Cette nuit (minuit, heure française) la France va retrouver le Canada en quart-de-finale du tournoi olympique. Quatre ans après Londres, les Bleues voient à nouveau le Canada se dresser sur le chemin vers une éventuelle médaille. A nouveau aussi parce que c'est une équipe que la France a régulièrement croisée ces dernières années, avec la dernière rencontre France - Canada, organisée il y a trois semaines à Auxerre.

 

Le match France – Canada disputé à Auxerre et remporté 1-0 par les Bleues pouvait être perçu comme un bon test en vue du premier tour des Jeux. Avec le recul, c'est impression est nettement confirmée. La France a réalisé un premier tour sérieux quand le Canada a été la bonne surprise de cette phase de groupes dominant l'Allemagne et l'Australie deux des meilleures équipes du monde.

Parmi les clés du jeu canadien  en vue de ce quart-de-finale, en voici trois repérées à partir des matches du Canada au premier tour et du match amical disputé le 23 juillet dernier entre la France et le Canada.

L'influence de Jessie Fleming

Premier constat côté canadien, Jessie Fleming a confirmé les promesses qui l'entouraient avant les Jeux. A seulement 18 ans, c'est elle la véritable métronome de cette équipe canadienne. On la retrouve souvent au déclenchement du jeu offensif canadien. Impliquée sur les trois buts face au Zimbabwe, elle délivre également la passe décisive sur le but de Sinclair contre l'Australie. Face à l'Allemagne, son pressing combiné à celui de Desiree Scott, provoque la récupération de balle qui aboutit au premier but de Melissa Tancredi.

Comme on l'a vu face à la France à Auxerre, son activité est décisive au milieu de terrain. Avec une couverture du terrain hors du commun, elle dispose également d'une très bonne vision du jeu. Sa cible privilégiée, Christine Sinclair qui évolue devant elle sur le terrain, et qui joue un rôle à mi-chemin entre un milieu offensif et d'attaquante de pointe.

L'activité de Fleming est importante aussi bien sur les phases offensives que défensives. Elle peut jouer aussi bine en position de première récupératrice aux côtés de Christine Sinclair ou plus reculée au milieu de terrain devant Desiree Scott qui est la leader défensive du milieu de terrain canadien. Cet axe Scott-Fleming-Sinclair est la véritable colonne vertébrale de cette équipe. La capacité des Bleues à couper la relation entre ces trois joueuses sera décisif si elles veulent s'imposer dans cette rencontre.

Défendre dans le camp adverse

Face à l'Allemagne et l'Australie, le Canada a marqué grâce à son pressing dans le camp adverse. Des récupérations hautes qui permettent aux Canadiennes de surprendre les défenses adverses, comme sur le but de Janine Beckie inscrit aux bout de 20 secondes face à l'Australie. Pour être efficace, les joueuses défendent en avançant mais sont également capables d'une très bonne couverture qui empêchent les joueuses à l'arrière de relancer proprement dans les pieds des milieux de terrain ou des joueuses de couloir.

Les équipes qui affrontent le Canada sont donc contraintes d'être en permanence en mouvement pour éviter au piège défensif des joueuses de John Herdman. Cette force du Canada implique aussi une faiblesse pour les équipes qui parviennent à s'extraire du pressing et jouer dans le dos d'un bloc positionné très haut. Dans ce type de situations, des joueuses comme Eugénie Le Sommer, Kadidiatou Diani ou Élodie Thomis auront la possibilité de pouvoir défier les joueuses axiales canadiennes en un-contre-un voir même en situation de surnombre.

La bataille des côtés

On l'a vu à Auxerre, le Canada dispose de joueuses très athlétiques sur les côtés, à commencer par Ashley Lawrence qui est également une joueuse très polyvalente. Face à la France, Lawrence avait mis en grande difficulté Diani et Houara d'Hommeaux par sa capacité à couvrir tout le couloir avec une aisance et une liberté qui perturbait l'organisation des joueuses françaises.

Dans cette situation, l'aide des milieux est essentielle. On l'a vu à Auxerre, c'est l'aide d'Amandine Henry qui a progressivement permis à Jessica Houara de pouvoir évoluer plus haut dans son couloir et ne pas subir les accélérations de Lawrence ou le risque de se retrouver en sous-nombre face à Lawrence et Janine Beckie sur le côté gauche de l'attaque canadienne.

Les côtés sont également essentiels parce qu'ils sont un point fort de l'équipe de France. Arriver à s'exprimer sur les côtés, c'est aussi se donner une chance de trouver des solutions dans le jeu, et ne pas s'en remettre uniquement aux coups de pied arrêtés pour débloquer la situation. Dans cette optique, on attend de voir les choix de Philippe Bergeroo, et notamment de savoir s'il compte jouer avec deux joueuses de couloirs en attaque, comme face à la Nouvelle-Zélande avec Claire Lavogez et Élodie Thomis.

Alors que ce quart-de-finale approche, la partie basse de tableau semble ouverte, et quelque soit le vainqueur de cette rencontre, le sentiment que cette équipe sera bien placée pour une place en finale. Quatre ans après Londres, c'est donc à nouveau une médaille qui pourrait se jouer entre la France et le Canada.

Hichem Djemai