Pour sa troisième année avec le maillot des Girondines de Bordeaux, Andrea Lardez a su tirer les leçons de la saison dernière, comme toutes ses coéquipières. La joueuse qui a vécu l'arrivée de Bordeaux en 2015, lorsqu'elle évoluait encore avec Blanquefort en D2. Avec les renforts amenés par le club cet été, les Bordelaises ont su capitaliser leur état d'esprit pour se classer 5e dans cette phase aller. Une belle place au classement, qu'il faudra parvenir à garder jusqu'à la fin de cette saison pour se maintenir dans l'élite. On a évoqué le projet de Bordeaux, de son poste de latérale sur le terrain et de ce début d'exercice 2017/2018.

 

 

Coeurs de Foot - Face à Soyaux vous aviez joué votre dernier match de la phase aller. Si on reparle de ce derby, c'était quand même des "conditions catastrophiques" pour le jouer comme l'a dit Sophie Istillart (coéquipière à Bordeaux), en zone mixte ?
Andréa Lardez - Oui clairement. Au début ça allait le terrain, mais avant le match on se demandait s'il allait être maintenu et l'arbitre à décidé de le maintenir. Mais plus on avançait dans la rencontre et plus le terrain se dégradait et ça limitait complètement le jeu. Puis la pluie incessante a aggravé la situation, donc c'était compliqué pour faire du beau football.
Ça nous est déjà arrivé de jouer sur des mauvais terrains mais à ce point là, c'était vraiment la première fois. Franchement je pense que ça ne m'est jamais arrivé de jouer sur un terrain aussi gras.
Ça nous a fait déjouer, on aurait dû marquer dès le début parce que c'est à ce moment là qu'on arrive à gérer le mieux notre jeu et que le terrain était encore à peu près exploitable.

 

Coeurs de Foot - C'est important l'état du terrain pour bien jouer...
A. L. - Surtout quand on a une équipe qui aime jouer au ballon et qui veut essayer de créer du jeu. On est une équipe qui aime jouer au foot, tout simplement. Et là les conditions n'étaient pas du tout propices à cela dans ce match [contre Soyaux].

 

Coeurs de Foot - Aujourd'hui vous êtes 5e, c'est une place que vous pensiez ou espériez occuper en lançant votre saison ? 
A. L. - La 5e place je ne sais pas. Ce qui est sûr c'est que au vu des moyens mis par le club à l'inter-saison, avec les filles de l'an dernier qui ont vécu la saison galère qu'on a pu avoir, en y ajoutant des filles qui ont de l'expérience, qui sont arrivées cet été. Je pense qu'on avait l'idée d'être un peu plus haut qu'on l'avait été la saison dernière à la même période. Maintenant la 5e place, ça signifie qu'on est quand même derrière les quatre grosses équipes du championnat donc c'est un petit peu une surprise mais ce n'est pas illogique au vu des résultats et du travail qu'on fournit donc on est satisfaites et on va essayer de la garder le plus longtemps possible.

 

Coeurs de Foot - Est-ce que le premier match contre Lille (perdu 3-0) avait été peut être démoralisant pour vous ? Vous vous êtes vraiment remise en question après ce mauvais pas.
A. L. - Démoralisant je pense pas. Je pense qu'on avait peut être besoin de ce match là pour en arriver là où on en est, parce qu'on avait fait de très bons matches amicaux [contre Guingamp et Soyaux]. Donc [face à Lille] on est peut-être arrivées un peu la fleur au fusil, ce n'est pas un match qu'on prenait à la légère mais c'était un promu et on était dans une bonne dynamique. On s'est peut être rendues les choses un peu trop simples et du coup on s'est faites surprendre. Et je me dis que cette déconvenue du premier match nous a servi et nous sert encore à l'heure actuelle pour ne pas réitérer les mêmes erreurs. 
Oui [on s'est remis en question] on s'est dit qu'on pouvait pas démarrer une saison comme ça et en rester là, donc on s'est tous remis à bosser et ça paye donc tant mieux.

 

Coeurs de Foot - Pour parler de toi personnellement. Face au PSG par exemple, j'ai vu que tu bougeais beaucoup sur ta ligne, sur la ligne défensive mais parfois ça t'a porté préjudice de vouloir être partout (sur la tentative de Hermoso en seconde mi-temps annihilé par Bordeaux). Est-ce que c'est quelque chose que Jérôme Dauba te demande ?

A. L. - Oui mais on avait joué dans un système en 3-5-2 et dans cette formation là, le coach me fait reculer un peu et m'aligne sur les trois axiales donc je fais plus de déplacements verticaux, qu'horizontaux sur le long de ma ligne en tant que latérale. Après ça dépend du système, de l'adversaire et du choix du coach.
C'est un système qu'on avait utilisé contre Lyon et qui avait plutôt bien fonctionné (défaite 2-0) donc on l'a réitéré contre Paris et ça a bien fonctionné en première mi-temps, mais on a un peu subi après (défaite 3-0).

 

Coeurs de Foot - Parce que face à Soyaux par exemple tu montais plus mais sur ton couloir. Est-ce que par rapport à l'adversaire tu as deux types de jeu ?

A. L. - Oui j'étais vraiment positionnée en tant que latérale du coup. On était en défense à quatre, donc quand je suis positionnée là, j'ai tendance à plus prendre mon couloir. C'était aussi les attentes du coach et ça correspond totalement à ma façon de voir le jeu et de voir le poste, donc je me permets de monter d'avantage dans cette position là.

 

Coeurs de Foot - Tu dégages beaucoup de sérénité sur le terrain.

A. L. - J'essaye de garder ma sérénité, mais il faut que je gagne en impact physique je pense et que j'arrive aussi à moins me jeter.

