La proposition a été adoptée à l'unanimité ce mardi 15 juin par le Conseil Supérieur des Sports espagnol (CSD). La première division du championnat féminin est désormais professionnelle, une décision qui va prendre effet dès la saison prochaine avec le lancement de la Liga Ellas. Cette nouvelle donne permet aux joueuses de se projeter dès à présent vers la suite, alors qu'il reste encore deux journées à disputer cette saison en Espagne.

 

Une nouvelle étape est franchie

Avec ce vote, le CSD, instance de régulation du sport en Espagne, concourt à la transition de la première division vers une ligue professionnelle, après la signature début 2020 d'une convention collective du football féminin. Ce texte avait fixé un premier cadre pour l'exercice du métier de footballeuse, avec un salaire minimum (12.000 euros annuels pour les joueuses à temps partiel [75%], 16.000 euros pour les joueuses à temps plein), des règles concernant les temps de travail et de repos, des garanties pour les joueuses en période de maternité...

Si certains aspects de cette convention ont depuis été remis en cause, c'était une étape nécessaire pour permettre à l'élite du championnat féminin d'obtenir le statut de compétition professionnelle. Dans la législation espagnole, l'existence de relations contractuelles de travail doit se combiner à l'importance et la dimension économique d'une compétition. Ce second critère est lié à l'existence de partenariats mais aussi par exemple du paiement de droits TV par les chaînes de télévision qui diffusent les matches de Primera.

Ces conditions sont aujourd'hui réunies, même si la question des droits TV est loin d'être réglée. On observe cette saison un éparpillement des diffusions, conséquences du conflit entre la Fédération espagnole (RFEF) et Mediapro, qui avait passé un accord de diffusion avec 13 clubs, d'autres faisant un pas de côté comme le FC Barcelone et l'Athletic Bilbao. Aujourd'hui, on peut retrouver des matches du championnat espagnol sur quatre chaînes et plateformes différentes, sans compter les clubs qui diffusent certains matches via leurs propres canaux de diffusions.

 

L'appui des autorités espagnoles

Cette décision de basculer vers une ligue professionnelle ne représente donc pas la fin du processus pour le championnat espagnol, même si c'est symboliquement une étape décisive, d'autant que cette validation à l'unanimité par le CSD (structure dépendante du ministère de la culture et des sports) illustre la volonté du gouvernement espagnol de soutenir cette évolution. Elle confirme également les engagements pris par les autorités espagnoles, qui s'étaient engagées sur ce sujet en septembre dernier. Des femmes politiques de premier plan, comme Maritxell Batet, présidente du Congrès des Députés (équivalent de l'Assemblée Nationale en France) ou la vice-première ministre, Carmen Calvo, sont notamment venues apporter leur soutien au processus en cours.

La première division féminine, actuelle Primera Iberdrola, devrait désormais s'appeler la « Liga Ellas » (Ligue pour Elles), avec un retour à un format à 16 clubs, contre 18 exceptionnellement cette saison. Alors que l'organisation du championnat est actuellement confiée à la fédération espagnole, une fondation autonome devrait voir le jour, même si la RFEF y resterait associée. De nouvelles structures qui devraient voir le jour au fur et à mesure avec une période de transition, supervisée par le CSD, qui se prolongerait jusqu'en 2024.

La Liga Ellas s'apprête à devenir le premier championnat féminin professionnel en Espagne, alors que jusqu'à présent, seuls les deux premières divisions masculines en football, et la première division masculine en basket-ball bénéficiaient de ce statut. Le passage au professionnalisme pour les footballeuses, pourrait ouvrir la porte à des processus similaires dans d'autres sports et notamment pour les basketteuses évoluant dans le championnat espagnol.

 

Photo: Consejo Superio de Deportes / Twitter

Hichem Djemai