La Coupe du Monde, c'est le rendez-vous des meilleures joueuses de la planète. Pourtant, elles seront un certain nombre à manquer la fête ou l'observer depuis un point de vue de spectatrice. Tour d'horizon
Pour parler des grandes absentes, nous avons décidé d'évoquer uniquement les équipes qui seront présentes dans ce Mondial 2019. En effet, on pourrait remplir une épaisse brochure de toutes ces joueuses talentueuses et qui pourtant n'auront pas l'occasion de disputer le titre suprême cet été en France suite à l'élimination de leur équipe en qualifications.
Ada Hegerberg (Norvège) : Un Mondial sans Ballon d'Or
Parmi elles, il nous paraissait évident de commencer par Ada Hegerberg. Si son absence était annoncée depuis de longs mois, elle continue d'interpeller la planète football comme en témoigne le tweet posté début mai par l'internationale étasunienne Heather O'Reilly. Elle y demande des explications sur la situation, jugeant un tel cas de figure impensable pour une Coupe du Monde masculine.
En effet, l'absence d'Ada Hegerberg intervient alors qu'elle vient de recevoir le Ballon d'Or 2018, une récompense décernée pour la première fois en janvier dernier à une époque où l'avant-centre lyonnaise avait déjà tourné le dos à la sélection norvégienne. Depuis cette récompense, le nom et le visage d'Ada Hegerberg a fait le tour du Monde, présentée comme la référence actuelle du football féminin.
Pour l'attaquante de l'OL, son départ avait été acté à l'issue de l'Euro 2017, où la Norvège est sortie dès la premier tour, avec trois défaites et sans avoir marqué le moindre but. Remettant sa « démission », elle dénonce le manque d'investissement de la fédération norvégienne dans le football féminin et en particulier concernant l'équipe nationale, privant les jeunes filles d'opportunités équivalentes à celles proposées aux garçons dans le pays.
Dans un rôle d'observatrice
Dès le départ, Ada Hegerberg choisit de ne pas rentrer dans les détails, évoquant simplement des demandes qui ont été remises par écrit avant l'Euro, et qui n'ont visiblement pas entraîné de réponses appropriées. Andrine Hegerberg, sœur aînée d'Ada et également internationale norvégienne, n'est pas non plus réapparue en sélection depuis l'Euro 2017.
Quelques semaines après l'annonce d'Ada Hegerberg, la fédération norvégienne annonce la signature d'un accord qui équilibre les sommes allouées par la fédération pour les sélections féminine et masculine. Un accord qui fait figure d'exemple à travers le monde, notamment parce qu'une partie des revenus commerciaux de l'équipe masculine sont reversés pour l'équipe féminine.
Cet accord ne suffit pas à faire revenir Hegerberg, laissant la porte ouverte à des hypothèses qui évoquent des conflits plus personnels au sein de l'équipe nationale. Restée ferme sur ses positions, Ada Hegerberg participera à sa manière à l’événement puisqu'elle interviendra sur la chaîne TF1 qui diffuse une partie des matches du Mondial, et dans les colonnes du magazine France Football.
Jordan Nobbs (Angleterre) : la première tuile
Une situation hors-norme alors que d'autres joueuses de premier plan seront également absentes dans ce Mondial. C'est notamment le cas de Jordan Nobbs, internationale anglaise et l'une des meilleures milieux de terrain en Europe. Pièce maîtresse dans l'entrejeu des Lionesses, elle doit déclarer forfait dès l'automne après avoir réalisé un début de saison tonitruant avec Arsenal en FA WSL.
Les Gunners sont alors injouables mais l’infirmerie se remplit à rythme inquiétant. Au mois de novembre, alors qu'elle vient d'inscrire son 9e but en 8 matches, Nobbs est victime d'une blessure au genou gauche face à Everton, avec une rupture du ligament croisé antérieur. Rapidement, Phil Neville comprend qu'il va devoir se passer de la milieu de terrain d'Arsenal, alors vice-capitaine de la sélection. Quelques mois plus tard, c'est la Lyonnaise Izzy Christiansen qui se blesse à son tour lors de la SheBelieves Cup, participant à fragiliser le milieu de terrain anglais à l'approche de la Coupe du Monde.
Rafaelle : Un Brésil sans défense ?
C'est également une blessure au genou gauche qui prive Rafaelle de Coupe du Monde en France. La défenseure brésilienne faisait alors figure de premier choix dans l'axe central, titularisée lors des derniers grands tournois : Coupe du Monde 2015, Jeux Olympiques de Rio en 2016 et finalement la Copa América remportée par la Seleçao au printemps 2018.
