Il y a un peu moins d'un an, Tatiana Solanet quittait l'ASPTT Albi pour rejoindre Dijon, un club qui ambitionne lui aussi de s'installer à terme en D1. Aujourd'hui, le DFCO occupe la tête du groupe B en D2 et peut légitimement prétendre à une montée la saison prochaine, même si la route est encore longue dans un groupe B dense et très ouvert. On en parle avec Tatiana Solanet, l'une des joueuses essentielles de Dijon sur cette première partie de championnat.
Cœurs de Foot – Dijon est aujourd'hui en tête du groupe B. Même si on est à mi-saison, ça doit être agréable de finir l'année dans le fauteuil de leader ?
Tatiana Solanet – On va passer une bonne trêve. Et puis ça fait toujours plaisir d'être premières, en sachant que l'objectif c'est d'être premières à la fin de la saison.
« L'équipe est faîte pour monter en D1 »
CDF – Déjà la saison dernière, Dijon était passé pas loin de la montée. Est-ce que cette deuxième place de la saison dernière était encore dans les têtes sur cette première partie de championnat ?
T.S – Oui, cette saison, on se dit que c'est un peu l'année ou jamais, parce que déjà, je pense qu'on a une très bonne équipe cette année. Après, le fait d'avoir fini deuxièmes l'année dernière à un point de l'équipe qui est montée, c'était assez frustrant et donc du coup, on est plutôt remontées à bloc pour ne pas faire les même erreurs que l'année dernière.
CDF – Quand on regarde votre effectif, il y a pas mal de joueuses, vous en faîtes partie, qui ont un vécu en D1. L'effectif a l'air justement d'être construit pour la montée...
T.S – Oui, on a des filles qui étaient en D1, qui avaient leur place en D1. Il y a Coline Gouineau qui nous a rejoint, qui était titulaire à Albi, j'étais aussi titulaire à Albi. Il y a Alexia Trévisan, la capitaine [de Dijon], qui a fait des années en D1 et qui a beaucoup d'expérience et du coup c'est vrai que l'équipe est faîte pour monter en D1. Franchement, je pense que c'est la bonne année.
Après, on a fait une petite erreur contre Saint-Étienne [défaite 2-3 à Dijon lors de la 6e journée], qui nous a un peu cassé moralement parce qu'on s'est dit que c'était l'équipe qui allait le plus nous embêter. Mais bon, on va essayer d'aller gagner chez eux parce que c'est absolument ce qu'il faut.
CDF – Saint-Étienne, c'est l'équipe que vous craigniez pour la suite de la saison ?
T.S – Craindre, c'est un grand mot. Je pense que c'est l'équipe qui va le plus nous embêter. Elles descendent de D1, elles ont des filles d'expérience, des filles qui ont des années de D1 derrière elles, même si c'est plus vraiment le même niveau qu'avant [lorsque l'ASSE était en en D1]. Je pense que c'est l'équipe qui a le plus d'expérience, dans le jeu qui était la plus efficace et qui nous a le plus embêté.
« On s'est pris trois buts, un peu gags »
CDF – Le coach [Yannick Chandioux] nous disait que ce match, bien que perdu face à Saint-Étienne, avait été utile pour la suite, notamment défensivement. Vous avez aussi senti un changement par la suite ?
T.S – On avait fait un assez bon début de saison, et on était [un peu trop] confiantes. Et [ce match] nous a remis un peu sur des bons rails, de se dire : « C'est jamais gagné, c'est jamais facile ». Et je pense que quelque part, ça nous a aussi fait mûrir. Donc à la fois, c'est pas plus mal, même si on a perdu des points bêtement. Après, ce match-là, nous on a pas été bonnes non plus, je pense que c'était notre pire match depuis le début de saison.
CDF – D'ailleurs, par la suite on peut voir que sur vos cinq derniers matches, cinq victoires (dont une en Coupe), aucun but encaissé. C'est le signe qu'il s'est passé quelque chose ?
T.S – Oui je pense. Comme on s'est pris trois buts, un peu gags. C'est des petites erreurs, moi la première, le but de 2-1 qu'on se prend, c'est moi qui perd un ballon en plein axe et puis une Stéphanoise [Candice Gherbi] tire de loin et marque. Et ça, par exemple, pour moi, ça m'a fait travailler sur certaines choses et du coup, je sais que je ne ferai plus les mêmes erreurs.
CDF – Récemment, il y a eu cette victoire face à Grenoble qui vous permet aujourd'hui d'être seules en tête. Qu'est-ce que vous retenez de ce match « au sommet » face à Grenoble ?
