pour blesser les filles, il faut qu'on renvoie aussi les filles tranquillement dans leur club. Une fille comme Kessya [Bussy] qui commence à avoir du temps de jeu dans son club, elle en a aussi ici, donc comme on le dit il faut qu'on travaille intelligemment avec les différents clubs.

 

CDF - Au sujet de Margaux Le Mouel, qui semble s'être blessée en fin de match.

Je ne sais pas trop, non ça va, je crois qu'elle a pris un coup, mais c'est le haut niveau, Margaux il faut qu'elle s'endurcisse, elle le sait, ça fait partie [de l'apprentissage], mais elle est capable, elle va repartir, on a un match lundi [contre la Norvège].

 

CDF - Avez-vous des liens aussi avec les coachs [en sélection et clubs], pour créer une homogénéité entre les joueuses, une identité de joueuses, car ça doit être compliqué [avec le peu de temps] ?

On essaye, on a deux/trois consignes du staff de l'équipe de France A, qu'on essaye de mettre en place, sur le plan défensif, on a un peu plus de liberté sur le plan offensif, mais l'objectif c'est de récupérer le ballon haut, de mettre en place des stratégies. On essaye de les mettre en place, de les mettre en application, car le jour où les filles sont appelées au-dessus, elles doivent répondre.

Là on a eu Jade [Le Guilly], on a eu Laurina [Fazer], qui sont déjà montées, on a eu Naomie Feller, qui était là. Plus on arrive à leur donner les différentes qualités, les enseignements qu'on attend au-dessus, les différents systèmes pour pouvoir aller au-dessus, et qu'elles ne soient pas perdues, qu'on est une continuité dans le projet [plus on aura des joueuses prêtes en A]. Aujourd'hui on a la chance de travailler en étroite collaboration avec le staff A, on a des filles qui sont allées encore hier avec, avant-hier aussi, donc c'est intéressant.

 

CDF - Vous essayez également de créer un vrai parallèle avec les coachs en clubs ?

On essaye d'être proche des filles, d'être proche des clubs, d'échanger ensemble le plus possible. Après contenter tout le monde, c'est toujours difficile au niveau du temps de jeu, mais on essaye de le faire intelligemment.

Comme je le dis on a vingt filles, on va avoir encore un deuxième match, on va encore équilibrer les choses. Il y a des filles qui vont encore débuter le match car à un moment donné ce sont des choix à faire.

 

CDF - Est-ce qu'il y a une joueuse qui sort du lot et qui n'a pas encore été appelée en A ? Je pensais à Inès Benyahia, qui monte en puissance cette saison avec le HAC (prêtée par l'OL, ndlr).

Inès monte en puissance, ce qui est bien pour Inès aujourd'hui ou d'autre joueuse, c'est qu'elle a du temps de jeu au Havre, donc ça c'est très intéressant, c'est ce qui lui manquait à Lyon. Elle est partie justement pour trouver du temps de jeu au Havre, donc pour elle c'est gagnant-gagnant, c'est bien pour Lyon [car la joueuse joue en D1], et c'est bien aussi pour le Havre [qui jouit de ses qualités]. On le voit elle fait des courses, des courses défensives...

 

CDF - Aujourd'hui ce sont les coups de pied arrêtés qu'il faut impérativement améliorer avant tout pour en faire une vraie arme ?

Oui et la finition, car à un moment donné quand on fait des frappes, qui ne sont pas cadrées ou sur la gardienne... On a eu pas mal de situations pour revenir au score, et comme je l'ai dit on a fait trop de maladresses ce soir.

 

CDF - Comment voyez-vous la suite pour le foot féminin français, avec l'arrivée prochainement de la "LFFP" (Ligue de Football Féminin Professionnel), il faut prendre le wagon maintenant, car dans d'autres nations, ça se met vraiment bien en place ?

Oui bien sûr, il n'y a pas de temps à perdre, il y a encore les Anglais qui passent un cap, donc nous aussi on met des choses en place, il va peut-être à un moment donné aller plus loin, mais tout doucement les choses se mettent en place, intelligemment avec les différents clubs, avec la Fédération. L'année prochaine il y a une Ligue qui va être créée, il y a des Centres de formation qui commencent à se mettre en place, il y en a déjà six cette saison, il y en aura encore par la suite qui vont arriver. Ce sont des bonnes choses, ça permet d'avoir les joueuses prêtent le plus tôt possible, pour les accompagner vers le haut niveau.

Dounia MESLI