Après la défaite 1-0 des Bleuettes face au Nigeria pour leur match d'ouverture de la Coupe du Monde U20 2022, la coach Sonia Haziraj nous a confié son sentiment suite à cette frustrante entame de compétition. La technicienne ne s'est pas cherchée d'excuses et savait que la partie serait à double tranchant. Elle espère à présent que cela sera l'occasion pour les Tricolores de se transcender pour la suite. 
 

Coeurs de Foot - Est-ce que vos joueuses se voyaient trop vite vainqueures du match face au Nigeria ? 

Non pas du tout. J’ai une connaissance assez pointue du football africain, parce que j’ai fait énormément de missions en Afrique et c’est vrai que du coup, dans tous les pays que j’ai pu faire, j’ai vu des joueuses avec un talent incroyable, que ça soit le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Cameroun, le Maroc, même le Burundi, Madagascar etc Des joueuses avec des grandes qualités, donc c’est la ou j’ai affûté mon repère du niveau africain.
C’est pour cela que sur un premier match de Coupe du Monde - après je ne peux pas le dire comme ça en avance, parce que je ne veux pas mettre trop de craintes sur les [épaules des] joueuses - tomber sur le Nigeria sur un premier match de Coupe du Monde, c’était déjà très très fort. De ce fait je ne pense pas que les filles aient eu ce sentiment de « ça va être facile », ça c’est sûr.
En tout cas on n’a pas du tout présenté  le Nigeria de cette façon-là [gagné d'avance], on l’a présenté avec beaucoup de forces, offensives, leur milieu de terrain, leur capitaine quand même avec un fort charisme, la volonté et l’engagement sans faille.

 

CDF - L’ouverture du score française est anecdotique on peut dire, alors que le but du Nigeria était dans le dos de la défense, j’imagine que c’est rageant car c’est quelque chose que vous travaillez énormément ? La joueuse doit toujours se placer devant l’adversaire pour éviter cela. Est-ce un oubli, elle ne l’a pas vu ou le contre coup du but tricolore justement 5 minutes avant ?

Sur le but nigérian - en effet dans le dos de la défense - c’est quelque chose qu’on avait analysé avec cette numéro 9 [Flourish Sabastine] qui percute beaucoup, qui prend beaucoup la profondeur, ça rentre dedans, on savait que c’était une joueuse vraiment très forte, c’est comme ça qu’on l’avait anticipé.
C’est pour ça aussi qu’on avait mis Alice Sombath dans sa zone, parce que Alice c’est une joueuse qui est très forte sur l’individualité et là en effet en fin de match, j’avais senti un petit peu de fatigue et on le voit à la vidéo, je lui demande si ça va et elle me dit que tout va bien, et en fin de compte elle était un petit peu dans le jus.
C’est vrai que sur le placement elle doit renforcer l’axe ballon-but, elle doit forcément être entre le ballon et l’adversaire et elle est située à l’extérieur, donc forcément ça donne le couloir de jeu direct à l’attaquante, qu’on ne rattrape pas. En effet c’est un problème de placement.
Le placement etc ce sont des choses qui se travaillent aussi sur la régularité, sur la régularité de l’effectif, avec l’effectif qu’on a et c’est quelque chose qu’on n’a pas pu bien faire tout au long de la saison, tout simplement. 
En effet c’est rageant et vous avez raison, la joueuse doit toujours se placer dans le couloir de jeu direct, entre l’axe ballon-but et renforcer cet axe-là. Je pense aussi peut-être que mentalement il y a eu un contre-coup du fait que le but a été annulé, après la VAR, car ce n’est pas simple cette gestion-là [pour les joueuses]. Mais au fond je ne pense pas que ça soit cela. Je pense plutôt que c’est un problème de placement et d’automatismes à ce poste et peut-être en effet de la fatigue.

 

CDF - On n’a pas senti de leader technique sur le terrain sur ce premier match, à l’inverse peut-être du match de préparation contre le Ghana ? 

Sur la leader technique, je suis un peu d’accord. On a démarré un peu timidement aussi, ça a été beaucoup au fur et à mesure du match. Sur les 20 premières minutes [avant la suspension d'une heure pour cause de pluie] c’était un peu décousue, au fur et à mesure, Megane Hoetzel et Laurina Fazer ont pris un peu plus le match à leur compte. On a vu aussi Vichi [Becho] qui a tenté beaucoup, qui a amené beaucoup de punch. Ensuite je pense qu’au fil du match, nos deux milieux de terrain que ça soit Megane ou Laurina ont pris aussi la mesure et le leadership.

 

CDF - On savait que le niveau était encore plus relevé que les précédentes éditions, surtout que ça fait 4 ans qu’il n’y a pas eu de mondial U20. Comment allez-vous aborder le prochain match ?

Pour aborder le prochain match, on va rester sur nous. Peut-être qu’on va encore plus se focaliser sur nous et un peu moins sur l’adversaire, sur nos forces. C’est peut-être pour ça qu’on a senti moins de leader technique sur ce début de match, car on avait décidé d’aborder cette rencontre d’une façon particulière, en ne prenant pas de risques sur les relances etc

Maintenant sur les deux matches [à venir] que ça soit le Canada ou la Corée du Sud, on va jouer notre jeu pleinement, pour que les filles aussi soient pleinement maître de leur projet au niveau du jeu et je pense aussi qu’elles peuvent vraiment s’exprimer complètement dans ce schéma-là donc c’est ce qu’on va faire.
On va l’aborder comme un match couperet, un match à élimination directe. C’est un peu plus tôt que prévu dans la compétition, mais j’espère que c’est ce qui nous forgera un fort mental pour la suite.

 

Crédit photo : Sud Ladies Cup

Dounia MESLI