Jusqu'au bout du suspense. Les Lyonnaises ont du attendre les tirs aux buts pour remporter cette finale de Ligue des Champions face à Wolfsburg et remporter leur troisième de la saison, réalisant ainsi le grand chelem comme en 2012. 1-1 puis 4-3 aux tirs-aux-buts, l'explosion de joie côté lyonnais et un dénouement cruel pour Élise Bussaglia qui a joué malgré elle un rôle décisif dans la victoire de ses anciennes coéquipières.

 

Dans le Mapei Stadium, la rencontre de l'année pouvait débuter avec deux équipes qui représentent ce qui se fait de mieux en Europe. Une rencontre où Lyon arrivait dans la peau du favori, s'appuyant sur une force collective indéniable. En face, Wolfsburg s'est classée deuxième de son championnat et termine la saison avec quelques absences, blessées ou retraitées, ce qui plaçait Wolfsburg en position de challenger pour cette finale.

 

Une rencontre animée dès le coup d'envoi

La rencontre démarre avec un échange d'amabilités entre les deux équipes, chacune tirant une première fois au but. Wolfsburg se lance dès la première minute avec un corner obtenu côté gauche. Un ballon repoussée par Wendie Renard sur le centre de Lena Goessling, avant que la numéro 28 ne tire au but à côté du but de Sarah Bouhaddi. Lyon suit et se rapproche du but avec une première frappe cadrée dans la minute qui suit signée Eugénie Le Sommer dans la surface et captée par Almuth Schult, la gardienne de Wolfsburg.

Deux premières actions qui montrent la volonté des deux équipes d'aller de l'avant et de ne pas passer par un temps d'observation en début de match. Côté lyonnais, le dispositif tactique met en évidence un choix de Gérard Prêcheur celui de placer Amandine Henry au niveau des deux défenseures centrales, Wendie Renard et Griedge Mbock, une ligne arrière à trois qui permet à Amel Majri et Pauline Bremer d'évoluer plus haut sur les côtés, dans un milieu à cinq avec Saki Kumagai, Louisa Nécib et Camille Abily.

Pauline Bremer qui sera d'ailleurs la joueuse par qui viendra le but lyonnais à la 12e minute. Après un échange de passes côté droit, le ballon parvient à Bremer. La latérale lyonnaise prend le dessus sur sa vis-à-vis Isabel Kerschowski avant de repiquer dans l'axe longeant la ligne de but adverse avant de parvenir à centrer en retrait malgré la sortie de Schult qui tentait de boucher l'angle. Ada Hegerberg est la première à surgir au premier poteau et pousse le ballon au fond des filets.

 

Des choix tactiques payants pour l'OL

Un but lyonnais qui intervient dans une première période maîtrisée par les joueuses de l'OL. Elles seront celles qui se montreront les plus dangereuses dans ce premier acte et continueront de maîtriser le ballon après l'ouverture du score. Le système mis en place par Prêcheur répond parfaitement en début de match avec une maîtrise au milieu de terrain et la possibilité de s'appuyer sur du jeu long depuis l'arrière.

C'est d'ailleurs sur l'un de ces longs ballons depuis l'arrière que l'OL aurait pu doubler la mise à la 25e minute. Une balle en profondeur envoyé dans l'axe par Amandine Henry. Le sevice de la Lyonnaise atteint la surface avec un une-deux acrobatique entre Le Sommer et Hegerberg. S'en suit une frappe d'Eugénie Le Sommer, cadrée mais Schult réalise la parade qu'il faut. Elle met bien son corps en opposition et le ballon sort en corner.

Dans ce premier acte, la maîtrise du milieu de terrain lyonnais s'exprime notamment par la performance d'une joueuse : Saki Kumagai. Placée devant la défense, elle récupère un nombre important de ballons tout en faisant preuve d'une qualité de passe et d'orientation du jeu hors pair. Avec Louisa Nécib, on a vu l'entrejeu de l'OL empêcher leurs adversaires de s'exprimer et notamment Elise Bussaglia, qui sert régulièrement de rampe de lancement aux actions offensives de Wolfsburg.

