Dans la volonté du sélectionneur de se projeter plus rapidement vers l'avant et de progresser dans l'animation offensive, Eugénie Le Sommer est un peu en position d'éclaireuse. Avant-centre des Bleues, elle fait partie des joueuses en forme et qui se sont montrées à leur avantage lors du match face au Brésil vendredi à Grenoble. Avec elle, nous avons parlé du Brésil, du jeu offensif des Bleues, et aussi de l'avenir, avec une Eugénie Le Sommer ambitieuse pour la suite...

 

Coeurs De Foot : Vendredi [face au Brésil] c'était le match de reprise aux J.O, comment vous vous êtes sentie sur le terrain ?

Eugénie Le Sommer : On était contentes de reprendre, de débuter la saison internationale on va dire ; Et c'est vrai qu'on restait sur une déception aux JO donc on a envie de rebondir forcément et ça tombait bien parce que le Brésil c'est une grosse équipe donc ça nous permet de nous remettre tout de suite dedans et de pas cogiter, on sait qu'il faudra être au rendez-vous pour pas prendre une pilule comme on dit. On était obligées de répondre présentes et d'être là tout simplement.

 

CDF : A titre personnel, depuis les tribunes on a senti que vous y étiez en forme, très disponible sur le terrain, capable de prendre le jeu à votre compte. Comment vous vous sentez personnellement avec en plus un très bon début de championnat [5 buts face à Soyaux lors de la première journée] ?

ELS : Oui j'ai bien débuté le championnat, forcément en mettant cinq buts, ça rassure, ça fait du bien mais j'ai besoin aussi de me sentir bien dans le jeu et c'est ce que j'essaye de faire. J'essaye de demander les ballons et puis c'est vrai qu'après je me suis bien sentie, en forme, donc j'ai essayé de faire des appels, d'aider mon équipe tout simplement et voilà je me suis plutôt bien sentie.

 

CDF : Après le match vendredi, Olivier Echouafni insistait sur le besoin de plus de présence dans la surface adverse sur les phases offensives, notamment pour réceptionner les centres. Comment vous ressentez cette situation-là, en tant qu'attaquante de pointe, peut-être d'être plus aidée devant ?

ELS : On a encore une marge de progression là-dessus, le coach a insisté sur le fait qu'il fallait qu'on se projette plus vite vers l'avant et qu'on ait un jeu offensif aussi. Ça va permettre peut-être à certaines joueuses de se libérer et de se dire je vais y aller, je vais dans la surface, et c'est vrai que pour avoir plus de chances de marquer, il faut du monde dans la surface donc voilà c'est une prise de conscience, c'est pas que les attaquantes.

On sait que l'attaquante doit être dans la surface, mais ça vient aussi de derrière. Mais ça va venir petit à petit, on sait de mieux en mieux ce que le coach attend de nous sur le terrain donc on attend la suite et voir ce qu'on va pouvoir travailler avec lui mais c'est déjà un bon début et il y a déjà des bonnes bases donc voilà j'attends la suite avec impatience.

 

CDF : Les changements de sélectionneur vous avez déjà connu ça avec l'arrivée de Philippe Bergeroo [à la place de Bruno Bini]. Qu'est-ce qui change quand un nouveau coach arrive ?

ELS : Déjà, je pense que quand il y a un nouveau coach, il y a une nouvelle dynamique qui s'installe et c'est vrai que là, on a eu aussi hâte de reprendre par rapport à ça, de voir ce qu'on allait pouvoir travailler et qu'elles allaient être les attentes du coach et voilà pour le moment ça se passe bien et il essaye de mettre en place son jeu donc après le projet de jeu est pas tout à fait le même.

Je pense qu'avec Bergeroo c'était un petit peu plus défensif et là le nouveau coach nous demande de plus se projeter vers l'avant, d'aller chercher les adversaires donc voilà c'est ce qui change un petit peu. Après au fond, c'est les mêmes joueuses pratiquement. après y'a quelques blessées mais je veux dire, il n'a pas tout transformé non plus, et on a quand même des bases sur lesquelles s'appuyer.

 

CDF : Vous faites partie des cadres de l'équipe, parmi les joueuses qui compte le plus de sélections. Est-ce que Olivier Echouafni en arrivant à chercher à s'appuyer sur vous ? Et si oui, de quelle manière ?

ELS : Il était plus en mode observation, il a beaucoup observé sur les premiers jours avec son adjointe [Cécile Locatelli] qui animait un petit peu les séances et puis après tout ce qui est tactique, il a animé. Après il s'est pas appuyé sur les joueuses forcément, il attend peut-être de voir aussi. On a déjà eu des entretiens avec lui, ça lui permet de mieux nous connaître, et nous de mieux savoir ce qu'il attend de nous donc c'était important aussi de le faire et je trouve ça bien. 

 

CDF : On parle pour l'équipe de France de la capacité à « passer à autre chose » après les Jeux, de se tourner vers de nouveaux objectifs. Malheureusement pour l'équipe de France des déceptions, il y en a déjà eu ces dernières années, est-ce qu'il y a une bonne manière de sortir de ces mauvais souvenirs ?

ELS : Il faut surtout enchaîner par des victoires, se rassurer dans le jeu, de faire des bons matches. Je pense que le Brésil était un premier test, c'était une grosse équipe, il y avait beaucoup d'absentes et on fait ce match nul qui est plutôt positif je pense. Après forcément, on aurait aimé gagner et on a eu les opportunités pour gagner donc... Mais je pense que c'est encourageant pour la suite et comme je disais, il y a de bonnes bases et maintenant le coach sait dans quelle direction il doit aller pour nous faire travailler.

Après, la méthode pour oublier les Jeux c'est de se fixer l'objectif de l'Euro et de se dire qu'il y a vraiment moyen de le faire. Il y aura des équipes qui seront pas là (…) Je dis pas que ce sera plus facile, mais on a vraiment moyen de faire quelque chose.

 

CDF : Aujourd'hui, dans les stades, on compte de manière régulière 10, 15, 20.000 personnes pour assister à des matches de l'équipe de France. L'équipe est plus suivie mais aussi plus observée notamment là avec les Jeux. Est-ce que vous le ressentez aussi, cette impression d'être plus scrutée sur vos performances ?

ELS : Il y a plus de public, il y a plus de supporters, forcément il y a plus de critiques aussi, il y a plus de gens qui parlent de nous en bien ou en mal. Oui, forcément, ça arrive. Après, c'est à nous de rester nous-même et surtout de donner le maximum sur le terrain, je pense c'est ce qui compte quand on porte le maillot bleu. Il faut mériter d'être là, et la moindre des choses c'est de le rendre sur le terrain. Alors après on peut rater des choses, du moment qu'il y a l'envie et la fierté de porter le maillot, on nous en voudra pas je pense.

 

Images: FFF

Hichem Djemai