Capitaine émérite de l'ASJ Soyaux, Siga Tandia a rempli son rôle à la perfection ce samedi face au GPSO 92 Issy pour le compte de la 14e journée D1. La défenseure centrale de formation s'est muée en milieu de terrain depuis l'arrivée de Laurent Mortel, mais à été replacée en défense, après la sortie sur blessure de Kelly Gadea, et a permis à son équipe - grâce à une bonne assise défensive - de rafler une victoire 1-0 capitale, pour espérer le maintien cette saison.
Coeurs de Foot - Ta réaction sur cette rencontre, c'était importante de la gagner, c'est un peu une revanche après la défaite du match aller ?
Siga Tandia - (sourire) Oui déjà - sans même parler de la revanche - c'était un match important, on n'avait pas gagné depuis la 4e journée du championnat. Ce sont des choses qui marquent.
On travaille bien avec le nouveau staff et on avait vraiment à coeur de montrer qu'on travaillait bien et on était frustrés et déçus de ne pas prouver ce dont on était capables. Après on est restés optimistes et positives, et aujourd'hui on a fait le travail. C'était peut-être pas joli [comme match], mais l'essentiel c'était la victoire et c'est ce qu'on a réussi [à prendre], donc on espère que ça va nous donner beaucoup de force pour la suite, parce qu'on va en avoir besoin.
"Je sais ô combien le fait de jouer en D1,
c'est important pour le club"
CDF - C'est vrai que de ton côté, tu as joué ton rôle de capitaine à la perfection, tu étais là de la première à la dernière minute à dire à tes coéquipières de "serrer les dents". Il ne fallait pas lâcher aujourd'hui ?
S. T. - Oui aujourd'hui il ne fallait pas lâcher. Après j'avais aussi un rôle d'ancienne, je sais ô combien le fait de jouer en D1, c'est important pour le club.
J'ai essayé de leur faire comprendre tout ça [à mes coéquipières], leur faire ressentir aussi l'importance de ces attentes-là et avec mes mots j'ai essayé de les transcender. Je pense même que je n'en avais pas besoin, tout le monde était ultra motivé. Soyaux ça a une histoire [dans l'élite] et on la connait toutes, donc on ne veut pas être responsables de la descente de ce club historique.
"Si vraiment on n'avait pas de moyens, on n'aurait
pas recruté en cours de saison."
CDF - Malgré votre budget serré, vous parvenez tout de même à avoir des recrues intéressantes, à l'image de Marie-Charlotte Léger arrivée ce mois de janvier, donc ça prouve aussi que vous faites tout pour vous accrocher ? Mais est-ce que la descente n'est pas irrémédiable malheureusement au vu du budget toujours plus conséquent qu'il faut avoir en D1 ?
S. T. - Ce n'est pas forcément vrai ce que vous dîtes, les moyens on les a, c'est juste que ça n'a peut-être pas été bien utilisés en début de saison. Si vraiment on n'avait pas de moyens, on n'aurait pas recruté en cours de saison.
C'est une histoire de gestion, c'est comme toute entreprise, si on a des milliards et qu'on s'en sert mal, forcément à un moment donné, on se retrouve dans une mauvaise situation.
Oui on n'est pas les plus riches, mais on n'est pas non plus les plus pauvres. Maintenant le nouveau staff est arrivé, à mis d'autres choses en place, fait d'autres choix, penser à d'autres stratégies...
CDF - Dans ton cas personnellement, tu as plus une prédominance en tant que défenseure centrale, alors que Laurent Mortel t'utilises depuis son arrivée au milieu de terrain. Comment tu gères ça ? Tu t'adaptes ?
S. T. - Oui je m'adapte. On va dire que ma formation est plus arrière centrale, j'ai joué une dizaine d'années à ce poste-là, mais depuis 3/4 ans, je suis passée un peu dans l'axe, 6 ou 8, donc je peux jouer les deux [défenseure ou milieu]. Je peux aussi jouer latérale, je m'accommode, je suis un caméléon (rires).
"De toute façon si on n'était pas solidaires aujourd'hui,
je ne vois pas quand est-ce qu'on l'aurait été"
CDF - Milieu ça reste tout de même un poste très différent de défenseure, et j'ai remarqué que ça avait déstabilisé l'équipe adverse, et là vous aviez besoin d'avoir une belle assise derrière en charnière centrale. C'était très important, parce que toi tu as annihilé pas mal d'offensives isséennes ?
S. T. - C'était très très très important [d'être solides défensivement]. On savait que ça allait être la clé de ce match. Si on était solides derrière et qu'on réussissait ne serait-ce qu'à marquer un but, ça allait passer et ça a été le cas.
Après il fallait s'accrocher [au score]. Là vraiment il fallait qu'on soit [costaud]. De toute façon si on n'était pas solidaires aujourd'hui, je ne vois pas quand est-ce qu'on l'aurait été, pour être honnête.
CDF - Au sujet de la pandémie de covid-19 qui touche tout le monde depuis le début de l'année dernière, mentalement, psychologiquement [au-delà du côté financier également]. Comment tu l'as vécu toi personnellement, d'arrêter le foot en mars ? Est-ce que ça a été dur la reprise, la réathlétisation ?
S. T. - Au début quand il y a eu la trêve, honnêtement, je n'ai pas pu faire de sport pendant 1 mois (sourire frustré), ça m'a coupé les jambes, ça m'a un peu déprimé tout cette atmosphère. Ensuite, je ne sais pas, j'ai eu un regain d'énergie, je me suis bien préparée toute seule, j'ai fait des choses que j'avais perdu l'habitude de faire, que je n'avais plus le temps de faire, comme du stretching, un peu de méditation (rires), du gainage, des choses comme ca, et je pense que ça m'a permis de revenir en forme, d'avoir reposé mon corps et mon esprit, d'avoir travaillé autre chose, d'autres aspects.
CDF - Tu étais aide soignante et tu es également maman, ça n'a pas été difficile de gérer par rapport à tout ça justement ?
S. T. - Oui ça fait trois ans que je suis exclusivement sur le football.
Au début [de la pandémie], ça a été compliqué de gérer [mon rôle de maman]. Quand il a fallu dans la première année, trouver l'organisation adéquate, mais maintenant elles ont 4 ans et demi, ça roule, le planning est là, ce n'est pas poids.