Victorieuses aux tirs au but (7-8) après un score nul (2-2) face au Stade de Reims en quart de finale de Coupe de France, les Lyonnaises et Wendie Renard ont du batailler pour arracher leur qualification. Mais il n'y a pas qu'en club que la capitaine lyonnaise livre bataille ces derniers jours. Après des années de mutisme, la défenseure - récemment élue dans le onze type de la FIFpro - n'a pu retenir "sa souffrance" et s'est livrée sur ses réseaux sociaux, ainsi qu'à sa coach en club, Sonia Bompastor, qui nous livre ses impressions sur cette fronde de plusieurs Bleues face au management en équipe de France.

 

Coeurs de Foot - Comment sentez-vous vos joueuses depuis ce qui s'est passé en équipe de France ? Est-ce qu'elles sont soulagées ou plus impactées ?

Non, Wendie a fait un choix très personnel de s'exprimer. Forcément j'en avais un peu discuté avant avec elle. C'est un soulagement de l'avoir fait, car c'était une souffrance pour elle. La semaine dernière avant le match de Bordeaux on a échangé ensemble, à la fois le staff avec les joueuses, on s'est dit ce qu'on avait à se dire. Cette semaine on était vraiment focus sur le match de Reims.

Vous savez ça reste des grandes professionnelles. J'ai la chance à l'OL d'avoir des joueuses d'expériences, des joueuses qui sont très pros et qui connaissent les objectifs du club. Elles savent qu'on rentre aussi dans un moment très décisif de notre saison. Elles sont focus sur ça maintenant. Elles ont dit ce qu'elles avaient à dire. Maintenant laissons le temps faire. Cette situation pour le foot féminin n'est pas top. Ni pour les joueuses ni pour la sélectionneure en place actuellement.

 

CDF - Vous avez également Vanessa Gilles qui se bat pour plus d'équité en équipe nationale, donc le cas de la France, n'est pas un cas isolé ? Ce sont toutes les équipes nationales qui comment à prendre le pas.

Oui, actuellement dans l'actualité du foot féminin, on voit pas mal de revendications, il y a aussi Vanessa qui revendique pour l'égalité et la parité salariale au Canada. Encore aujourd'hui j'ai vu des déclarations qui montrent encore qu'il y a du chemin à faire, notamment sur le fait que le match Bordeaux - PSG en Coupe de France est diffusé sur beIN et que la même considération et le même respect est donné aux femmes qu'aux hommes. Mais rien que le fait de le dire, ce n'est pas bon. Alors je sais que c'est bien de le faire et c'est top, il faut le souligner, mais du coup ça devrait être normal quasiment [que ça soit diffusé] et on ne devrait même pas avoir besoin de le dire ou de le souligner, donc ça montre qu'il y a encore du travail. Soyons parfois un peu patient.

On sent qu'il y a de la qualité en France, il y a un tel vivier, il y a tant de talents, qu'on a envie aussi au plus haut niveau [en sélection] de gagner des titres, avec certains clubs c'est fait. Maintenant il faut y arriver aussi avec l'équipe nationale, il faut donner les moyens à ses joueuses d'aller chercher de gros titres, la coupe du monde cet été, les JO l'année prochaine. 

 

Journaliste - Comment on trouve le bon dosage entre patience et volonté que ça avance dans le bon sens ? Ça doit être compliqué.

(rires nerveux) Oui c'est difficile. Il y a beaucoup de frustration parfois. Il y a un manque de communication parfois, on n'est pas toujours au courant de l'avancement des choses, mais je suis sûre que quand on est staff ou joueuse à l'OL, on a eu la bonne habitude, d'avoir un président [Jean-Michel Aulas] qui a toujours cru au football féminin, qui nous a toujours donné de moyens et beaucoup de soutien, cette habitude on a envie de la mettre en place à tous les niveaux, parce que l'OL c'est un club qui a gagné des titres, qui a un palmarès et quand on est compétitrices, sportives de haut niveau on fait notre métier aussi pour aller chercher des titres.

 

Photo : OL

Dounia MESLI