On s'attendait à un match totalement déséquilibré, entre la meilleure équipe du monde et une sélection suédoise qui avait réalisé un premier tour préoccupant, se qualifiant pour les quarts en prenant la troisième place du groupe E derrière le Brésil et la Chine. Mais la Suède s'est réveillée au meilleur des moments pour réaliser le premier exploit de ce tournoi en éliminant les États-Unis aux tirs-aux-buts (1-1, 4-3 tab).
Pour comprendre la magnitude de l'exploit des joueuses suédoises, il suffit d'une statistique. En cinq olympiades, depuis l'introduction du foot féminin en 1996, les États-Unis avaient toujours atteint la finale des J.O remportant quatre titres sur cinq. Depuis le début de la compétition, les joueuses étasuniennes avaient réalisé des matches sérieux, malgré un match moins séduisant face à la Colombie lors du dernier match de poule.
La Suède sauvée des eaux
La Suède de son côté sortait d'une phase de poule sans match référence et une claque reçue face au Brésil, dans une rencontre qui avait tourné à la démonstration de la sélection auriverde. La qualification de la Suède avait été rendue possible par une victoire heureuse face à l'Afrique du Sud et un nul à la limite de l'arrangement avec la Chine.
Dans ce match, la Suède avait décidé de faire face aux États-Unis avec un visage très défensif. Avec une seule joueuse en pointe, Lotta Schelin, l'équipe suédoise concentrait ses efforts sur le travail défensif, à la récupération avec souvent des longs ballons pour rechercher Schelin dans le camp adverse.
Un jeu qui pouvait sembler peu efficace mais qui évitait à l'équipe de Pia Sundhage de fournir trop d'efforts en cherchant à se projeter en nombre. Un choix judicieux face à une équipe américaine qui se montre à son avantage quand le rythme de jeu s'élève mais aussi du fait de la chaleur pesante avec une rencontre disputée à 13h dans la capitale Brasilia.
En première période, peu d'occasions malgré plusieurs corners de part et d'autre. Les États-Unis parviennent à se créer quelques situations lorsque Mallory Pugh parvient à trouver des espaces dans l'axe et combiner avec Lloyd ou Morgan mais sans jamais parvenir à forcer la décision.
Une équipe de Suède bien organisée et une Hedvig Lindahl vigilante pour intervenir devant Alex Morgan (28e). Les Suédoises qui devront malgré tout subir un premier coup dur avec la blessure de Fridolina Rolfö, qui avait été l'une des rares satisfactions suédoises dans ce début de compétition. Rolfö rempalcée après 18 minutes de jeu par Stina Blackstenius, la jeune attaquante de Linköpings.
Trop compliqué...
En début de seconde période, les États-Unis obtiennent plusieurs coups-francs bien placés à la limite de la surface suédoise mais se compliquent la tâche avec des combinaisons trop élaborées pour être décisives.
A l'heure de jeu, c'est finalement la Suède qui piège des joueuses américaines à court de solutions. A la suite d'un long ballon américain dans l'axe, les Suédoises récupèrent le ballon et en trois passes parviennent à trouver Blackstenius dans la profondeur.
L'attaquante suédoise qui gagne son duel à la course avec Sauerbrunn et parvient à placer une frappe croisée du droit dans la surface malgré le retour de Julie Johnston. Une frappe en bout de course qui trompe Hope Solo et finit dans le petit filet droit du but étasunien.
1-0 et on se dit que l'exploit est en route. Jill Ellis réalise alors un changement décisif en faisant entrer Crystal Dunn qui vient apporter du mouvement qui manquait cruellement côté américain jusqu'à présent. Mais c'est un coup du sort qui va permettre aux joueuses de Jill Ellis de revenir au score. A l'entame du dernier quart d'heure, un nouveau long ballon dans l'axe, dévié par Dunn et finalement remis involontairement par Jessica Samuelsson vers Alex Morgan qui parvient à reprendre le ballon au point de penalty et tromper Lindahl (77e).
En fin de match, les États-Unis vont se créer plusieurs occasions grâce aux accélérations de Dunn et de Mallory Pugh mais sans parvenir à forcer la décision. Les deux équipes toujours à égalité se dirigent alors vers une prolongation.
Une injustice sans conséquence
A l'issue du match, les Suédoises auraient pu regretter cette 116e minute de la prolongation. Une prolongation où on a pu voir les premiers « 4e changement », à savoir la possibilité d'opérer un quatrième changement si le match se poursuit au-delà des 90 minutes.
Une prolongation où on a nouveau vu les difficultés physiques de Megan Rapinoe qui n'a pu arriver dans ce tournoi en pleine possession de ces moyens. Pour la deuxième fois en deux matches, elle a du sortir du terrain au bout d'une demi-heure remplacée à la 99e minute par Christen Press.
Cette 116e minute voit elle un but inscrit par Lotta Schelin, un but immédiatement refusé par l'arbitre pour hors-jeu alors que la numéro 8 suédoise était couverte par Tobin Heath et Julie Johnston. Cette occasion, la meilleure de la prolongation souligne la bonne fin de match des Suédoises plus entreprenantes pendant la prolongation.
La séance de tirs-aux-buts, elle va rendre justice à la Suède. Dès le premier tir, Alex Morgan voit sa tentative repoussée par Lindahl sur sa droite. Troisième tireuse, côté suédois, Linda Sembrant est la seconde à voir sa tentative repoussée cette fois-ci par Hope Solo.
Les deux équipes à égalité 3-3, c'est finalement Christen Press qui sera l'héroïne malheureuse de cette séance. Cinquième tireuse côté USA, elle envoie son penalty au-dessus du but. Lisa Dahlkvist, cinquième tireuse côté suédois , elle ne manque pas la cible et convertit cette balle de match en faveur de la Suède.
Une victoire finale 4-3 aux tirs-aux-buts et un exploit retentissant pour la Suède qui avait perdu du terrain ces dernières années dans la hiérarchie mondiale. Pia Sundhage, sélectionneuse de la Suède avait mené les États-Unis à leur deux derniers titres olympiques.
Elle réalise ici un coup de maître en parvenant à faire dérailler la machine américaine, une équipe qu'elle connaît parfaitement et qu'elle a su neutraliser. En demi-finale, la Suède pourrait retrouver le Brésil, une équipe qui l'avait battue 5-1 en phase de poules. Une nouvelle aventure pour les joueuses de Pia Sundhage...
Hichem Djemai