T.S – On a été très solides, vraiment toutes ensemble, un match où on peut vraiment dire qu'on a été solidaires et sur toutes les lignes, la défense avec les milieux, les milieux avec l'attaque, et toute l'équipe avec la gardienne. C'était vraiment une équipe. On a su marquer ce but qui nous a libéré. Après dans le jeu, j'ai pensé personnellement qu'on était au-dessus, sans qu'il y ait un gouffre non plus. Défensivement, mais aussi pour créer le jeu. On repartait de la défense, on faisait beaucoup bouger le ballon, c'était vraiment un bon match sur toutes les lignes.
CDF – Justement, sur la création du jeu, vous avez un rôle central dans ce domaine au sein de l'équipe
T.S – Je sais que mon rôle est assez important. Je sais qu'on compte sur moi et que je n'ai pas forcément le droit à beaucoup d'erreurs sur un match. C'est vrai que le poste de numéro 10, que ce soit moi ou quelqu'un d'autre à mon poste, c'est là où on fait tourner, où on crée le jeu donc c'est vrai que c'est important. Pour l'instant, je pense que je m'améliore de jour en jour, avec le coach, avec l'équipe et les filles qui me donnent des conseils.
« Il faut pas qu'on se dise que c'est fait. »
CDF – Pour parler de vos adversaires, lorsque l'on regarde le Groupe B, on se dit que c'est un groupe dense, notamment pour la montée, où c'est encore très difficile de voir qui peut tirer son épingle du jeu...
T.S – Oui je pense que c'est le groupe le plus dur. On a Yzeure qui a une très bonne équipe aussi. On a fait 2-2 là-bas, et c'était super dur de jouer là-bas. Saint-Étienne qui descend de D1 et qui a forcément envie de remonter directement, c'est une bonne équipe aussi. Après, même certaines équipes qui sur le papier ont l'air un peu plus faibles, je pense notamment à Metz ESAP qui est très dur à jouer. On a gagné 1-0 à la 90e [avec un but de Tatiana sur un coup-franc] et c'est des filles qui ne lâchent rien, qui ne veulent pas descendre, qui aiment jouer au foot et c'est vraiment des bonnes équipes.
Même une équipe comme Montauban qui vient de monter, ça a envie de jouer, de faire des choses et du coup c'est un peu plus dur pour nous et je pense que ce groupe-là est un peu plus dur que l'autre.
CDF – Cette difficulté, notamment en vue de la montée, on se dit qu'il y aussi une dimension mentale d'être capable de rester concentrées « dedans » toute la saison. Est-ce que c'est une responsabilité aussi des joueuses d'expérience, qui ont connu la D1, d'aider le groupe sur cet aspect-là ?
T.S – On est quand même pas mal à avoir connu la D1 au niveau de Dijon. [Et] c'est vrai qu'on a un rôle en plus, d'avoir une certaine exigence par rapport aux filles qui ne connaissent pas forcément ce niveau-là. Tout le monde a envie de monter, certes, mais il y en a qui ne connaissent pas forcément et du coup, qui se disent : « OK, on est premières de D2 ».
Il faut pas qu'on se dise que c'est fait. Du coup, il y a des filles qui n'ont pas forcément cette expérience, mais notre discours passe bien avec elles. Donc, ça va, tout le monde est au diapason, [et] c'est vraiment une équipe homogène. Franchement, c'est une des meilleures équipes, au niveau de la solidarité, que j'ai pu connaître.
CDF – Votre prochain match, début janvier ce sera face à Grenoble en Coupe (1/32e de finale). La Coupe de France, c'est une compétition à part, mais c'est une rencontre qui peut aussi vous servir à tout de suite vous remettre dedans avant de reprendre le championnat ?
T.S – C'est le premier match qu'on va faire en 2018, ça va jouer sur notre motivation pour après, même si c'est vrai que la Coupe a rien à voir avec le championnat. Notre objectif premier, c'est vraiment le championnat. Après contre Grenoble, on va se donner à fond, et puis voilà, si on gagne, ça nous mettra encore plus de confiance.
Si on perd, c'est pas ça qui va nous désolidariser ou quoi que ce soit. C'est un match important, on peut vivre des belles choses aussi si on passe ce tour-là. Après, je pense que l'objectif premier, c'est vraiment le championnat.
A lire également: D2 (Groupe B) - Dijon finit l'année au-dessus de la mêlée
photo: Nicolas GOISQUE / Dijon-Sportnews
Hichem Djemai