Ce samedi 4 juillet au Commonwealth Stadium d’Edmonton, nous avions le plaisir d’assister à la «petite finale» de ce championnat du monde qui aura été passionnant du début à la fin. Une rencontre 100% européenne, des plus étonnantes, car si retrouver l’Allemagne à ce stade de la compétition peut être considéré comme «normal», on ne peut pas en dire autant de l’Angleterre, qui n’avait jamais réussi à faire mieux que les quarts-de-finale en 1995, en 2007 et en 2011.

D’ailleurs les anglaises font figure de surprise du tournoi car lors du dernier championnat d’Europe en 2013, elles n’ont pas réussi à passer la phase de groupes. De là à devenir la première sélection européenne lors d’un Mondial, l’affaire paraît complexe. On peut même rajouter que lors des 20 matchs disputés face à l’Allemagne, l’équipe d’Angleterre a perdu 18 rencontres et obtenu deux matchs nuls, en ayant encaissé 58 buts et marqué 12 buts. David contre Goliath, c’est le sentiment qu’on peut avoir, mais ce Mondial nous a déjà surpris plus d’une fois…

Les allemandes ne sont pas là pour rigoler et après 44 secondes de jeu, Lena Petermann tente sa chance, mais la gardienne anglaise, Karen Bardsley, est sur ses gardes. On sent que ce match va être long, très long, pour la gardienne des «Three Lionesses».

On approche de la dixième minute et les offensives de la «Mannschaft» s’enchaînent. Lena Petermann, Sara Däbritz et Célia Šašić ne trouvent pas la faille. Le 0-0 se maintient encore et toujours.

Ces échecs réveillent quelque peu les anglaises qui s’approchent des buts de Nadine Angerer, qui dispute son dernier match en Coupe du Monde et qui aimerait certainement emporter avec elle une médaille de bronze, même si ce n’était pas ce métal-ci qu’elle venait chercher lors de ce Mondial.

La rencontre s’équilibre mais la domination est clairement allemande. On retrouve presque le schéma constaté lors de la confrontation entre la France et l’Allemagne, mais cette fois-ci ce sont les allemandes qui ne marquent pas.

 

La mi-temps arrive à point nommé pour les anglaises qui ont dû survivre à une nouvelle salve d’attaques allemandes et aux initiatives de Célia Šašić qui veut s’assurer du titre de meilleure buteuse qui ne devrait pas lui échapper, elle qui a déjà marqué 6 buts!

Les anglaises devront faire beaucoup plus si elles veulent partir du Canada avec une médaille, ou au moins la tête haute.

La seconde période commence sur le même rythme, l’initiative du jeu pour les allemandes, la défense et la contre-attaque pour les anglaises. Pour un peu, on dirait que ce match est ennuyeux, mais avec une indécision totale. Est-ce que le coup qu’a fait l’Allemagne à la France pourra fonctionner mais dans le sens inverse? Un hold-up en bonne et due forme de l’Angleterre?

On s’en rapproche de plus en plus quand on voit le nombre de tirs s’accumuler du côté des allemandes qui ne concrétisent pas leurs occasions. On ne retrouve plus la machine à buts aperçue lors de la phase de groupes. La machine s’est elle enrayée à la suite de la défaite face aux États-Unis? On pourrait même dire que la machine ne fonctionnait plus face aux Bleues. Une équipe comme l’Allemagne qui devient inefficace, une aubaine pour l’Angleterre. Pourtant l’efficacité n’est pas la marque de fabrique des britanniques.

On arrive à la 90ème minute et ce match nul, 0-0, se maintient sans aucun sursaut.

Nadine Angerer, la gardienne et capitaine allemande, n’aura pas eu beaucoup de travail sur ces 90 minutes. Pourtant une seule seconde d’inattention et cela pourrait coûter chère à Nadine Angerer, qui reste concentrée.

Début des prolongations. Les deux équipes fatiguent mais ne s’avouent pas vaincues. On notera d’ailleurs la persévérance des allemandes qui continuent d’attaquer, même si la précision n’est toujours pas au rendez-vous. D’ailleurs fait important, la coach allemande, Silvia Neid, a remplacé Célia Šašić, se passant de sa meilleure buteuse, en manque d’efficacité? Pourtant ni Lena Goessling, ni Sara Däbritz, ni Simone Laudehr, ne trouvent la faille. Et que dire d’Anja Mittag? Choisie pour remplacer Célia Šašić et qui est transparente dans son rôle de buteuse.

La première mi-temps de la prolongation s’achève sur ce score nul et vierge, 0-0.

Le tournant du match arrive peu de temps après le début de la seconde mi-temps.

À la 106ème minute, la défenseure allemande, Tabea Kemme, commet une faute irréparable dans la surface de réparation sur Lianne Sanderson, l’attaquante anglaise. Penalty sifflé par l’arbitre nord-coréenne, Ri Hyang Ok. Il faut toutefois admettre que la faute est commise, au départ, en dehors de la surface par Tabea Kemme.

Penalty transformé par Fara Williams, la milieu et la joueuse la plus capée du côté de l’Angleterre. 1-0, à la 108ème minute, pour les anglaises.

 

Fara Williams a déjà participé à 147 matchs avec les «Three Lionesses» et a marqué son 40ème but, devenant ainsi la deuxième meilleure buteuse de l’histoire du football féminin anglais, derrière Kelly Smith qui totalise 46 buts et qui s’est retirée de la sélection anglaise en Février dernier.

La victoire ne fait plus aucun doute malgré les nouvelles attaques allemandes qui resteront sans succès comme lors de la totalité des 120 minutes qu’aura duré ce match. 34 tirs au total pour l’Allemagne contre 18 pour les anglaises.

L’Angleterre, emmené par le gallois Mark Sampson, remporte la «petite finale» sur un score minimum de 1-0, après prolongations, et les anglaises deviennent donc les reines d’Europe en se classant à la troisième place de ce Championnat du Monde disputé au Canada.

La «Mannschaft» finit sur deux revers et n’aura assouvit aucune vengeance. Certes les allemandes sont allées plus loin  qu’en 2011 mais le résultat reste le même, aucune médaille dans la besace.

Ce Mondial dit également «au revoir» à Nadine Angerer, la mythique gardienne allemande de 36 ans, qui aura remporté deux Coupes du Monde (2003 et 2007), ainsi que cinq titres européens (1997, 2001, 2005, 2009 et 2013), et trois médailles de bronze aux Jeux Olympiques (2000, 2004 et 2008).

 

La dernière marche du Podium, et par conséquent la médaille de bronze, va à l’Angleterre. Il ne reste plus qu’à trouver le vainqueur de cette Coupe du Monde, entre les États-Unis et le Japon. Les américaines peuvent remporter un troisième titre, tandis que les japonaises peuvent rejoindre l’Allemagne et les USA avec deux titres. Demain nous connaîtrons la réponse.

Dounia MESLI