Après le succès 2-0 ce jeudi face au Real Madrid pour le match retour de Ligue des Championnes, le coach du PSG, Didier Ollé-Nicolle veut se concentrer sur la suite, avec une équipe qui semble avoir "digéré" l'affaire Hamraoui, agressée en début de mois, et la débâcle contre Lyon pour le compte de la 8e journée de D1 6-1 au Parc OL, dimanche dernier. Une victoire 7-0 contre le Stade de Reims, qui redonne un peu de force à l'équipe parisienne, privée de plusieurs joueuses sur ce match (Sakina Karchaoui, Ashley Lawrence, Stéphanie Labbé, Aminata Diallo, Kheira Hamraoui, Laurina Fazer) !

 

Journaliste - Un résultat qui doit donner du baume au cœur ?

Didier Ollé-Nicolle - Plus que ça, on ne va pas parler tout le temps de ça. Il y avait un match aujourd'hui, un match important contre une équipe de Reims qui, il y a 15 jours, a mis 5 buts à Bordeaux. Il fallait prendre ce match très au sérieux et il ne faut pas oublier qu'on a joué plus de 48h après le match [de Ligue des Championnes] contre le Real. Un match qui n'était pas simple, avec très peu de temps de récupération. Il y avait des joueuses blessées ou suspendues, donc il fallait vite se réadapter, récupérer et enchaîner sur un match. 

L'idée était de faire un match sur nos valeurs de jeu, qu'on a mis en place depuis longtemps parce que l'idée d'avoir un plan de jeu et d'avoir un projet fait que dans les moments difficiles, ça permet d'avoir quelque chose sur quoi s'appuyer. 

Et le deuxième point est sur les valeurs humaines, les valeurs de groupe, valeurs mentales. Faire fi de tout ça et de se dépasser. J'ai envie de dire bravo aux filles, parce que c'était un match sérieux, on a été les presser, on a beaucoup joué, on s'est créé beaucoup d'occasions. On a été efficaces et les filles ont été constantes. 

C'est bien pour celles qui partiront en sélection et puis pour se remettre dans l'énergie. Deux matches pour deux victoires depuis le match de Lyon, ça nous permet d'entrevoir le dernier sprint final avant la trêve hivernale de la meilleure des façons.

 

Coeurs de Foot - 8e clean-sheet de la saison. Une façon de vous racheter de la débâcle face à Lyon ?

D. O.-N. - Se racheter, non. En temps normal, j'aurais dit oui, j'aurais harangué mes joueuses. On était tous sur le même bateau et on sait très bien que ça a été un jour particulier.

Le problème est que tout ça (l'affaire Hamraoui) soit arrivé juste avant de jouer Lyon. Ca aurait été sur un match de championnat basique, peut-être que ce serait passé d'une façon difficile, mais ce serait passé. Tout est tombé au mauvais moment, mais c'est comme ça. Ce qui est important pour moi, c'est la révolte, la réponse par le sérieux à Madrid et ça a été une vraie révolte aujourd'hui. C'est bien, ça montre qu'il y a un vrai fond, et sur lesquels on peut s'appuyer.

 

Journaliste - Une révélation sur le mental du groupe ?

D. O.-N. - J'en étais conscient, mais comme tout le monde, on a subi mais je sais que les filles avaient envie de bien faire, mais n'ont pas réussi (contre Lyon). 

Ce n'est pas étonnant parce que les 4-5 jours qui ont précédé ce match de Lyon, quand j'étais au stade avec elles, je faisais en sorte de m'occuper que du terrain, mais quand j'arrivais chez moi, j'étais crevé. Crevé parce qu'on ne pense qu'à ça, on ne comprend pas, ça nous bouffe du gaz et je n'avais pas à courir (à être sur le terrain). 

L'aspect psychologique féminin est souvent plus touché dans l'émotion, dans l'affect qu'un homme dans ce domaine-là. J'ai beaucoup partagé avec elles ce moment-là et je suis très satisfait de leur réponse sur le match du Real et aujourd'hui.

 

Coeurs de Foot - Sur l'absence de Sakina Karchaoui

D. O.-N. - Elle a eu une petite entorse à la cheville et une belle entorse dans l'autre. Elle a eu deux chocs à Madrid et elle n'a pas pu jouer (ce match contre Reims) et certainement elle ne va pas pouvoir participer aux deux confrontations de l'Equipe de France.

 

Coeurs de Foot - Est-ce que vous sentez vos joueuses un peu mieux moralement, mentalement aujourd'hui ? Est-ce qu'elles ont passé le cap de cette affaire Hamraoui et de la défaite contre Lyon ?

D. O.-N. - Oui, oui, oui. Ca a impacté le terrain, ça a impacté le vestiaire, ça a impacté plein de choses. La vraie réponse est que dans les moments compliqués, il faut un peu de temps. 

On n'a pas de réponse, cela ne nous regarde pas. Je n'en sais pas plus que vous, peut-être encore moins et ce qui m'intéresse, c'est de faire fonctionner le mieux possible les filles que j'ai à ma disposition. 

La réponse du Real Madrid et la réponse d'aujourd'hui font que les filles ont digéré certaines choses et ont répondu présentes sur le terrain.

 

Journaliste - Sur la potentielle réintégration d'Aminata Diallo et de Kheira Hamraoui

D. O.-N. - C'est des décisions de la direction du Paris Saint-Germain, qui est une vraie institution. On verra même si j'ai mes idées. Ce qu'il faut privilégier, et c'est ce que j'ai dit aux filles, la priorité des priorités est le groupe, c'est la santé du groupe. Après les décisions seront prises au bon moment et en fonction, on travaillera sur le plan technique, sur le plan sportif de la meilleure des façons.

 

Propos recueillis par Dounia Mesli

Karim Erradi