Les Louves qui auront malgré tout une occasion à la demi-heure de jeu sur un corner avec un ballon touchée par Wendie Renard et qui a échoué à quelques centimètres du but lyonnais. La fin de première mi-temps se joue sur un rythme moins soutenu, notamment du fait de la résignation de Wolfsburg qui ne trouve pas de solutions pour faire déjouer le collectif lyonnais. Un temps faible du match qui laisse l'occasion au public de lancer une ola qui animera un stade finalement bien rempli.


Une maîtrise mais pas de break pour l'OL

En seconde période, les premières à se montrer à dangereuses sont encore une fois les Lyonnaises. Cette fois-ci, c'est sur corner à la 48e minute. Un service de Louisa Nécib déviée au premier poteau par Griedge Mbock et finalement repris de la tête par Wendie Renard qui voit sa tentative repoussée par Elise Bussaglia placée au premier poteau.

La suite de la seconde période ressemble à la fin de la première mi-temps avec un Lyon en contrôle et une équipe de Wolfsburg qui se heurte à une ligne arrière lyonnaise solide, régulièrement sollicitée mais qui parvient à stopper les offensives de Wolfsburg avant que les joueuses de Ralf Kellerman ne puissent se mettre en position de frappe. A la 67e minute, les Lyonnaises sont à nouveau en position de faire le break. Sur un contre, Louisa Nécib parvient à servir Pauline Bremer sur la droite. Bremer enrhume Kerschowski avec un passement de jambe et remet le ballon dans l'axe vers Camille Abily. Sa frappe manque de puissance et Schult est toute heureuse de voir le ballon lui arriver dans les gants.

Au fur et à mesure que les minutes passent, on sent que la maîtrise de l'OL n'est pas une garantie face à un coup de génie ou du sort du côté de Wolfsburg. On sent aussi que le fatigue commence à faire son effet et que les joueuses de Wolfsburg disposent de plus de liberté pour se lancer vers le but de Sarah Bouhaddi.

 

Tessa Wullaert, le feu follet du Vfl

Une joueuse va symboliser ce regain du côté de Wolfsburg en fin de rencontre : Tessa Wullaert. La joueuse de Wolfsburg et internationale belge entre en jeu à l'entame d'une dernier quart d'heure à la place de Vanessa Bernauer. Tessa Wullaert qui a impressionné dans cette fin de match avec une capacité d'accélération et une qualité technique qui lui ont permis de faire des différences danss la défense lyonnaise. Avec Ramona Bachmann, entrée à l'heure de jeu, Tessa Wullaert a joué le rôle de joker du coach de Wolfsburg et surtout apporter une nouvelle preuve de la densité de l'effectif du Vfl malgré les absences de taille pour cette finale côté allemand.

Dans la dernière minute du temps réglementaire, Tessa Wullaert déborde côté gauche et place un long centre au niveau des six mètres. Le ballon parvient au deuxième poteau où Alexandra Popp parvient à devancer Griedge Mbock et la sortie de Sarah Bouhaddi et placer une tête rageuse qui envoie le ballon dans les filets lyonnais. Un but qui fait chavirer le stade, et une bonne partie du public italien qui soutient les joueuses de Wolfsburg.

Un but qui permet surtout aux Louves de décrocher une prolongation qui semblait inespéré au vu de la physionomie du match. Les cinq premières minutes feront d'ailleurs craindre le pire pour l'OL avec le souvenir des questions de la presse internationale hier en conférence d'avant-match sur le « manque de mental » des joueuses françaises. Anna Blässe puis Alexandra Popp seront toute proches de doubler la mise dans les deux premières minutes de la prolongation au milieu d'une défense lyonnaise soudain devenue fébrile face aux attaquantes de Wolfsburg.

Passé ce moment difficile, Lyon a semblé capable de reprendre le fil du match et de ne pas sombrer en prolongations. Des frappes de Majri puis de Lotta Schelin, entrée en cours de jeu, ont sonné le réveil lyonnais avant que les joueuses de Gérard Prêcheur ne soient toutes prêtes de marquer sur corner. A la 103e minute, un ballon dévié de la tête au premier poteau, et Lotta Schelin toute proche de pousser le ballon dans le but de Wolfsburg, mais c'est finalement Almuth Schult qui parvient à se saisir du ballon en deux temps. Une alerte pour Wolfsburg qui sera la dernière action du match.

