C’était un vrai test. Un match qui devrait permettre aux Françaises d’y voir plus clair à quelques jours des Jeux. A la fois sur leurs forces mais aussi sur la difficulté qui les attend au Brésil, avec chaque match comme un casse-tête. A l’image de l’adversité qu’ont imposé de vaillantes canadiennes, ce soir à Auxerre. Il aura fallu un coup-franc de Camille Abily, pour faire basculer une rencontre où les occasions franches se sont comptées sur les doigts d’une main.
Un match à guichets fermés, cela va devenir une habitude pour les Bleues qui avaient déjà réuni plus de 24.000 personnes à Rennes en juin dernier. Cette fois-ci, ils étaient 17.000 à l'Abbé Deschamps, un stade qui a fait le plein pour le dernier match des Bleues avant leur départ à Rio. Auxerre, qui avait fait de ce match un véritable événement, avec une rencontre annoncée partout dans les rues de la ville.
Les Bleues face au casse-tête canadien
Philippe Bergeroo avait prévenu. Hier, il s'attendait à « vivre un enfer » pendant les vingt premières minutes du match face à l'intensité physique imposée par l'équipe canadienne. Le supplice aura duré une demi-heure.
La première mi-temps n'aura pas été riche en occasions. Elle aura surtout été la démonstration de la capacité du collectif canadien à faire déjouer ses adversaires avec une équipe bien organisée et très disciplinée.
Philippe Bergeroo a renouvelé son système avec une seule pointe, mais cette fois-ci avec deux joueuses de couloir (Diani à droite et Lavogez à gauche), et deux milieux défensives dans l'axe (Henry et Hamraoui). Des choix qui sont allés avec une équipe remaniée. Eugénie Le Sommer, Amel Majri et Griedge Mbock avaient été laissées au repos par crainte de blessures.
Un milieu à cinq (avec Abily) qui n'a pas permis à l'équipe de France de mettre le pied sur le ballon et de profiter de leur surnombre. Sur les côtés, Ashley Lawrence a mené la vie dure à Kadidiatou Diani, tandis que Sakina Karchaoui a réussi quelques percées sur la gauche mais la vétérane Rhian Wilkinson a elle aussi bien verrouillée son côté.
Signe de la difficulté des Bleues, quelques « fautes tactiques » des joueuses françaises au milieu de terrain, montrant leur agacement face à une équipe canadienne qui a bien empêché les tricolores de développer leur jeu. La première frappe au but côté français n'intervient qu'à la 23e minute, une tentative signée Claire Lavogez des 18 mètres et qui met en difficulté Stéphanie Labbé, obligée de se détendre sur sa droite pour stopper le ballon. Une première tentative de loin qui a également souligné la difficulté des Bleues à s'approcher des buts de l'équipe canadienne.
Un éclair signé Abily
Comme souvent dans les matches fermés, la solution peut venir sur coup de pied arrêtés. Passée la première demi-heure, Les Canadiennes, moins saignantes, sont confrontées à des Françaises qui parviennent à trouver des solutions pour contourner leur bloc défensif et se retrouvent à faire des fautes plus proches de leurs buts.
Premier avertissement à la 33e minute avec un coup-franc de Camille Abily sur la droite aux 25 mètres et qui est tout proche de trouver Wendie Renard au point de penalty. Stephanie Labbé, la gardienne canadienne est la première à intervenir pour empêcher la capitaine tricolore de placer sa tête. Une action qui ressemblait comme deux gouttes d'eau au but inscrit par la joueuse lyonnaise face à la Chine, avec cette fois-ci Louisa Cadamuro au coup-franc.
Trois minutes plus tard, Camille Abily est à nouveau au coup-franc. Cette fois-ci, la numéro 10 se retrouve côté gauche aux 20 mètres. A cette distance, Camille Abily ne cherche pas de coéquipière démarquée mais frappe directement au but. Un tir enroulé qui vient se loger dans la lucarne droite de Stéphanie Labbé, la gardienne canadienne qui se détend mais ne parvient pas à stopper la frappe d'Abily.
Un but qui libère les Bleues et le public de l'Abbé Deschamps, à l'issue d'une première partie de match où les joueuses françaises ne sont pas parvenues à trouver des solutions dans le jeu. En fin de première période, l'équipe canadienne aura sa première opportunité du match, avec une frappe de Janine Beckie à la 41e minute, une tentative qui passe à droite des buts de Sarah Bouhaddi, la buteuse canadienne bien gênée par une défenseure française.
La jeunesse canadienne fait déjouer les Bleues
En seconde période, le match reprend sur le même ton avec malgré tout une équipe canadienne qui cherche à évoluer plus haut sur le terrain et essayer de revenir dans le match. Une seconde mi-temps qui met en lumière le rôle de cheville ouvrière de Jessie Fleming, jeune joueuse de 18 ans, mais qui s'est installée comme l'une des patronnes de cette équipe canadienne.