Mais en octobre de la même année, lors d'un match de championnat en Chine, l'internationale brésilienne se blesse et doit subir une intervention chirurgicale. À l'époque, l'espoir est encore permis pour un retour de Rafaelle avant le début du Mondial, avec une rééducation menée au Brésil. De longs mois d'incertitude et finalement une absence dans la liste de Vadao.
Son forfait devrait peser sur le plan défensif, un domaine dans lequel le Brésil s'est montré en difficulté ces derniers mois. Une ligne arrière également privée de Fabiana, la latérale droite brésilienne. Son retour avait d'ailleurs de quoi surprendre, elle qui avait enchaîné les blessures lors de son passage au FC Barcelone, avant de finalement quitter la Catalogne à l'été 2018. De retour sur les terrains depuis quelques semaines, Fabiana s'est cette fois-ci blessée à la cuisse à quelques jours du Mondial.
Une mauvaise série qui n'est d'ailleurs peut-être pas terminée pour le Brésil avec l'incertitude qui reste de mise concernant l'état de forme de sa capitaine et métronome Marta.
Kyah Simon (Australie) / Amber Hearn (Nouvelle-Zélande) : L'impossible retour
D'autres joueuses ont pensé pouvoir faire leur retour avant le début du Mondial, c'est notamment le cas de l'attaquante australienne Kyah Simon. Opérée de la cheville au mois de janvier dernier, Simon a tenté de revenir en forme avant l'annonce de la liste d'Ante Milicic.
Mais la montre a finalement joué contre une joueuse pourtant « installée » en sélection (87 capes, 24 buts), et dont le statut explique peut-être le choix de la retenir comme réserviste, laissant jusqu'au bout la porte entrouverte pour une participation à ce Mondial.
De l'autre côté de la mer de Tasman, c'est la meilleure buteuse néo-zélandaise qui se retrouve privée de Coupe du Monde. Amber Hearn, 54 buts avec les Ferns, a elle-aussi été trahie par une blessure au genou, et n'a plus joué en équipe nationale depuis près d'un an. Un coup dur pour la Nouvelle-Zélande, alors qu'Hannah Wilkinson touchée par une blessure similaire est parvenue à faire son retour à temps et prendre part au voyage vers la France.
Diana Matheson : Le Canada privée d'une des ses joueuses-cadres
Pour le Canada, le Mondial se jouera également sans l'une de ses joueuses les plus expérimentées avec le forfait de Diana Matheson blessée au pied lors de l'Algarve Cup. La milieu de terrain des Utah Royals compte plus de 200 sélections, contribuant notamment à la conquête des médailles olympiques obtenues lors des Jeux de Londres et de Rio.
On pourrait également citer des joueuses comme Cecilia Salvai (Italie) ou Kika van Es (Pays-Bas) qui ont vu leur rêve de Mondial brisé, alors qu'elles faisaient figure de titulaires en puissance dans leurs équipes respectives.
Les choix du coach
Si les blessures ont éloigné d'une participation au Mondial certaines joueuses de premier plan, c'est aussi parfois des décisions de sélectionneurs qui ferment la porte à leur sélection. En France, le débat s'est notamment posé pour des joueuses comme Marie-Antoinette Katoto ou Kheira Hamraoui, mais Corinne Diacre, n'a pas été la seule à se distinguer par ses choix.
Aux États-Unis, les choix de Jill Ellis sont âprement discutés notamment dans le secteur défensif, où l'équipe américaine semble parfois en manque de latérales. Une situation qui aurait pu profiter à Casey Short, la défenseure des Chicago Red Stars qui peut évoluer dans l'axe comme sur les côtés. Après avoir été régulièrement alignée en 2017 (à 13 reprises), son temps de jeu s'effrite à l'approche du Mondial pour finalement, en mars dernier, vivre la SheBelieves Cup depuis le banc. Un signal avant-coureur puisque Casey Short n'a finalement pas été retenu dans les 23.
En Espagne, Angela Sosa n'a pas convaincu Jorge Vilda. Meilleure de joueuse de la saison en Liga avec l'Atlético, la milieu de terrain madrilène était encore novice au niveau international. Elle devra donc encore attendre avant de disputer un tournoi majeur avec la Roja. Au Japon, Nahomi Kawasumi ne vivra pas une troisième Coupe du Monde, elle qui a notamment soulevé le trophée en 2011. Après un retour lors de la dernière Coupe d'Asie, l'expérimentée milieu de terrain doit finalement laisser sa place à la nouvelle génération des Nadeshiko.
Photo: Getty Images
Hichem Djemai