Avec ses 87 matches joués en Ligue des Championnes, Wendie Renard a l'expérience de son côté et une longévité, à faire pâlir n'importe quel athlète de haut niveau. Mais d'où tient-elle cette motivation d'empiler Ligue des Championnes, après Ligue des Championnes ? On lui a posé la question, avant cette finale tant attendue face à Wolfsburg ce soir à l'Anoeta Stadium.

 

Coeurs de Foot - Vous êtes la joueuse avec le plus grand nombre de matches de Champions League joués (87) dans une carrière actuellement. Quand vous avez joué votre premier match dans cette compétition prestigieuse, quelle était votre plus grande motivation à ce moment-là ? Qu'est-ce qui a fait que vous vouliez marquer cette compétition de votre empreinte ? 

Wendie Renard - (rires) Il y a plusieurs questions là. Déjà mon premier match honnêtement, ça devait être je pense, en Macédoine, lors des premiers tours qualificatifs - ça remonte - avec Farid [Benstiti], donc il y a eu du chemin de fait. Maintenant c'est sûr que quand tu es en club, la plus belle des compétitions c'est la Ligue des Champions et c'est celle qui te procure le plus d'émotions. Quand on voit ces joies à la fin, à se congratuler, à se féliciter, il n'y a pas mieux, donc on essaye année après année de se faire mal, de se faire violence aux entraînements pour atteindre ces objectifs-là. 

On sait que ce n'est pas facile et c'est mon cas, c'est tellement beau comme je le dis, de souffrir ensemble, de marquer des buts, et à la fin de pleurer de joie, c'est beau, on ne fait pas tout ça pour rien. A la fin c'est la récompense qui est belle, donc mon objectif c'est ça, je suis toujours portée vers les titres, les trophées, tant qu'on peut écrire l'histoire, on essaye de le faire, parce que le jour où peut-être ça va s'arrêter, on aura que nos yeux pour pleurer. 

Tant qu'on peut profiter, malgré la douleur, tant qu'on peut gagner, il ne faut pas hésiter surtout, donc demain (dimanche 30 août 2020, ndlr) on sera au taquet, et collectivement on fera un gros match, parce qu'il y a un titre au bout à aller chercher.

 

Coeurs de Foot - Quelle est votre citation préférée dans le sport ou ce qui vous motive, avant un match et surtout un match aussi important ?

W. R. - Non [pas de citation, mais] la gagne, le mot gagner, gagner, gagner, c'est tout ce qui est dans ma tête. Essayer déjà de ne pas en prendre [de buts], d'être efficace dans les deux surfaces et demain, ça sera aussi le mot d'ordre.

Il n'y a pas [autre chose]. Pour gagner il faut marquer plus que l'adversaire, et encore une fois d'essayer de faire mal dans le jeu, de prendre du plaisir parce que ça reste un jeu, mais un jeu où on doit mettre beaucoup de rigueur, beaucoup de discipline et on doit se faire mal par moment et se sacrifier pour les coéquipières. C'est un collectif, un état d'esprit à avoir et je pense qu'on monte crescendo encore plus au fur et à mesure des minutes, et des matches qu'on a pu jouer, donc demain va falloir être costaud dès la première minute et faire mal.

 

Coeurs de Foot - « Le sport c’est défier le soi pour avoir plus que la victoire » on peut dire que c'est ça qui vous caractérise aussi ?

W. R. - (sourire) Je n'ai pas de phrases pour me caractériser. Bien sûr je fais partie de ce collectif depuis de longues années, mais je ne gagne pas les titres individuellement. Je gagne des titres, parce qu'il y a des joueuses qui sont là, des joueuses de top niveau depuis plusieurs saisons.

Quand je suis arrivée, je n'avais que 16 ans, et j'ai réussi à apprendre auprès des anciennes (Sonia Bompastor, Hoda Lattaf, Camille Abily, Elodie Thomis, Shirley Cruz...), j'ai appris auprès de ces joueuses.

Aujourd’hui j'ai fait du chemin avec des collectifs différents, mais toujours avec le même état d'esprit, je n'ai pas changé depuis que je suis née. Mon objectif c'est de toujours gagner, de me faire mal, de me faire plaisir, et sur un terrain je mets mes crampons pour gagner, sinon j'arrête le foot et je vais faire du 5-5 tranquille près de chez moi dans le sable, en Martinique, faire deux/trois plongeons.

Mais moi je veux écrire l'histoire et laisser une trace, et cette trace ça passe par le terrain, et se faire mal au quotidien. Il n'y a pas de secret, si tu ne travailles pas, tu ne vas pas réussir à atteindre tes objectifs et pour moi, ce n'est pas que dans le foot, c'est dans la vie de tous les jours, c'est ça qui me caractérise.

 

Photo : Maya Mans

Dounia MESLI