On la retrouve aussi bien comme première défenseure à l'avant aux côtés de Christine Sinclair sur les phases de récupération, qu'au niveau de la défense et de Désirée Scott pour assurer l'orientation du jeu sur les relances canadiennes. Elle est peut-être la meilleure joueuse canadienne ce soir avec Ashley Lawrence et c'est clairement celle qui a couvert le plus de terrain, omniprésente dans l'entrejeu canadien.
La jeunesse, une caractéristique de cette sélection canadienne, avec en plus de Jessie Fleming (18 ans), Kadeisha Buchanan (20 ans) et Shelina Zadorsky (23 ans) en défense centrale, Ashley Lawrence (21 ans) qui a joué à trois postes différents dans ce match ou Janine Beckie (21 ans) en attaque. Des joueuses titularisées ce soir et qui font dire que quelque soit le résultat du Canada au Brésil, cette équipe s'annonce prometteuse pour l'avenir et notamment la Coupe du Monde 2019 en France.
Dans ce début de deuxième mi-temps, le Canada se procure deux occasions d'abord sur un centre de Janine Beckie à la 49e minute côté droit et que Christine Sinclair ne parvient pas à cadrer, gênée par le retour de Sabrina Delannoy. Six minutes plus tard, Diana Matheson place une frappe enroulée depuis les 16 mètres sur la droite mais sa tentative est captée par Sarah Bouhaddi.
A la 57e minute, un but est refusé au Canada pour hors-jeu après un long conciliabule entre l'arbitre Vivian Peeters et sa juge de ligne, qui ont discuté pendant un long moment avant de finalement refusé le but canadien. Un hors-jeu qui semblait sur le coup avoir échappé aux deux arbitres.
A la suite de cette action, les deux coachs entameront le ballet des changements avec au total neuf remplacements, donc cinq côté français. Une fin de match marquée par les craintes de blessures, alors que le combat physique a fait rage jusqu'au bout de la rencontre, avec des joueuses comme Ashley Lawrence ou Deanne Rose présentes dans tous les duels.
Un match qui se débride dans les arrêts de jeu
Après une tête d'Amandine Henry sur coup-franc (70e) qui passe juste au-dessus de la barre, c'est finalement dans les arrêts de jeu que se produiront les occasions les plus franches de la deuxième mi-temps. Côté canadien, Deanne Rose reprend le ballon dans la surface mais sa frappe est trop croisée et passe au ras du poteau droit de Sarah Bouhaddi (92e).
Mais c'est Élodie Thomis qui aura peut-être les plus belles occasions dans ce money-time, à chaque fois en contre. D'abord à la 90e minute, à la suite d'un corner adverse, elle part dans l'axe et prend de vitesse Allysha Chapman. Partie à toute vitesse, elle bute finalement sur Stéphanie Labbé dans la surface canadienne, la gardienne qui se couche bien sur le ballon. Deux minutes plus tard, elle est servie sur la gauche par Clarisse La Bihan. Thomis déborde puis repique dans l'axe au niveau de la surface, mais cette fois-ci, Chapman parvient à rattraper la flèche tricolore et tacler le ballon en corner.
Une fin de rencontre un peu plus folle, mais qui n'influera pas sur le score au tableau d'affichage qui restera en faveur de l'équipe de France. Une victoire 1-0, à la fois frustrante et rassurante pour les Bleues.
Frustrante parce que l'équipe de France n'est pas parvenue à trouver de solutions dans le jeu, face à une équipe canadienne qui se rapproche peut-être de ce que les joueuses tricolores auront à affronter au premier tour des Jeux Olympiques, notamment face aux États-Unis et la Colombie.
Rassurante, parce que faire la décision sur coup-franc est un bon signe avant les Jeux. On sait que les coups de pieds arrêtés sont un moyen des plus efficaces dans des matches fermés ou pour faire face à des équipes qui attendent et cherchent à faire déjouer les Bleues réputées pour leur qualité de jeu collective.
photo: Nelson Fatagraf
Feuille de match
Samedi 23 juillet, 21h – Auxerre (Stade de l'Abbé Deschamps) – Préparation Jeux Olympiques Rio 2016 – Amical.
France – Canada : 1-0 (1-0)
Affluence : 17.000 spectateurs
Arbitre : Vivian PEETERS (Pays-Bas)
But : Camille Abily (36e)
Avertissement : Deanne Rose (86e)
Les équipes :
France : Bouhaddi – Karchaoui, Delannoy, Renard (cap.), Houara d'Hommeaux, Lavogez (Cadamuro 58e), Hamraoui (Dali 78e), Henry, Abily (Bussaglia 58e), Diani (Thomis 58e), Delie (Le Bihan 82e).
Sélectionneur : Philippe Bergeroo
Canada : Labbé – Lawrence, Buchanan, Zadorsky, Wilkinson (Chapman 58e), Schmidt (Rose 58e), Scott, Fleming, Sinclair (cap.), Beckie (Prince 84e), Matheson (Belanger 72e)
Sélectionneur : John Herdman
Hichem Djemai