La deuxième prolongation se termine donc sans but et les deux équipes se retrouvent à devoir se départager avec la séance de tirs aux buts. Un dénouement qui fait le bonheur du public qui veut jouer sa partie dans la dramaturgie de la rencontre. Pour Lyon, les tirs-aux-buts ont souvent tourné au mauvais scénario, avec notamment cette séance de tirs-aux-buts perdue face à Potsdam lors de la première finale perdue par l'OL en 2010.

 

Bussaglia s'en souviendra

Une séance qui commence d'ailleurs sous de mauvais auspices pour l'OL. Les deux premières joueuses à tirer leur penalty sont les deux buteuses du soir : Alexandra Popp et Ada Hegerberg. Si la numéro 11 de Wolfsburg réussit sa tentative, Hegerberg voit la sienne stoppée par Schult. Un scénario catastrophe pour Lyon et Hegerberg qui dispute sa première finale, avec l'espoir de devenir la première joueuse norvégienne à soulever la trophée.

Derrière Hegerberg, les tireuses s'enchaînent et réussissent à marquer. Jusqu'à Nilla Fischer. La défenseure suédoise de Wolfsburg avait terminé la rencontre percluse de crampes et s'était vue aidée et relevée par sa compatriote Lotta Schelin en fin de rencontre. C'est peut-être ce qui a fait la différence et manquer à Nilla Fischer pour envoyer son penalty au fond. Sarah Bouhaddi se couche bien sur le ballon et redonne l'espoir à Ada Hegerberg et à l'OL. Griedge Mbock ne tremble pas et c'est autour d'Élise Bussaglia de s'avancer.

Une tentative sur laquelle l'internationale française voit son tir stoppé par Sarah Bouhaddi. Un échec et une coup du sort pour Bussaglia qui avait quitté Lyon à l'issue de la saison dernière et qui participe malgré elle à sacrer ses anciennes coéquipières. Derrière Élise Bussaglia, c'est au tour de Saki Kumagai de s'avancer face à Almuth Schult. Kumagai qui a réalisé un match de grande classe , vient finalement mettre un point final en inscrivant le tir au but décisif pour l'OL. 4-3 et cette fois-ci les tirs-au-buts n'auront pas raison des Lyonnaises qui peuvent enfin exulter.

 

Une Allemande fait la fête

Au milieu de la célébration, on peut remarquer la joie singulière de Pauline Bremer qui se drape du drapeau allemand. Une joie légitime pour une joueuse qui a réalisé un match exemplaire sur le côté droit jusqu'à son remplacement à la 85e minute. Parmi les joueuses lyonnaises à déployer leur bannière, Griedge Mbock qui n'oublie pas ses origines bretonnes, une région où elle est née et surtout où elle a explosé avec Guingamp avant de rejoindre l'armada lyonnaise et récolter ce triplé dès sa première saison dans le Rhône.

Autre scène saisissante, les joueuses de Wolfsburg sur la pelouse, abattues après avoir reçu leurs médailles de finalistes. Assises, debout, ou allongées sur la pelouse, elles voient une nuée de photographes, tout proches mais qui leur tournent le dos pour immortaliser le moment de grâce de l'Olympique Lyonnais. Au moment de soulever le trophée, les joueuses de l'OL ont peut-être aperçu ces mêmes joueuses de Wolfsburg trouver la force pour les applaudir au milieu des vivas du stade.

Un trophée passé de main en main, jusqu'à Delphine Cascarino qui descendra le trophée depuis la tribune et ainsi parfaire la collection de coupes glanées par les Lyonnaises, et ce triplé qui vient récompenser une équipe de Lyon qui a montré sur cette finale le visage le plus séduisant. De son côté, Wolfsburg n'était pas favori mais elles ont su incarner jusqu'au bout le doute, qui cette fois-ci n'aura pas suffi pour faire dérailler la machine lyonnaise.

 

Photo : UEFA

Hichem Djemai