La bataille judiciaire se poursuit aux États-Unis entre les championnes du monde américaines et leur fédération. Cette semaine, un accord partiel a été trouvé concernant certaines demandes des joueuses, en matière de conditions de voyage et d'hébergement, ainsi que sur l'encadrement des équipes nationales.

 

Aux États-Unis, l'épidémie de COVID-19 a impacté les compétitions de football, mais également retardé l'issue de l'action en justice des internationales américaines contre leur fédération (USSF). Au cœur de leurs demandes, la revendication d'une égalité entre les équipes nationales féminine et masculine, notamment dans les revenus versés aux joueurs et joueuses par la fédération.

 

Un procès avec jury rendu impossible par le COVID-19

Début mai, un juge de Californie avait rejeté l'essentiel de ces demandes, estimant qu'il n'existait pas d'éléments prouvant que les joueuses de l'équipe nationale des États-Unis seraient discriminées par rapport à l'équipe nationale masculine. Cette décision avait notamment eu pour conséquence de priver les joueuses de l'équipe nationale d'un procès public, avec un jury populaire, ce qui aurait constitué un contexte plus favorable, ainsi qu'une tribune pour défendre leur cause.

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Dans sa décision, le juge Klausner avait néanmoins accordé la possibilité d'un procès sur les questions relatives aux conditions de voyage et d'hébergement, ainsi que tous les aspects concernant l'encadrement humain et matériel de l'équipe nationale étasunienne.

Les dates des audiences ont ensuite été reportées à deux reprises, et la possibilité de tenir un procès avec jury repoussée au mois de janvier 2021. Dans ces conditions, les négociations représentaient une option logique pour tenter de s'accorder sur ses aspects, moins conflictuels que la question des revenus.

 

Un accord partiel pour éviter d'attendre

Hier, les représentantes des joueuses (USWNTPA) et de l'USSF ont confirmé qu'un accord avait été trouvé, avec la promesse d'une égalité de traitement avec les garçons concernant les conditions de voyage, l'hébergement, l'encadrement des équipes nationales ainsi que sur les conditions de jeu (notamment le choix des surfaces de jeu, en limitant le recours aux terrains synthétiques).

Un accord partiel qui constitue une premier succès pour Cindy Parlow Cone, nommée au mois de mars à la tête de la fédération étasunienne. Son prédécesseur Carlos Cordeiro avait été poussé à la démission, suite à la stratégie controversée adoptée par les avocats de l'USSF.

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Entre autres arguments, les conseils de la fédération n'avaient pas hésité à expliquer que « le métier de joueur de l'équipe nationale masculine (…) requiert un plus haut niveau de compétence (skill) basée sur la vitesse et sur la force par rapport au métier de joueuse de l'équipe nationale féminine ». Révélé au grand public, le mémo des avocats de l'USSF avait alors provoqué l'émoi des supporters mais aussi de plusieurs sponsors, venus apporter leur soutien aux joueuses.
 

Cindy Parlow Cone joue les traits d'union

Championne du monde en 1999, et double-championne olympique avec les États-Unis, Cindy Parlow Cone a revendiqué une « nouvelle approche », se montrant déterminée à trouver un accord, y compris sur les questions salariales. Seule ligne rouge pour la présidente de la fédération, la question des primes distribuées par la FIFA, estimant qu'en l'état, il n'était pas possible de distribuer les mêmes sommes, vues les différences entre les prize money distribués pour les coupes du Monde masculine et féminine.

L'équipe de France masculine avait empoché 38 millions de dollars (environ 32,7 millions d'euros), après sa victoire en 2018, l'équipe féminine des États-Unis avaient emporté 4 millions de dollars (environ 3,5 millions d'euros) en plus du trophée gagné en France en 2019. Pour Cindy Parlow Cone, verser les mêmes primes aurait des effets « dévastateurs » sur les finances de la fédération, a fortiori selon elle en cette période épidémique.

 

USA versus FIFA ?

De son point de vue, l'issue serait « d'unir leurs forces pour pousser la FIFA à rendre équivalent non-seulement les primes distribuées en Coupe du Monde, mais également en terme d'investissement à tous les niveaux ».

Une perspective qui ne devrait pas suffire à éviter une procédure en appel spécifiquement sur les questions de rémunération, comme cela a été confirmée par Molly Levinson, représentante des joueuses de l'équipe nationale des États-Unis.

 

Photo: Dean Mouhtaropoulos/Getty Images (Alex Morgan et Kristie Mewis lors du match Pays-Bas - États-Unis le 27 novembre dernier à Breda)

Hichem Djemai