Passé tout près de la montée à plusieurs reprises, l’OM fait figure de favori pour être champion cette saison et accécer à la D1. Mais la concurrence et le chemin seront rudes pour décrocher le sésame tant convoité, avec une poule unique resserrée à seulement douze équipes ! Arrivé en 2022 au club, Yacine Guesmia espère concrétiser l'objectif cette saison, avec beaucoup d'humilité, mais aussi de volonté ! Il nous a confié ses premiers sentiments sur la saison à venir, lors de la Aiglonnes Cup et des deux matches de préparation face au Havre (défaite 3-1) et Fleury (1-1).

 

Coeurs de Foot - Ton ressenti à chaud, avec quinze dernières minutes difficiles, alors que vous meniez au score jusque là ? 

Avant le match, le score était anecdotique. C'est surtout sur le contenu, ce qu'on allait mettre en place. L'objectif était de donner du temps de jeu à tout le monde et de préparer les filles physiquement. Les voyants sont au vert, les filles ont répondu présent physiquement. La priorité c'est de travailler athlétiquement, d'avoir des repères. Les principes de jeu commencent à se mettre en place, on est qu'à la quatrième semaine. Il nous reste encore 3 semaines avant le championnat et les signaux sont vraiment bons, je suis content et le score il est anecdotique. 

 

Journaliste - C'était l'OL la semaine dernière. Vous avez un programme intéressant, ce type d'adversaire était-il un choix ?

De toute façon, on a l'ambition d'aller plus haut et il faut se confronter aux meilleurs. On a joué Lyon la semaine dernière, Le Havre [ce vendredi], Fleury [dimanche], Montpellier la semaine prochaine et Dijon. C'est une volonté, on ne veut pas laisser les filles dans leur zone de confort et on est toujours derrière elles pour qu'elles donnent le meilleur. Il faut aussi de l'adversité qui va les rendre meilleures. Ce sont des matches qui les feront progresser et nous aussi. [C'est] vraiment positif. 

 

CDF - C'est vrai que tactiquement, on a vu tes joueuses qui n'ont pas été complexées et n'ont pas fait pâle figure face au Havre qui sont plus habitués à la D1, donc on voit qu'il y a du travail à Marseille. 

Oui c'est clair, il y a du travail. On félicitera le préparateur physique (sourire), mais c'est important. La D2 sera de plus en plus dure, des poules uniques avec les deuxième à sixième. Ça va vraiment être des équipes [robustes], tous les matches vont être difficiles. Je pense qu'on se rapproche du niveau D1 avec cette poule unique et c'est important de répondre présent. Le championnat va être dur, même si on a l'ambition de monter, on a rien fait, on démarre le championnat avec 0 point et il faut qu'on se prépare au mieux. La saison est longue, ça fait partie de la préparation de se mettre dans le dur, d'être face à des adversaires meilleurs sur le papier.

 

CDF - Mais qu'allez-vous dire justement à vos joueuses par rapport aux quinze dernières minutes où elles ont flanché ? C'est frustrant quand même ?

Non je les ai félicité pour l'état d'esprit qu'elles ont montré, de la première à la dernière [minute] et peu importe si on a changé d'équipe à la 60e, il a été le même. J'ai vu des filles qui se sont données à fond sur tous les ballons, qui ont été solidaires et moi c'est le plus important, c'est ça. Si on veut réaliser un beau championnat, il faut une équipe solidaire, qui tire dans le même sens. J'ai parlé à la fin aux filles et je les ai félicité, je leur ai dit qu'on était sur la bonne voie pour pour être à 100% le 17 septembre. C'est l'objectif parce qu'aujourd'hui, on n'est pas à 100%, on est en préparation. 

 

Journaliste - Il y avait encore quelques équipes de l'ancien championnat de D2, qui était en deçà. On les a bien vu décrocher. Là, on peut s'attendre à avoir des matches encore plus difficiles tous les week-ends ?

