Un morceau d'histoire du football féminin s'est achevé avec l'annonce de la retraite internationale de Miraildes Maciel Mota plus connu sous le nom de Formiga (la Fourmi). A 38 ans, elle met un terme à un formidable parcours débuté à 17 ans en 1995, quelques semaines avant la Coupe du Monde en Suède. Depuis elle a connu plus de 150 sélections et pris part à six coupes du monde et autant d'olympiades.

 

Une longévité qui l'a peut-être préservé d'adieux dans l'anonymat. Si elle est l'une des joueuses brésiliennes les plus talentueuses de sa génération, elle est souvent restée dans l'ombre de la superstar Marta. Une équipe brésilienne incarnée par sa géniale numéro 10 qui a remporté plusieurs titres de meilleure joueuse du monde dans les années 2000.

 

Une longévité inégalée au plus haut niveau

Des récompenses individuelles presque en forme de « compensation » pour une Seleçao qui était peut-être l'équipe la plus crainte dans les années 2000, capable sur un match de surclasser n'importe quel adversaire. Devant, l'un des plus beaux duos d'attaquantes avec Marta et Cristiane et au milieu de terrain, une chasseuse de ballons hors-pair en la personne de Formiga.

A l'occasion des derniers Jeux Olympiques disputés au Brésil, le public a pu redécouvrir le talent et l'influence de Formiga malgré ses 38 ans. Infatigable, elle a ratissé un nombre incalculable de ballons tout au long de la compétition pour ensuite lancer dans les meilleures conditions les attaques auriverdes. Une couverture de terrain et une combativité qui défie l'entendement mais qui sont restées tout au long de sa carrière une marque de fabrique de la Fourmi.

Une redécouverte, parce que si Formiga a évolué en Europe et aux États-Unis, elle a passé l'essentiel de sa carrière au Brésil et joué loin du centre actuel de l'attention, en NWSL et en Champions League là où des joueuses comme Marta, Cristiane, Tamires ou Andressa Alves ont l'occasion de s'illustrer. Une expérience brève à Malmö, devenu le FC Rosengard de Marta puis aux États-Unis, notamment dans l'éphémère WPS à la fin des années 2000, avant un retour au Brésil où elle remporte trois Copa Libertadores avec Sao José.

La fin de l'aventure a pourtant été amère. Si la fin de la carrière internationale de Formiga a été officiellement annoncée le week-end dernier à l'occasion de la victoire du Brésil au Tournoi de Manaus, l'apothéose était prévue quelques mois auparavant. Des Jeux Olympiques à domicile qui devait permettre à l'équipe brésilienne de recevoir une première couronne après avoir collectionné les places d'honneurs dans les années 2000. Mais la Suède puis le Canada ont privé Formiga d'une sortie par la grande porte, devant un public brésilien enfin conquis.

 

Les occasions manquées des Auriverdes

Une fin qui résume la trajectoire du Brésil ces quinze dernières années. Des souvenirs lointains, comme cette finale perdue après prolongation aux Jeux Olympiques 2004. Un match resté dans le travers la gorge, une finale que le Brésil « aurait dû » gagner, mais qu'Abby Wambach arrache en prolongation en faveur des États-Unis, selon un scénario resté longtemps une marque de fabrique de l'équipe américaine.

Trois ans plus tard, en demi-finale de la Coupe du Monde 2007, le Brésil de Formiga inflige aux États-Unis la plus lourde défaite de son histoire. 4-0 pour un match resté un cauchemar coté US, et entré dans les annales avec le sublime quatrième but brésilien sur une inspiration de Marta. Un match où Formiga a régné sur le milieu de terrain, subissant les fautes de joueuses adverses dépassées par la qualité technique et la pression constante de l'intraitable numéro 8 brésilienne.

L'ouverture du score, un but contre-son-camp de la tête, c'était sur un corner de Formiga. On la retrouve sur le troisième but signé Cristiane. Bref, sur ce match Formiga était partout et a participé à mettre fin à une série de cinquante et un matches sans défaite de la sélection étasunienne. Mais cette année-là, les Brésiliennes échouent en finale face à l'Allemagne de Brigit Prinz et de l’insubmersible Nadine Angerer.

Cette année-là puis aux JO en 2008, le Brésil joue en Chine un peu comme à la maison. Du moins dans les grands matches, où le public chinois s'est émerveillé des exploits de Marta et compagnie, prenant fait et cause pour la Seleçao. Aux Jeux de 2008, le Brésil retrouve l'Allemagne en demi-finale avec une victoire 4-1. La première victoire de son histoire pour le Brésil face à l'Allemagne et qui met fin à une série de 10 matches d'affilée sans encaisser de buts en grands tournois (Coupe du Monde, J.O) pour Nadine Angerer. Formiga inscrira le premier but brésilien.

 

« C'est le moment de partir »

Mais pour la troisième fois, la finale se termine en défaite pour le Brésil et cette fois-ci c'est une autre « clutch player » (joueuse décisive) américaine qui brise le rêve auriverde, Carli Lloyd buteuse en prolongation. Si ses cinq titres de joueuse FIFA de l'année et ses buts de génie assureront une postérité à Marta, il ne faut pas oublier Formiga. Une joueuse dont le départ ne sera pas facile à combler pour Emily Lima, désormais à la tête de la sélection brésilienne.

Il restera que Formiga s'est imposé comme un modèle de longévité au haut niveau mais aussi comme l'un des meilleurs exemples de « travailleuse de l'ombre ». Que l'on se rassure pourtant, l'avenir du football brésilien ne se fera pourtant pas sans Formiga, elle qui compte continuer à aider la sélection « depuis l'extérieur ».

Hichem Djemai