 

Coeurs de Foot - Les trois buts que vous avez pris contre Paris peuvent être frustrants pour vous. Je ne sais pas si tu les as revus. On se dit toujours qu'on peut les éviter ou qu'on aurait dû les éviter ?
A. L. - Oui on se dit toujours qu'on aurait pu les éviter, mais on s'est aussi dit qu'on aurait pu concrétiser une ou deux occasions.

 

Coeurs de Foot - La saison dernière vous étiez parvenue à accrocher Paris (2-2) et grâce à ce match vous avez réussi à vous maintenir au détriment de l'ASSE.

A. L. - Oui je pense que ce match a aussi servi parce qu'on jouait vraiment notre survie dans ce match. Le PSG nous avait peut-être pris aussi à la légère parce qu'on était quasiment "condamnées". Au final on s'est maintenues.

 

Coeurs de Foot - Je sais que beaucoup de milieux de terrain sont replacées en latérales. Est-ce que c'est ton cas ? Parce qu'on fait plus de mouvements à droite à gauche au milieu, que quand on joue latérale.

A. L. - Non ce n'est pas vraiment mon cas, c'est plutôt l'inverse. J'avais tendance à... Moi je préfère jouer latérale, je préfère jouer sur la ligne défensive, mais c'est vrai que j'ai une tendance à me projeter un peu vers l'avant. J'ai joué milieu plusieurs fois, mais je pense que j'ai plutôt un profil défensif.
J'ai joué à ce poste l'année dernière, mais ce n'est pas vraiment le poste que je privilégie. J'essaye de ne pas me figer en tant que latérale et j'essaye d'être disponible dans plusieurs situations et pouvoir intervenir dans n'importe quel cas de figure.

 

Coeurs de Foot - On sait que l'investissement des clubs envers leur section féminine est important pour un développement sain d'une équipe et de ses joueuses. 

A. L. - Oui depuis la saison dernière, le club à mis les moyens, que ça soit financièrement au niveau du recrutement. Ils ont décidé de mettre en place des contrats fédéraux, ce qui n'était pas le cas avant. Sur le plan médical également, on a le staff médical à disposition régulièrement, et la kiné est plus présente pour nous. Au niveau des installations également.

On est une partie du club et on essaye de s'intégrer nous aussi au centre de formation et dans le club tout simplement. Le projet des Girondins de Bordeaux s'étale à moyen et long terme. Le club essaye de garder une bonne dynamique et un bon groupe qui partage les mêmes valeurs et la même envie de travailler, mais en le renforçant avec des filles qui ont l'expérience de la D1 et peut être même du niveau international.

 

"On espérait pouvoir avoir l'occasion de faire partie de celles 

qui pourraient porter pour la première fois le maillot des Girondins."

 

Coeurs de Foot - Tu viens du club de Blanquefort, avant la fusion justement avec le FCGB. Est-ce qu'il y'a une vraie fierté de jouer pour un club comme Bordeaux pour toi ?

A. L. - Oui. C'est le club de la région. C'est le club pro par excellence. C'était un projet qui était en pourparler, dont on entendait parler depuis quelques années à Blanquefort, donc on espérait pouvoir avoir l'occasion de faire partie de celles qui pourraient porter pour la première fois le maillot des Girondins. C'est chose faite, et maintenant qu'on y est, on espère y rester le plus longtemps possible.

 

Coeurs de Foot - Est-ce que par rapport à la saison dernière qui avait été bien compliquée vous gérez mieux cette saison ?

A. L. - Oui, l'année dernière notre principal "problème" c'était le fait qu'on soit amateur et que la plupart des filles travaillent ou étudient. Ça nous a pas mal pénalisé dans l'investissement, dans la présence aux entraînements et dans l'intensité du travail qu'on pouvait fournir. Cette année on a un groupe qui est tiré vers le haut par rapport aux filles qui sont arrivées (Ali Nadjmi, Gathrat, Rodrigues, Nayler...) et nous on essaye de s'accrocher à ça et du coup, tout le monde reste dans une même dynamique. Nous on apporte notre état d'esprit et elles, elles apportent leur rigueur et leur investissement. Je pense que c'est un bon mélange et c'est ce qui fait que ça tourne bien pour le moment, donc on essaye de garder cette envie toutes ensemble. 

 

Coeurs de Foot - Pour en savoir un petit peu plus sur toi, j'ai parlé avec Sophie Istillart avec qui tu as été appelée en équipe de France B récemment. Voilà ce qu'elle m'a dit : "On est proche avec Andrea, on se connaît depuis quelques années maintenant et on a eu la chance d’être appelée en même temps en équipe de France B. On était contentes de pouvoir partager cette première expérience ensemble. Sur le terrain, c’est quelqu’un qui ne lâche jamais, et qui donne tout à chaque match. C'est quelqu’un de très généreux sur et en dehors du terrain, la première à aider ses coéquipières et quelqu’un de très simple qui garde la tête sur les épaules."

A. L. - Oui j'ai partagé quelques années déjà avec Sophie [à Blanquefort] et on a été appelées ensemble en B.
(sourire) C'est une description à la Sophie (rires). Je sais que j'ai quelques lacunes techniques, que j'essaye de compenser par les efforts, par l'investissement. Moi j'aime bien être celle dans le groupe qui fait que tout se passe bien, qui aime bien détendre l'atmosphère parce que je me dis que c'est important aussi d'avoir une bonne vie de groupe, donc j'espère participer à ça.

 

A la fin de notre interview et suite au message de Sophie Istillart, Andrea Lardez a tenu à lui laisser un petit mot.
A. L. - Je remercie Sophie pour cette attention et je voulais aussi lui faire une dédicace. Je l'appelle " mon cochon". 
Merci beaucoup et à bientôt.

 

Photo : Mica GBM

Dounia MESLI