En tout cas c'est le but [de rendre la D2 plus forte] et je pense que c'est mieux pour le foot féminin d'avoir la troisième division [également]. Ça va rééquilibrer un peu les débats, peut-être qu'il va falloir deux-trois saisons pour que ça se règle un petit peu. 

L'année dernière, c'est vrai qu'on a eu des matches un peu plus faciles que d'autres, y avait des écarts de niveau. On verra comment se déroule le championnat. S'il doit avoir des scores larges, il y en aura mais c'est une bonne chose. Je pense que le championnat à 12 équipes, ça nous permet - en tout cas si on monte - de mieux se préparer et je pense que ça va se rapprocher d'un bas de tableau D1.

 

Journaliste - En terme de recrutement dans les clubs D2, [ça permet à] une joueuse qui n'a pas beaucoup de temps de jeu en D1 de venir jouer en D2 ?

C'est certainement plus facile, c'est une chose qui n'était pas forcément accepté avant. On avait 24 équipes, il y en a plus de 12 donc y a plus beaucoup de places aussi pour la D2. Je sais, qu'il y a beaucoup de filles encore sans club, mais il n'y a pas de place pour tout le monde. Forcément ça va élever le niveau et c'est vraiment une bonne chose pour pour le foot féminin en France. J'espère que ça va continuer à évoluer et à progresser. 

 

CDF - L'objectif est le retour de l'OM en D1 ?

On ne peut pas démarrer un championnat en se disant qu'on va jouer autre chose que la première place... (Il est coupé par un journaliste)

Clairement, on ne va pas se le cacher, on a envie de monter. L'idée était de jouer des équipes de l'échelon supérieur pour évoluer, pour progresser et c'est des matches comme ça qui nous font progresser. Que ce soit Lyon, Le Havre et Fleury, on a joué contre des très belles équipes, des très bonnes joueuses, des grosses individualités et ça fait grandir le groupe. Si on veut aller plus haut, il faut se confronter aux meilleurs.

 

Journaliste - Certains clubs jouaient le maintien la saison dernière ?

Après j'ai beaucoup de respect pour Guy Roux, (sourire) mais je n'ai pas ce genre de discours-là. L'année dernière, on a fait un beau championnat et la saison dernière faisait partie de notre apprentissage, on voulait monter aussi. On veut monter cette année, et l'OM c'est un grand club. L'OM n'a rien à faire en D2, mais après on va dire peut-être que je manque d'humilité. Non. C'est ce que j'ai dit aux filles, on va essayer d'être les meilleurs possibles, mais en respectant les adversaires. Ça veut dire qu'on va devoir travailler dur, être fort, et de faire beaucoup d'efforts, on va axer sur le travail [pour atteindre notre objectif]. Aujourd'hui je ne peux pas prétendre à ce qu'on est meilleur que les adversaires, mais en tout cas on va tout faire pour et c'est l'objectif. On est attendu, mais c'est le jeu.

 

CDF - La distance ne vous fait pas peur, les déplacements ?

Pour aller à Evian on va mettre 7h en car, Arras, on va mettre 4 h en train. Donc il n'y a pas de souci, plus on va loin plus on est content. (sourire) 

L'année dernière, on a beaucoup voyagé en car et c'était un peu long. C'est vrai que c'est une organisation, mais il faut se préparer à l'organisation poule unique [en D1 aussi]. Ce sera des déplacements sur deux jours. Il n'y que Nice, qu'on fera sur une journée normalement. 

 

CDF - Ça prépare mieux à la D1 justement ?

C'est ça, oui. Comme je le dis, l'OM est un grand club, le plus grand club français et on a le président, Pablo Longoria, Pedro Iriondo, le directeur général [avec nous]. Ils ont une grosse volonté d'avoir une grosse équipe féminine donc c'est important. Ils nous aident, on a les moyens, on a les conditions, on a un staff élargi. On a toutes les filles sous contrat, on s'entraîne le matin, on a des conditions professionnelles, donc on n'a pas d'excuses. Si jamais on ne monte pas, c'est moi le fautif. Il n'y a pas de souci avec ça. 

 

CDF - Il y a des internationales aussi dans ton effectif ?

Oui. On a les meilleures conditions, on a une direction qui nous soutient, et les filles font 95% que de foot. On a Coline Gouineau qui est marin pompier.

 

CDF - Quand je parlais d'habitude, c'est parce que t'avais déjà connu la D1 et que les déplacements ça ne te fait pas peur ?

J'ai fait une montée en D1. J'ai fait d'autres montées [dans les échelons inférieurs] mais le foot féminin évolue. Ce que j'ai connu il y a 2-3 ans, ça évolue. On l'a vu aussi sur la Coupe du Monde, entre 2019 et 2023, ça a beaucoup évolué, les filles sont vraiment des athlètes. Les footballeuses sont vraiment des athlètes. Franchement, c'est que du positif et je suis vraiment content d'être dans la structure de l'Olympique de Marseille parce que j'ai les conditions pour bien travailler. J'ai des joueuses qui sont à l'écoute et qui ont envie de progresser, qui ont envie d'atteindre le haut niveau. J'ai un staff élargi, franchement je n'ai pas à me plaindre. C'est pour ça que j'ai dit que si on ne monte pas, c'est ma faute. En tout cas, on m'a donné toutes les conditions pour performer.


CDF - Yacine, un petit mot le Mondial ? Qu'en as-tu pensé, notamment le parcours des Bleues surtout ?

Je trouvais qu'il y avait une synergie derrière l'équipe de France, j'ai bien aimé. J'ai bien aimé l'énergie qui se dégageait. Comme je l'ai dit juste avant, ce que j'ai beaucoup apprécié, c'est qu'il n'y a plus de petite équipe. Peut-être sur la troisième journée, mais globalement toutes les équipes ont pu rivaliser, il y a eu des matches serrés. Je prends, par exemple, Haïti, malgré que ce soit une petite nation, même si on a beaucoup d'Haïtiennes en France, elles ont rivalisé avec l'Angleterre et c'était un super match. Je suis agréablement surpris, très content de l'évolution. On a des vraies athlètes, tactiquement, ça a franchi un palier et non les équipes sont beaucoup mieux préparées. Ça travaille mieux dans les championnats, ça travaille mieux en sélection, donc ça évolue. Franchement, ça évolue positivement, donc je suis très content.

 

Journaliste - Gros match contre une équipe de Fleury [qui évolue en D1], gros pressing de l'Olympique de Marseille, c'est ce que vous aviez demandé ?

Oui c'est ce qu'on demande à chaque fois, mettre de l'intensité. En plus, on a joué vendredi donc ça nous a permis de faire jouer tout le monde et toutes les filles ont répondu présentes donc vraiment content du match aujourd'hui.

Non mais franchement, je suis content, vraiment content du groupe. Sur ce que j'avais dit, on est arrivés mercredi, et de mercredi à dimanche, elles ont été irréprochables, que ça soit en dehors du terrain ou sur le terrain. Les 22 filles qu'on a ramené ont été vraiment top. 

 

CDF - On a le sentiment qu'elles ont beaucoup appris de leur premier match justement - mercredi perdu contre Le Havre - où elles ont été plus attentive dans le côté défensif ? Il y a beaucoup de points positifs à tirer de ce deuxième match ?

Par rapport à l'opposition contre Le Havre, on a été plus régulier, on a fait preuve de plus de constance sur ce match [contre Fleury]. Contre Le Havre, je pense qu'on a lâché sur le dernier quart d'heure. Et là, on a réussi à faire le dos rond pour ne pas concéder de but à la fin. Vraiment, c'est bien.

 

CDF - Vous auriez pu aussi le remporter ce match contre Fleury ?

(sourire) On aurait pu, mais on aurait pu aussi le perdre. J'estime que là sur les matches de préparation, on gagne quand on n'a pas de blessées, quand on met les bons ingrédients, qu'on met de l'intensité, j'estime qu'on a gagné. Là en tout cas, on a un groupe qui a grandi en quatre-cinq jours.

 

Journaliste - Qu'avez-vous pensé de la prestation de vos attaquantes ? On a vu une configuration de match où c'était un peu compliqué pour avoir des ballons. En revanche, on a vu des attaquantes très impliquées dans le pressing, directement des défenseures. Qu'est-ce que vous en avez pensé ? 

A partir du moment où on n'a pas le ballon, on a 11 défenseures et quand on a la balle, on a 11 attaquantes. Elles font le travail les unes pour les autres, elles savent que les efforts qu'elles font pour presser la gardienne et les défenseures, ça paye parce que ça crée des erreurs techniques, donc c'est important. C'est vraiment que toutes les filles tirent dans le même sens, c'est important et que ça soit l'attaquante ou la défenseure centrale, il faut qu'elles fassent autant d'efforts pour récupérer le ballon. Et si on a le ballon, on concèdera moins d'actions, c'est pour ça qu'on veut récupérer le ballon plus rapidement possible.

 

CDF - Le milieu de terrain aujourd'hui était incroyable. Elles ont vraiment cherché à créer des solutions pour tes joueuses devant ?

Oui elles ont fait preuve de patience, j'ai bien aimé. Là, c'était plus Kbida et Dembélé qu'ont joué un peu plus, il y a Hamidou qui est rentrée au milieu. Sur la maîtrise technique, elles ont été bien, elles ont mis beaucoup d'intensité pour récupérer le ballon. C'est ça, quand on n'a pas la balle, mettre de l'intensité et quand on a la balle, il faut faire preuve de patience et de maîtrise technique.

 

CDF - On a vu vraiment des joueuses qui n'étaient pas complexées et c'est quelque chose que vous leur instaurez, parce que c'est vraiment important pour viser l'élite ?

On est en mesure de répondre aussi athlétiquement. Les filles comme vous dites ne sont pas complexées, elles estiment qu'elles ont rien à leur envier, c'est ce qu'on leur dit aussi. Elles ont toutes l'ambition dans mon groupe, d'être au plus haut niveau. Si on a l'ambition, il faut le montrer.

 

Journaliste - Pas mal de joueuses qui sont restées, beaucoup de joueuses aussi qui sont arrivées. On a vu qu'il y avait pas mal d'alchimie, en tout cas sur le terrain entre les joueuses plus anciennes et les nouvelles, comment est-ce que vous faites pour que ça prenne ?

On a gardé quand même une bonne partie du groupe. Les filles qui ont beaucoup joué la saison dernière sont restées et on a complété avec des joueuses qui doivent nous rapporter une plus-value. C'est facile quand l'énergie du groupe de la saison dernière continue à être là, les nouvelles, elles suivent en fait. Et nous on doit continuer aussi à apporter cette énergie-là. Après, dans le foot féminin, tout le monde se connaît, elles se connaissent toutes donc il n'y a pas de souci sur l'intégration.

 

Journaliste - Est-ce que vous pouvez nous donner des nouvelles de Ndeye Awa Diakhité qui a eu les croisés ? Comment est-ce que ça a évolué ?

Alors Hawa s'est donc blessé avec la sélection, début juillet sur Sénégal-Algérie, donc elle a une rupture des ligaments croisés et donc elle est en réathlétisation avant l'opération et elle se fait opérer la semaine prochaine.

 

Journaliste - On peut espérer un retour en fin de saison.

Ouais, j'espère. De toute façon on va la préparer pour et l'idée c'est qu'on l'accompagne pour qu'elle revienne. Elle nous a beaucoup apporté la saison dernière, donc on attend son retour.